• Pas de valse en Corse...

    valss_lantivy

    « Je fais de la politique, je suis ambitieux (…) Si, demain, on me proposait d'autres responsabilités, je les assumerais, bien évidemment. J'ai toujours pensé que j'avais la capacité d'assumer les plus hautes responsabilités de mon pays», a assuré récemment Manuel Valls ce qui lui a valu une réponse à distance de François Hollande : « Quant à Manuel Valls, il fait du bon travail et il sait que c'est toujours le président de la République qui décide.»

    Le Ministre de l’Intérieur n’est pas le premier des Ministres de l’Intérieur à penser à la présidence de la République pas seulement en se rasant… Ce n’est pas le premier non plus à venir en Corse jouer le grand républicain. Après avoir dit et répété que la violence était enraciné dans la culture corse, il s’est exprimé sur la coofficialité de la langue corse votée par l’Assemblée de Corse : «Il y a une langue dans la République c'est le Français, c'est inscrit au cœur de la Constitution, on ne peut pas détricoter la République". "Le français n'est pas négociable, la République et ses valeurs ne sont pas négociables…  Depuis la loi portée par Lionel Jospin, la République a donné sa place à la langue corse et l'a reconnue. Mais il n'y a qu'une langue de la République, c'est le français. Il n'est pas concevable qu'il y ait sur une partie du territoire, une 2e langue officielle…. La pratique de la langue corse va au-delà de l'attachement affectif que les insulaires ont pour leur langue. Il s'agit de l'avenir de l'identité culturelle insulaire… Et le gouvernement y est bien entendu attaché… L'Assemblée de Corse est habilitée à faire des propositions d'évolution législative au gouvernement… Ce statut de coofficialité va cependant au-delà d'une modification du cadre législatif, car il concerne aussi des dispositions constitutionnelles." 

    « 15 personnalités sont protégées dans l’île, dont 8 par le service de protection des hautes personnalités », du fait de menaces.   Si le Ministre de l’Intérieur veut mettre le feu aux poudres en Corse, il s’y prend comme il le faudrait. Après avoir déclenché de vives protestations contre  ses propos pour la violence, il est venu provoquer les Nationalistes sur le sujet de la coofficialité. La réplique nationaliste d’abord verbale est arrivée : le FNLC menace de perpétrer de nouveaux attentats et a publié un communiqué. « Soit l'Etat français prend la mesure de l'effet désastreux de sa gestion de la Corse depuis deux siècles et demi et il en tire toutes les conséquences, soit il poursuit son rôle actif dans la destruction de notre peuple, et dans ce cas, nous reprendrons les armes pour que la France reconnaisse nos droits nationaux » a prévenu le mouvement clandestin. Pour lire le communiqué cliquer ICI.

    Manuel Valls a averti : « Il y a des forces qui ne souhaitent pas que l’Etat et la Collectivité réussissent (…) Nous ne nous laisserons jamais impressionner par les menaces. Il n’y aura jamais la moindre négociation, la moindre évolution sous le diktat des menaces et des bombes ». Il aurait pu simplement soulever le problème constitutionnel. Il a préféré se positionner en défenseur de la République dont il veut être président. Curieuse façon de venir régler les problèmes d’ordre public en Corse. Non seulement il est incapable de régler la violence de droit commun mais il attise à nouveau les braises de la violence politique.  Dominique Bucchini, président de l’assemblée de la Corse et de la commission sur la violence, s’est exprimé sur le site CorseNet.com ICI.

    En ce qui concerne l’avenir institutionnel de la Corse, Manuel Valls a dit : « La commission des affaires réglementaires et législatives (de l'Assemblé de Corse, ndlr) présidée par Pierre Chaubon, que j'estime, réfléchit sur l'évolution institutionnelle de la Corse. Le gouvernement s'exprimera quand il sera saisi des propositions que lui fera l'Assemblée de Corse". Le rapport cité propose une plus grande autonomie législative notamment dans les domaines foncier et de la fiscalité.

    Pour le foncier, à quel padduc  la Corses sera-t-elle mangée ? Pour la fiscalité, cette éventuelle autonomie sera-t-elle faite pour diminuer la solidarité nationale ? Le ministre de l'Intérieur a signé la troisième tranche de 537 millions d'euros du plan exceptionnel d'investissement pour l'île.

    Nous trouvons son discours  un peu fort du café. Il est venu faire son tour de Valls à trois temps : Veni, vidi, bibi[1]…  Il a bu un café en terrasse  face au Palais Lantivy. Il est venu en Astérix rêvant d’être César.  Même si c’est Paris qui bat la mesure, les Corses pratiquent davantage le chant que la danse. Contrairement aux naufragés du Titanic, ils ne sont pas enclins à valser pendant que le bateau sombre. La Corse est en perdition culturelle, économique et sociale. Dominique Bucchini relève que « Nous sommes la région la plus précaire de France, ex-aequo avec la région PACA, et la plus inégalitaire, ex-aequo avec la région Ile de France, comme s’il y avait en Corse des Neuilly, des 8ème ou 16ème arrondissements ! Mieux : il y a quelques années, 272 personnes payaient l’ISF (Impôt sur la fortune) en Corse, elles sont, aujourd’hui 2200 ! Ce qui montre bien qu’il y a, ici, comme ailleurs, dans le système dans lequel nous vivons, une minorité de gens qui s’enrichissent, même avec les deniers publics ». Strada facendo ! Aiutati chì t’aiuteraghju !

    Grugnone



    [1]En général, Goscinny utilise les deux premiers termes de la situation, « veni vidi », en latin ou en français au sens propre, et adapte le troisième à la situation…

    – Les Gaulois sont venus, ils ont vu et ils ont emporté Caligula Minus ! Marcus Sacapus, Astérix le Gaulois

    – Veni, vidi, et je n'en crois pas mes yeux ! César, Astérix gladiateur

    – Rendre compte ? Mais nous n'y sommes pas allés et nous n'avons rien vu ! Et puis Jules César a dit...  Je ne sais pas ce que Jules César a dit, mais ne pas y aller et ne pas voir, c'est le meilleur moyen de ne pas être vaincus ! Olibrius, Astérix et les Normands

    – Veni, vidi et j'ai compris. César, Le bouclier arverne

    – Alors, veni, vidi, vici encore un coup par Jupiter ?  Pas encore vici, hélas, pas tout à fait vici... César, Astérix en Hispanie

    – Nous aurons, non seulement veni et vidi, mais nous aurons vraiment vici, en plus ! Anglaigus, Le domaine des dieux

    – Je ne veux pas en venir ; je te l'ai déjà dit : je suis venu et j'ai vaincu Saugrenus, Obélix et compagnie

     

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