• Quel devoir de mémoire?

    monticello004

    Que représente la guerre de 14/18 ? Des millions de morts, un premier génocide, celui des Arméniens en Turquie, l’’enrichissement des marchands de canons, les destructions, les privations… Il suffit d’aller lire les noms et les âges de morts pour la France (du moins on le leur a fait croire) pour comprendre l’ampleur de la tragédie qu’a été cette guerre mondiale. En Corse qui n’a pas eu un grand-père tué ou disparu ? Le 11 novembre 1918, c’était la signature de l’armistice. Combien ne sont jamais revenus ? Combien ont été marqués dans leur chair et dans leur esprit. Elle devait être la der des ders… et puis il y a eu le nazisme en Allemagne et le fascisme en Italie. Qui a financé la montée des barbares en Allemagne et en Italie ? On commémore l’armistice mais il n’a pas empêché une autre guerre. Que reste-t-il de la deuxième guerre mondiale ? Le nazisme et le fascisme ont toujours des activistes un peu partout dans le monde. Les nationalismes s’exacerbent. Des conflits éclatent un peu partout ou sont larvés.

    Alors, déposer une gerbe sur la tombe du soldat inconnu et organiser des commémorations, c’est un devoir de mémoire pour les morts. C’est aussi l’occasion de dénoncer les marchands de canons, les chefs militaires et tous les complots géopolitiques qui envoient au casse-pipe de la chair à canon. Les morts méritent tout le respect qu’on leur doit mais ce respect ne se limite pas à des simagrées pour flatter le patriotisme. Le respect implique de tirer les leçons de l’histoire, de dire la vérité historique pour que des millions de vies voilées n’aient pas été inutiles.

    François Hollande a rendu hommage aux morts de la guerre 14/18 en y associant les soldats français morts dans des conflits actuels loin de la France. Sont-ils morts pour de bonnes raisons humanitaires ? La question est difficile à trancher lorsque l’on nous montre les exactions commises par des terroristes islamiques. Toutefois, les raisons humanitaires ne doivent pas cacher les intérêts en jeu et les responsabilités anciennes lorsqu’il s’agit d’anciennes colonies. Bien sûr, les responsables ne sont pas nos gouvernants contemporains et les soldats envoyés dans ces contrées lointaines, mais l’on constate que l’action dite humanitaire est d’autant plus vite déclenchée quand des intérêts économiques sont à défendre. Cette action semble le prolongement d’une néo-colonisation à laquelle on a même donné un nom : la Françafrique.

    Le patriotisme est un sentiment légitime, mais l’usage politique qui en est fait soulève des questions qu’il serait bon de se poser à chaque commémoration de guerres dont on ne semble tirer aucune leçon. Le 11 novembre, n'est pas un jour de fête mais jour de deuil. Demain sera un autre jour et des ombres des morts devraient surgir quelques lumières si tant est qu’on mesure la vérité historique et sociale des grandes tragédies. C’est cela le devoir de mémoire et non pas un roulement de tambour et le son d’une trompette devant le drapeau tricolore.

    En Corse les guerres de 14/18 et de 39/40 sont aussi nos guerres car nous y avons laissé un très grand nombre de nos aïeux traités comme des sous-citoyens. Par contre les raisons de ces guerres ne sont pas les nôtres, comme elles ne sont pas celles de tous les soldats morts au combat. Ils ne sont pas tous des soldats inconnus. Alors je vais en citer un parmi les autres : Pierre-Laurent Fabiani de Monticellu, Soldat au 42ème Régiment d'Infanterie Coloniale (42RIC). Mort pour la France (des suites de ses blessures), en Serbie, en 1917. Il avait 30 ans et laissait une femme et deux fillettes, l’une âgée de deux ans et l’autre qu’il n’a pas eu le temps de voir naître. Il est mort après une permission et, malgré la demande de son épouse, n’a pas voulu déserter, comme un de ses voisins, pour ne pas déshonorer sa famille. Il travaillait sur les bateaux des Messageries maritimes.  Des histoires, comme celle-là, il y en a d’autres et ce ne sont pas celles d’un soldat sans nom, sans métier, sans généalogie, sans descendance et sans racine. Cene sont pas des abstractions symboliques. C’est à lui tout particulièrement que nous pensons tous les 11 novembre et non pas à l’armistice, car il fait partie de la foule de ceux qui ne sont pas revenus. Il fait partie des victimes des marchands de canons et des bellicistes. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Monticellu et il repose au carré militaire du cimetière Siant-Pierre à Marseille.  

    Matteu d'Aïtone

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