• Pour un renouveau et le développement de l'agriculture corse

    L’agriculture corse, un enjeu pour notre Avenir en commun

    Les comités de la Corse insoumise et Manca alternativa ont organisé un débat sur le thème :"Agriculture biologique et paysanne", le 6 décembre 2016, au Locu teatrale, à Ajaccio. Une idée force est apparue. L'agriculture en Corse n'est pas morte. Elle a de l'avenir à condition d'en changer les modèles de développement et de fournir toutes les aides idoines. Le débat engagé n'est pas clos. Plusieurs contributions nous sont parvenues. Nous les publierons toutes. Nous débutons avec la contribution de Philippe Ollandini.

    "En Corse l’agriculture n’est pas seulement une activité économique, dont l’impact en termes de PIB et d’emploi reste faible, elle appartient aussi à l’histoire de notre île et, si nous nous en donnons les moyens, elle constitue notre Avenir en commun.

    Une agriculture familiale et diversifiée, mais en situation précaire

    Depuis les années 1960, l’agriculture corse a profondément évoluée, contrainte d'abandonner un modèle d’agriculture vivrière, voire autarcique, basée sur la polyculture et l'élevage et mobilisant l'essentiel des membres des communautés rurales au sein d'un environnement systématiquement mis en valeur. Incité par les pouvoirs publics à intégrer un modèle économique importé, le paysan corse a cependant maintenu une agriculture de type familial (3/4 de l'emploi agricole) et orientée vers des productions diversifiées tant en productions animales, qu'en productions végétales.

    Cependant, le nombre de fermes diminue constamment (4800 en 1990 et 2600 en 2015), en particulier les plus petites, et l'âge moyen des paysans augmente (48 ans en moyenne). Ceci traduit un faible renouvellement générationnel résultant généralement d'une viabilité incertaine des petites fermes, en particulier en élevage extensif, mais aussi de couts de reprise parfois élevés, deux raisons qui peuvent en outre s'accompagner d'un taux d'endettement structurels élevé ou d'outils de production obsolètes dû à un faible investissement.

    Une agriculture à double visage

    La dichotomie plaine-montagne qui a influencé l’histoire de l’île apparaît encore comme un facteur déterminant dans la dualité de l’agriculture corse contemporaine entre :

    – une agriculture dite traditionnelle, surtout présente dans l’intérieur de l’île depuis lequel elle alimente essentiellement le marché local, et axée à la fois sur les productions animales (élevages bovins, caprins, ovins et porcins, aviculture, apiculture) et sur l’arboriculture traditionnelle (castanéiculture, oléiculture), productions majoritairement de type extensif et souvent transformées, voire commercialisées, dans les fermes,

    – une agriculture dite moderne, axée sur les productions végétales (viticulture, agrumiculture, arboriculture fruitière, céréaliculture, maraîchage), produites dans un cadre plus intensif en surface et en emploi, destinées au marché concurrentiel, et pour certaines à l’exportation, et essentiellement développée en bordure des zones littorales.

    En outre, si les productions animales permettent de dégager un revenu viable (> 1 SMIC), assez constant, elles restent tributaires des soutiens financiers (PAC) et de la présence ou non d'un atelier de transformation. Les productions végétales, soumises à des contraintes climatiques ou sanitaires plus fréquentes, n'assurent pas toujours un revenu constant, celui-ci reposant sur le seul volume de production.

    Un défi à relever, celle d'une agriculture paysanne et écologique, créatrice de revenu et d'emploi et promesse d'une alimentation saine et locale

    Quelle que soit la nature des productions, le renouvellement générationnel et la formation initiale et continue, la garantie de l'accès à la terre et au financement de l'outil de production, la répartition de la valeur ajoutée au sein des filière, l'organisation des producteurs et des réseaux d'appui à la transition énergétique, le développement d'activités diversifiées, le développement de l'agriculture biologique, la souveraineté alimentaire doivent être déclarés cause d'intérêt général humain pour la Corse.

    Ce défi peut être relevé en s'appuyant sur les dispositifs existants et en les renforçant afin, notamment, de :

    - préserver les terres agricoles afin de garantir l'installation des jeunes (office foncier, PADDUC, pôle bancaire public, …),

    - conforter les fermes en augmentant la valeur ajoutée de leur production et en développant les débouchés locaux (signe de qualité, AB, coopératives de transformation, marchés de producteurs, épiceries solidaires, restauration collective, …).

    - développer l'innovation et d'organiser la transition écologique de l'agriculture en renforçant l'enseignement supérieur agricole et la formation continue (service public de remplacement, …)."

    Philippe Ollandini

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