• On change tout maintenant et on fait comme hier?

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    Nous n’aurons pas droit à une nouvelle anaphore présidentielle avant le deuxième tour des élections municipales.  Les promesses passent par des pseudo-indiscrétions comme celle d’une future baisse d’impôts pour les ménages. Le mot « justice sociale » est réapparu dans le discours de la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem. Pendant ce temps, Hollande réunit ses ministres pour leur demander combien d’économies ils proposent pour atteindre le montant global de 50 milliards d’euros afin de présenter un budget conforme aux injonctions de la commission européenne. Il ne se mouille pas avant d’avoir les résultats du deuxième tour des élections. Sans doute compte-t-il encore sur un vote républicain favorisé par les indiscrétions prometteuses distillées par des ministres en sursis. Lui ne promet rien ! Que pourrait-il promettre alors qu’il a résolument mis le cap à droite avec un projet-phare, le pacte de responsabilité. Sans doute n’a-t-il plus les yeux rivés sur la courbe du chômage qui grimpe, qui grimpe, qui grimpe et ne fait plus rire personne même avec des guiliguilis. Le mois de février a battu un nouveau record et, dans toutes les catégories, les chômeurs sont en hausse. En Corse, la hausse globale est de 1,3 à 1,4%, plus forte que la moyenne générale qui est de O, 9%. Le ministre du travail, Michel Sapin,  met cette hausse sur le compte du « pessimisme ambiant ». Ainsi le chômage ne serait pas dû à une croissance insuffisante mais à une déprime collective. Peut-être va-t-il proposer la distribution gratuite d’antidépresseurs car, tout en prenant sa part de responsabilité non définie, il a déclaré que le gouvernement n'allait pas "changer de direction" et qu'il fallait "maintenir le cap". Ce seraient les chiffres qui iraient dans la mauvaise direction, selon lui. "Le navire tangue mais l'équipe est soudée", a-t-il ajouté. La métaphore marine est malvenue avec la montée de la vague bleue et le silence du capitaine de pédalo. Michel Sapin n’en rate pas une et chacune de ses interventions est une lâchée de gaz hilarant qui ne rend pas optimiste.

    Que peut-on espérer lorsque l’on sait déjà ce que fera François Hollande au lendemain des élections municipales. « Quel que soit le Premier ministre au moment d’engager la responsabilité du gouvernement devant le Parlement, cette responsabilité sera engagée devant le Parlement et le Premier ministre la portera. » a déclaré à la presse la porte-parole du gouvernement. L'hypothèse d’un remaniement – et d’un changement de locataire à Matignon – après le second tour des municipales, prend corps. Sur le pacte de responsabilité, le nouveau gouvernement engagera la sienne devant le parlement. Hollande va remanier sans changer de cap. Il va expliquer qu’il y a eu un problème de communication et de timing. Le nouveau gouvernement va mieux expliquer le pacte de responsabilité, l’allongement des annuités de retraite (donc de l’âge), l’augmentation de la TVA, les cadeaux au patronat, les licenciements économiques et plus généralement la politique d’austérité comme seul choix possible. Il va vouloir accélérer sa politique libérale en choisissant sans doute un premier ministre classé plus à droite que Jean-Marc Ayrault comme Manuel Valls dont le nom est avancé ou bien un Claude Bartolone tout aussi à droite mais cela se voit moins.

    Se pose l’incertitude de la présence des Verts au gouvernement. On peut penser que, ayant la majorité au parlement, Hollande et les Solfériniens pourraient décider de s’en passer. Lorsque l’on relève les exhortations récentes de Barak Obama pour que les pays européens exploitent le gaz de schiste, l’idée peut avoir germé si on tient compte de l’affaire ukrainienne et des tensions diplomatiques avec la Russie, grand  fournisseur de gaz naturel. Le débat n’est pas clos chez les Socialistes et nous savons d’expérience que François Hollande est un habitué de la volte-face. La recherche de techniques de forage alternatives continue et Hollande a dit qu'il "prendrait ses responsabilités" si une nouvelle technologie apparaissait. Cette "ambiguïté permanente", pointée par l'ex-ministre de l'Écologie Delphine Batho, a déjà donné des gages à tous ceux qui estiment que la France n'avait pas les moyens de se passer des gaz de schiste. Arnaud Montebourg s'est déclaré, à titre personnel, favorable à une exploitation "écologique" des gaz de schiste par une compagnie publique. Suite à ces propos, Jean-Marc Ayrault a assuré qu'il était "exclu d'exploiter des gaz de schiste en France" et que "cette position serait évidemment maintenue". Sur ce dossier comme sur d'autres, a-t-il ajouté, "il n'y a qu'une politique au gouvernement". Un changement de Premier ministre pourrait donc remettre en question cette politique qui excluait l’exploitation du gaz de schiste si aucun écologiste d’EELV n’est présent après un remaniement ministériel. C’est un scénario plausible car, le 12 mars dernier, le Parlement européen de Strasbourg a acté une nouvelle fois sa soumission aux lobbys pétroliers et gaziers. Avec les voix du Parti Socialiste Européen et en particulier celles des socialistes français, le rapport Zanoni a été adopté. Au lieu d'interdire l'extraction du gaz de schiste, ce rapport la soumet à une étude obligatoire d'impact environnementalAinsi, au terme d’un semblant de négociation, la commission environnement du Parlement européen a cédé face au lobby pétrolier et à la commission européenne et refusé toute législation contraignante imposée à l’exploitation des gaz de schiste. Pourtant, en plus d’avoir des conséquences environnementales désastreuses connues et liées à leur exploitation, les gaz et pétroles de schistes sont incompatibles avec les objectifs fixés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

