• Municipales: ce qui devait arriver, arriva!

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    Le panurgisme, la promotion et la dédiabolisation médiatique du FN, la politique d’austérité « soit disant ni droite ni gauche », la suffisance  des satrapes solfériniens, les mauvais choix d’alliances au premier tour faits par une partie du PCF et des Verts, les affaires politico-financières…etc. La liste est longue des raisons qui ont fait du premier tour des élections municipales une pseudo-victoire de l’extrême-droite favorisée aussi par la progression notable de l’abstention. Ce n’est pas la droite qui a conduit les élections municipales au désaveu du pouvoir socialiste mais bien le rejet de l’opposition de gauche par François Hollande et les socio-démocrates libéraux. Ils s’évertuent à faire taire l’aspiration à une politique sociale. Et ce qui devait arriver, arriva dans de nombreuses communes ! Dans une cinquantaine, le Front national a réalisé des scores inespérés.

    Sur le plan local, en dehors des candidats du Front de gauche,  les autres ont évité les débats constructifs pour se livrer à des passes d’armes évitant la mise en cause d'un lien entre leurs programmes creux et les restrictions budgétaires de dotations financières de l'État. Les sortants défendaient leurs bilans attaqués par les autres candidats. Nous avons assisté à la présentation médiatique de matchs entre les personnes, à l’annonce en boucle de la percée annoncée du Front national, promue et espérée sans doute pour tirer profit du vote républicain. Cette stratégie ne marche plus.

    Le Front de gauche a présenté des listes autonomes partout où il en a eu la capacité. A Ajaccio, cela n’a pas été possible. Des accords « d'opposition de gauche» ont pu être passés dans certaines localités avec Europe écologie-les Verts et le NPA. Ces listes ont été étiquetées « Divers gauche » selon les nomenclatures du bidouilleur Manuel Valls. Seules les listes Front de gauche constituées avec le PCF ont été estampillées « Front de gauche ».  Partout, c'est la « division » installée par des sections locales du PCF  qui a retenu l'attention des commentateurs médiatiques. Malgré cela, les listes autonomes ont fait des scores honorables partout où elles étaient présentes. Tout a pourtant été fait pour qu’elles soient inexistantes.

    Même si la droite et l’extrême-droite crient déjà victoire, c’est bien l’abstention qui marque ce premier tour des élections. Toute progression doit être tempérée par l’augmentation des abstentionnistes. Ce ne sont pas les pourcentages qu’il faut regarder mais le nombre de suffrages exprimés. C’est le nombre de leurs électeurs qui mesure l’ampleur des victoires que les uns commentent et les autres revendiquent. Certes le Front national a fait une percée mais elle reste modeste au regard de la promotion médiatique dont il a bénéficié. C’est l’abstention qui mesure la défiance des électeurs de gauche envers un pouvoir socialiste qui les a trompés. Le « tous pourris » et « l’UMPS » touchent la gauche et la droite, en favorisant l’extrême-droite. La faute à qui ? Bien entendu, à tous ces caciques de l’UMP et du PS qui s’incrustent dans la vie politique.

    Le Front national, sous la houlette de Marine Le Pen, a su renouveler son personnel politique, contrairement aux grands partis en place. Le FN a fait un grand ravalement de façade même si l’intérieur a gardé tous ses vieux meubles. Le discours a évolué à 180° et l’idéologie a été rangée dans les arrière-pensées toujours très présentes. Nous assistons ainsi à une évolution paradoxale du paysage politique en France avec un Front national installé dans un discours en partie emprunté à la gauche et un parti socialiste qui a tourné le dos à ce discours jusqu’à le stigmatiser comme étant extrémiste et populiste. Tous les grands partis dits « libéraux » ont opéré un glissement toujours plus à droite. L’UMP a participé à la banalisation des thèmes xénophobes du FN qui se réclame maintenant d’un gaullisme oublié par la Droite.

    Tout le monde sait qu’en période de crise économique, la xénophobie fait recette sur les thèmes de la sécurité et de l’immigration. Le FN a stratégiquement mis au point un jargon social (alors que le parti socialiste a mis de côté son devoir social) pour se démarquer de la Droite dite « républicaine » et récupérer un électorat de gauche parmi les laissés pour compte de la politique d’austérité. L’Islamophobie est aussi un facteur favorisant la montée du FN. Il ne faut pas éluder le fait que l’intégrisme islamiste et les atteintes à la laïcité sont en partie responsables de la montée de cette islamophobie dont les victimes sont des Musulmans français qui, en grande majorité, se sont intégrés malgré toutes les difficultés rencontrées et sans tomber dans le piège religieux des Islamistes.

