• Que faire maintenant ?

     

    La lutte continue

     

     

    Les militants d’Inseme a manca se sont réunis samedi 1er juin, à la Ccas Porticcio. Au menu : le résultat des élections européennes et la question de la langue corse. L’atmosphère n’était pas au beau fixe. Toutefois aucun des intervenants au cours d’un long débat n’a pas manifesté l’intention de se retirer sur l’Aventin ou encore de se consacrer définitivement à cultiver son jardin et de renoncer à la lutte contre le système capitaliste, source de bien de maux dont souffrent non seulement la France, la Corse, mais également l’ensemble ou presque de la planète.

    La  deuxième partie du débat consacrée à la langue corse fera l’objet d’un autre article.

    Donc, les élections européennes se sont tenues le 26 mai. D’emblée et sans chercher à minimiser les résultats ou à se chercher de bonnes excuses, ces élections ont été très mauvaises, voire catastrophiques pour tous ceux qui se réclament de la gauche authentique. Cette gauche a presque touché le fond. Elle semble être atteinte de ce qu’on pourrait appeler le syndrome italien, c’est-à-dire un mal qui a contribué à éliminer, à effacer toute trace d’organisation, chez nos cousins transalpins, qui se bat pour un vrai changement.

    Voyons les résultats de ces élections.

    Le Rassemblement national en tête

    Le Rassemblement national arrive en tête avec 23,4% des suffrages exprimés. Il  ne progresse pas en pourcentage par rapport à 2014, mais gagne tout de même près de 500.000 voix. C’est beaucoup et inquiétant pour un parti qui prône en permanence la guerre entre pauvres, cultive la haine et le racisme. Plusieurs études sociologiques montrent que le Rassemblement national a réussi à fidéliser un grand nombre d’ouvriers et d’employés, ceux-là même dont les intérêts sont totalement en contradiction avec les idées défendues par ce même parti, sur le plan social et économique ! Il faudra tôt ou tard réfléchir sur les causes profondes qui ont poussé des millions de travailleurs à se jeter dans les bras d’un parti fasciste.

    Le parti macronien, quant à lui, est en deuxième position, avec 22,6% des suffrages exprimés. Il n’a pas gagné son pari, celui d’arriver en tête, malgré une campagne, relayée abondamment par tous les media, axée exclusivement sur le thème : C’est nous, les progressistes ou eux les nationalistes, les populistes. Et d’appeler au vote utile.

    Macron continue malgré son score

    Le pouvoir macronien a-t-il été ébranlé par le résultat des élections européennes ? Il semblerait que non, si on en croit les déclarations du président de la République et de divers membres du gouvernement. Tous ont confirmé leur volonté de mener à bien les futures contre-réformes (assurance chômage, fonction publique, ventes de nouveaux bijoux de famille, retraite, etc.).

    Les républicains s’effondrent. Une partie de ses électeurs traditionnels ont rejoint les troupes de la macronie, une autre partie s’est acoquinée avec le Rassemblement national. On ne pleurera pas sur le sort de ce parti qui a tant fait de mal à la grande majorité du pays, pendant de trop nombreuses années.

    Les seuls vrais gagnants de ces élections, du moins en apparence, ce sont les Verts. Ceux-ci ont été capables d’attirer une bonne partie de la jeunesse, sensible aux problèmes du changement climatique. Faut-il s’en réjouir ? Les déclarations d'Yannick Jadot devraient nous rendre circonspects. La tête de liste de l’Eelv a tout simplement affiché au soir des résultats son ambition : les écologistes seront le pivot d’un nouveau rassemblement, sur la base de leurs propositions ! Une nouvelle tendance à l’hégémonie aurait la prétention d’en remplacer une autre ? La question mérite d’être posée.

    La liste du Parti socialiste, cornaquée par Raphaël Glucksmann, homme au parcours sinueux, n’a pas réussi son sursaut. Il sauve les meubles, avec 6,19% des suffrages exprimés. Il paie son double langage et son exercice du pouvoir sous l’ère Hollande, au service du Capital.

    Venons-en à la partie la plus douloureuse du débat.