    Nous ne voulons pas participer au pessimisme ambiant évoqué par le ministre du travail mais nous craignons que les résultats des élections municipales soient utilisés à l’inverse de ce qu’elles signifient dès le premier tour. Quel que soit le deuxième tour, les carottes sont cuites. Au lieu de mettre le cap à gauche et d’annoncer enfin des mesures de justice sociale en rupture avec la politique d’austérité imposée par Bruxelles, François Hollande va vouloir accentuer sa politique libérale et même se débarrasser des écologistes. Le mépris et les attaques dont fait l’objet Jean-Luc Mélenchon concernent tout le Front de gauche. Les Solfériniens, malgré des déclarations anti-FN de certains, ont préféré promouvoir l’extrême-droite à des fins électorales et veulent étouffer le Front de gauche, en minimisant son impact électoral et l’ampleur des revendications sociales. Les manœuvres agressives et le mépris affiché  envers le Front de gauche ne présagent rien de positif.

    Pourtant les résultats catastrophiques sont là. Les premiers cadeaux faits au patronat n’ont pas inversé la courbe du chômage. La politique d’austérité porte atteinte au pouvoir d’achat et au marché intérieur. C’est sans doute pour cela que François Hollande, comme son prédécesseur, joue le VRP du patronat auprès des Chinois. Il espère relancer la croissance par son pacte de compétitivité baptisé « pacte de responsabilité » pour une communication trompeuse. En fait il singe l’Allemagne de Gerhard Shröder et d’Angela Merkel qui ont imposé des sacrifices aux Allemands pour développer l’exportation au détriment du progrès social. Hollande a ainsi accepté de déréglementer le code du travail et de soumettre la France à ceux qui mettent en place le dumping social à l’échelle mondiale. Il espérait, selon la théorie de cycles économiques, obtenir une inversion de la courbe du chômage tout en poursuivant une politique libérale dont on entrevoit pourtant les dangers à long terme chaque fois qu’une crise financière jette des peuples dans la misère. N’oublions pas que des technocrates nous préparent un grand marché transatlantique entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Ce n’est pas François Hollande qui va s’y opposer. Même s’il fait mine de servir à la carte, il ne propose qu’un seul menu : la précarité et le chômage endémique au peuple, les restrictions budgétaires pour le service public afin que l’économie libérale enrichisse toujours davantage les riches.

    Dès lors, comment changerait-il de cap à mi-mandat ? Que peut-il faire d’autre que poursuivre sa fuite en avant ? Finalement que veut-il faire d’autre qu’il n’ait pas déjà fait ? On souhaiterait bien être surpris par François Hollande mais il est devenu tellement prévisible. Avec lui, on change tout maintenant et on fait comme hier sans se soucier du lendemain collectif.

    Par les temps qui courent, il faut être un bon maire avant d’être socialiste pour être réélu. Il paraît que, lorsqu’on reçoit une gifle sur la joue gauche, il faut tendre la droite. Après le deuxième tour des Municipales, est-ce que deux gifles électorales suffiront ? Pas sûr.

    Est-ce que Gérard Filoche, socialiste de gauche (ou rabatteur de voix?), sera écouté dans ce qu’il a dit hier à Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV ? Son message au président : "François Hollande, il faut faire la politique que tu as appelé à faire quand tu as été candidat. Il faut redistribuer !". Il ajoutait : « Il faut qu’on réoriente notre politique. Il ne faut pas continuer à dire qu’on va prendre 50 milliards sur les dépenses publiques, prendre 35 milliards sur les allocations familiales, qu’on va rétablir les équilibres budgétaires en prenant sur les petits pour donner aux gros. Il faut prendre aux gros pour donner aux petits». Sera-t-il entendu ? Pas sûr.

    Fucone

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