    Le premier tour des élections municipales n’a finalement apporté aucune surprise. Les résultats étaient prévisibles. Les affaires politico-financières et la politique du gouvernement ont éloigné des urnes un grand nombre d’électeurs mais n’ont pas eu d’impacts personnels sur le plan local car les politiciens concernés y sont de petits barons installés et maintenus par le clientélisme. Dans de nombreuses communes, le FN a surtout bénéficié de la multitude des listes en présence à gauche comme à droite et de l’abstention. Le sentiment d’insécurité a aussi joué dans des communes où l’état de droit n’est plus assuré et où des ghettos communautaires ont été constitués.

    Sur le plan national, ce vote est d’abord un coup de semonce contre la politique d’austérité menée par François hollande et son gouvernement. C’est la politique d’austérité imposée par l’Europe libérale et atlantiste qui est remise en cause. Il est cependant à craindre que François Hollande, dans son autisme politique, ne voit à l’issue de ces élections que le désaveu d’une politique soit disant de gauche, ce qui serait paradoxal si on réalise qu’il mène une politique de droite et qu’il va sans doute l’accentuer. Il faudrait qu’il comprenne que c’est sa politique qui a détourné des électeurs de gauche des urnes et favoriser ainsi les bons scores du Front national. Toutefois il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre. Sans le peuple de gauche, il sera battu par la Droite en 2017.

    En Corse, la situation générale a peu évolué dans les petites communes qui n’ont souvent à voter que pour un seul candidat présent qu’il soit de droite ou de gauche. En outre, de nombreux candidats se présentent sans étiquettes. Dans les deux grandes villes, Ajaccio et Bastia, les deux candidats en tête sont au coude à coude.

    A Bastia, si l’on examine les reports de voix possibles, Jean Zucarelli (Divers Gauche) serait en ballotage plutôt favorable face à l’autonomiste Gilles Simeoni. Ce sont des « fils de » qui s’affrontent avec une nouveauté : le bon score nationaliste. Toutefois, Jean Zucarelli pourrait bénéficier des voix du dissident François Tati si ce dernier fait alliance avec ses 14,65% qui lui permettent cependant d’être présent au deuxième tour dans une triangulaire. Autant dire que ce dernier est en situation de force pour discuter avec Jean Zucarelli. Gilles Simeoni ne dispose mathématiquement pas d’un tel réservoir de voix. Seule la triangulaire ou l’appui de François Tati pourraient lui faire gagner l’élection. 

    A Ajaccio, les choses sont plus compliquées pour le maire sortant Simon Renucci, divers gauche face à l’UMP Laurent Marcangeli, liste Union de la Droite. Simon Renucci ne pourra compter que sur les 900 voix d’Anne-Marie Luciani et les abstentionnistes.  Le FN n’a pas fait de percée et ne sera pas présent au second tour, si ce n’est comme apporteur de voix à la Droite. Laurent Marcangeli pourrait compter aussi sur les voix de Jacques Billard et François Filoni. Joseph Filippi peut se maintenir dans une triangulaire au deuxième tour avec ses 10%. Si ce dernier se retire en faveur de l’un ou l’autre des candidats, il l’avantagera fortement. C’est donc l’homme clé du deuxième tour, pour l’élection du maire d’Ajaccio.

     A Corte, Antoine Sindali, Union de la Droite est élu au premier tour comme Mme Caroline Bartoli, loco son mari inéligible, à Propriano. La prestation télévisée de cette dernière n’a eu aucun effet sur les électeurs. Elle démissionnera prochainement pour laisser le siège à son mari (Divers Gauche) dès qu’il aura purgé son inéligibilité. A Porto-Vecchio, l’UMP Georges Mela frôle l’élection dès le premier tour avec plus de 49% des votes exprimés. A Sartene, Paul Quillichini (Divers Droite) arrive en tête devant le communiste Dominique Bucchini et l’UMP Pierre Versini. Dans le cas d’une triangulaire ou pas, le candidat communiste est en ballotage défavorable. A Calvi, l’UMP Ange Santini est réélu au premier tour. Jean-Joseph Allégrini-Simonetti, UMP, est élu au premier tour à L’île-Rousse.  A Bonifacio, le socialiste Jean-Charles Orsucci est élu au premier tour.

    Pour consulter tous les résultats en Corse, cliquer ICI

    Donc, en Corse, peu de surprise en dehors d’Ajaccio et Bastia. Une satisfaction : le Front national ne s’est pas implanté. Un constat : le fort taux d’abstention. Un suspense : le deuxième tour à Ajaccio et Bastia. 

    Pidone

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