    Un mouvement gazeux en question

    La France insoumise connaît une chute brutale par rapport à l’élection présidentielle et même législatives. Son étiage : 6,4% des suffrages exprimées. 1.428.486 voix contre 7.059.951 en mai 2017. On peut parler d’une sévère déconvenue, prévisible, selon plusieurs intervenants. Les causes sont multiples. Le mouvement gazeux qu’est devenu la France insoumise a connu plusieurs erreurs de parcours au cours des deux dernières années. Jean-Luc Mélenchon, qui avait fait une campagne remarquable et collective lors des présidentielles, laquelle campagne avait soulevé beaucoup d’espoir à gauche, s’est enfermé dans une gestion césarienne du mouvement. Il a sans doute oublié les mots célèbres de l’Internationale : Ni Dieu, ni César, ni Tribun. Il a contribué ainsi à éloigner de nombreux militants et électeurs de la France insoumise. Certains sont partis dans des conditions inacceptables. A ce propos, il a été rappelé un événement qui a marqué la préparation des élections régionales en Corse, fin 2017. La Corse insoumise proposait de constituer une large liste d’union, avec des syndicalistes, des membres d’associations, des communistes, des insoumis, clairement identifiés à gauche, sans compromission, ni tambouille. Refus de Mélenchon qui a même poussé la chansonnette en traitant de bras cassés, de manipulateurs et d’imposteurs les insoumis corses. Traitement particulièrement élégant pour des militants qui avaient mouillé sérieusement leurs chemises pendant les campagnes présidentielles et législatives. Comme remerciement, on ne fait pas mieux. Mélenchon s’est même payé le luxe de soutenir les nationalistes corses pour les régionales de 2017 ! Etrange comportement pour quelqu’un qui se prononçait, il n’y a pas si longtemps, pour l’unité indéfectible du pays. Résultat des courses, la gauche n’a pas de représentants à l’Assemblée territoriale. Un petit détail. Les nationalistes corses n'ont pas renvoyé l’ascenseur à la France insoumise lors des élections européennes. Mieux, ils ont appelé à voter pour la liste écologiste. La liste France insoumise s’est retrouvée quant à elle avec un modeste 3%. Moralité de toute cette affaire : on ne peut pas « fédérer le peuple » en faisant le vide autour de soi. Un vrai changement ne sera possible qu’à une seule condition : unir tous ceux qui y aspirent et mais dans la diversité. La seule hégémonie qui compte, c’est l’hégémonie culturelle, celle de la lutte contre le capitalisme.

    Un Parti communiste à l’agonie ?

    Quant au Parti communiste, malgré une campagne active, dynamique, basée sur la renaissance, il a connu ses déboires les plus importants depuis des décennies : 2,49% des suffrages exprimées. Qu’est donc devenu le grand Parti communiste de la Résistance, de la Libération et des trente glorieuses ? Ce déclin, probablement inexorable, est dû à plusieurs causes : La nature et l'échec du régime soviétique, la fidélité sans faille du Parti communiste français à l’égard du PCUS, l’absence d’analyse de cet échec, la coupure avec les « masses populaires », accentuée après 1981, avec l’entrée des communistes au gouvernement socialiste, une politique d’alliance à géométrie variable, certaines compromissions avec des pseudo organisations de gauche, en particulier en Corse, etc.

    L’abstention demeure le premier parti

    Reste à parler de l’abstention.

    Quoi qu’en disent les media, le parti macronien et bien d’autres le grand vainqueur des élections européennes, c’est bien l’abstention (49,27%), même si on a assisté à une participation plus importante qu’en 2014, plus 8%. Avec les votes blanc et nul, on arrive à 51,58%. Ce n’est pas rien. Qui n’a pas voté ? Les déçus de la politique politicienne, les déçus de la gauche. Il faut avouer qu’il a de quoi. Ca a démarré après le tournant de 1983. L’ère Hollande ou au plan régional l’ère Giacobbi, par exemple, ont fait le reste. Et c’est toute la gauche qui a été discréditée, sans nuance. D’autres n’ont pas voté également, des gilets jaunes, des militants de gauche, de la France insoumise et même d’Inseme a manca parce que l’offre politique n’était pas à la hauteur des enjeux.

    Que faire ?

    Au-delà du constat et d’un début d’explication sur la nature des votes et de l’effacement de la gauche se pose la question : Que faire maintenant ?

    En tous cas, ne pas reproduire les erreurs du passé. Réhabiliter les vraies valeurs de la gauche : solidarité, biens communs, justice sociale, internationalisme et bien d’autres. L’échec du Front de gauche doit nous éclairer. Il n’est plus possible de reproduire l’Union de la gauche, union ou coalition de partis ou d’appareils dont la préoccupation principale  était de réaliser des ententes bassement électoralistes, où les uns cherchaient à assurer leur hégémonie sur les autres. Une union qui a surtout servi au Parti socialiste de mener des politiques néolibérales. N’a-t-on pas autant privatisé de biens communs que sous la gouvernance de Jospin ? Dans ce genre d’union, peu de places étaient réservées à la base, à ceux qui travaillent et créent des richesses. De même, il n’est plus possible de se contenter d’un mouvement gazeux, de type vertical, sans échelon intermédiaire. Un mouvement sans lien avec le terrain, le local, l’entreprise, avec des militants dont le seul objet est de distribuer des tracts concoctés au plus niveau.

    C’est un nouveau mode d’organisation, plus horizontal, plus large qu’il faut mettre en place. En introduisant par exemple une dose d’autogestion. Peut-être que le mouvement des gilets jaunes pourrait nous donner quelques éléments de réflexion ?

    Le débat est ouvert.

     

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