• Pour une révolution citoyenne, ne pas s'abstenir!

    « O love! O life! Not life but love in death (O amour ! O vie ! Non la vie mais l'amour dans la mort). Cette phrase de Shakespeare dans la bouche de Paris[1]prend une autre résonance dans le contexte politique actuel en réponse au terrorisme. La violence est-elle la bonne réponse à l’oppression ? La question se pose dans diverses régions du monde. Elle s’est posée tout au long de l’Histoire du monde. Elle est tranchée par une vision manichéenne selon laquelle les bons sont tantôt au pouvoir tantôt dans l’opposition à l’oppression. Il faudrait alors se mettre d’accord sur une définition de la violence supportable et de la violence insupportable. Le monde a connu et connaît des révoltes. Nous n’avons pas oublié la période appelée « le printemps arabe ». Des peuples se soulèvent contre des dictateurs. L’actualité révolutionnaire s’est déplacée en Syrie, Turquie, en Ukraine... Tous les révoltés tiennent le même langage : plutôt mourir que vivre soumis à des dictatures, plutôt mourir que laisser nos enfants vivre cette soumission. Cette révolte pousse au sacrifice et au terrorisme. Lorsque l’on laisse un peuple sombrer dans le désespoir, c’est le terrorisme qui monte en puissance. Inspirés par ces aviateurs japonais formés pour précipiter de façon suicidaire leurs avions sur les navires de guerre américains, des groupes islamistes djihadistes envoient des kamikazes fanatisés se faire exploser pour tuer un maximum de gens. Peu importe qu’il y ait des enfants, disent-ils, car on tue les nôtres. Le point de départ d’une révolution est toujours l’étouffement d’un peuple par le pouvoir qu’il soit colonial ou une dictature.

    La pièce « Les Justes » écrite par Albert Camus est basée sur des faits historiques réels : le 17 février 1905, le groupe terroriste des socialistes révolutionnaires (Organisation de combat des SR). C'est d'après un événement lié à la révolution de 1905 qu'Albert Camus a fait un drame en cinq actes : l’attentat contre le Grand Duc. L’un des personnages Stephen dit : « Je n'aime pas la vie mais la justice qui est au-dessus de la vie. »  Cette phrase fait écho à celle de Shakespeare. C’est cet idéal de justice qui pousse des révoltés au terrorisme considéré comme un acte d’amour dans la mort. Bien sûr Albert Camus met en scène la violence non pas pour l’approuver mais pour l’empêcher. Dora met en garde Kaliayev : lorsqu’il lancera la bombe il aura en face de lui non une fonction mais un être humain. Kaliayev lui  rétorque que la haine le guidera, ne voyant ainsi non le Grand-duc en tant qu’homme mais en tant que despote. Camus donne une vision romantique du terroriste, comme si une révolution est l’affaire d’un individu, poète de surcroit.  La morale est sauve : Yaneck Kaliayev ne jette pas la bombe car deux enfants se tenaient à côté du Grand Duc. Il est ensuite arrêté. Stephen lui reproche d’avoir fait échoué l’attentat en ces termes : « Des enfants ! Vous n’avez que ce mot à la bouche ! Vous ne comprenez donc rien ? Parce que Yaneck n’a pas tué ces deux-là, des milliers d’enfants russes mourront de faim pendant des années ? Avez-vous vu des enfants mourir de faim ? Moi oui ! ». Pour Dora, la mort d’un enfant est  le geste face auquel l’action révolutionnaire perd toute dignité s’il est perpétré. 

    Il ne s’agit pas ici de justifier ou de condamner les attentats terroristes, d’oublier toutes les victimes innocentes qui chaque jour sont tués, martyrisées… terrorisées. Toutefois, le manichéisme est la solution de facilité pour juger des actions désespérées lorsqu’elles sont collectives. Sous l’occupation allemande, les résistants étaient poursuivis et exécutés comme des terroristes. Des dictateurs désignent comme terroristes leurs opposants. Des révoltes ont été conduites avec succès lors du printemps arabe et le pouvoir a parfois changé de mains pour devenir plus féroce que l’ancien. En Syrie, en Lybie, en Egypte… des révoltés se retrouvent entre deux feux diaboliques, la dictature et les Djihadistes.

    Au lieu de condamner simplement les soulèvements et le terrorisme, il faut toujours rappeler la violence économique. La violence la plus significative, c’est la violence historique où les Hommes deviennent victimes d’une non - maîtrise des conditions de leur existence. Or comme l’histoire montre que l’Homme peut acquérir cette maîtrise, il n’est pas totalement utopique d’affirmer qu’il pourrait arriver, par la connaissance des causes, à une suppression relative de la violence. L’humanisme doit avoir d’autres issues que la mort.

    Condamner le terrorisme et ne rien faire contre la désespérance n’a jamais résolu à long terme la question de la violence révolutionnaire qui reste le dernier recours contre la violence d’Etat. Dans les pays démocratiques, une révolution citoyenne est encore possible par les urnes. Il s’agit de placer l’humain d’abord pour éviter la désespérance et le recours à la violence qui devient « love in  death », amour dans la mort. La paix sociale ne se décrète pas, elle exige la justice sociale, plus d’égalité et plus de liberté. C’est en allant dans cette voie que l’on obtient plus de fraternité. O love ! O life !...

    Une démocratie dans laquelle le taux d’abstentions augmente considérablement à chaque élection est une démocratie malade : des citoyens ne croient plus aux partis politiques pendant que d’autres se radicalisent. Le Front de gauche propose une révolution citoyenne en France pour reprendre le pouvoir à l'oligarchie, au monarque présidentiel, et à l'argent roi. Pour chambouler notre société immobile et prendre la maîtrise de nos conditions d’existence, il faut refuser la soumission mortifère à une politique ultralibérale et antisociale. L’abstention est une fuite en avant lorsqu’une véritable alternative se présente. Le refus de se soumettre commence par un bulletin de vote à chaque élection pour éviter le désespoir et le recours toujours possible à la violence lorsqu’il sera trop tard pour réagir légalement et pacifiquement contre   « les amis de l'argent, non seulement ce Président et son gouvernement, mais aussi toute l'oligarchie : les patrons hors de prix, les sorciers du fric qui transforment tout ce qui est humain en marchandise, les financiers qui vampirisent les entreprises, les barons des médias qui ont effacé des écrans le peuple» (Extrait de la présentation de l'ouvrage "Qu'ils s'en aillent tous!" écrit par J.L Mélenchon).

    La-boîte-de-Pandore1

    L’abstention est une réponse individualiste et non constructive à des questions collectives. Non seulement elle ne résout rien mais elle laisse le champ libre à des pseudo-majorités dont le pouvoir est disproportionné au regard de leur peu de légitimité par les urnes. L’abstentionnisme laisse la France dans le conservatisme et l’immobilisme, tout en fragilisant la démocratie. On ne peut plus jouer le Ponce Pilate. Demain, la droite et l’extrême-droite pourraient accéder à nouveau aux commandes de l’Etat grâce à 60% d’abstentions. Pour sortir la Gauche du libéralisme et la France de la politique d’austérité où Hollande et les Solfériniens enlisent le parti-socialiste et ses alliés, le Front de gauche est la seule alternative citoyenne crédible.

    Partout où cela est possible, des listes « Front de gauche » seront présentes aux élections municipales. Le Front de gauche sera représenté aux élections européennes qui seront la véritable occasion pour chacun de manifester l’espoir d’un changement radical de politique. Prière de ne pas s’abstenir !

    Pidone


    [1] Roméo et Juliette, Acte ‘, scène 5

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