• Qui va monter sur le pédalo?

    retropédalo

    « Certains changent de conviction pour leur parti, moi je change de parti pour  mes convictions ». Cette phrase est de Winston Churchill et inspire déjà des socialistes. D’autres suivront car la social-démocratie de François Hollande apparaît chaque jour comme une soumission au patronat et à la Finance. Des bruits de remaniement ministériel courent. Il s’agirait de faire endosser les mauvais sondages à Jean-Marc Ayrault et peut-être aussi les futures défaites électorales qui s’annoncent pour les prochaines Municipales. Pour les Européennes, François Hollande et les Solfériniens doivent penser que les bons scores du FN annoncés feront jouer le vote utile.

    Hier, sur Europe N°1, Yann Galut, député socialiste du Cher et co-auteur avec la Gauche Forte du "guide anti-FN" expliquait qu’il faut montrer « la dangerosité des solutions que propose le FN, en matière économique ». Il faisait allusion à la proposition de sortir de la zone euro avec un retour au franc. L’abandon de l’euro, personne y croit vraiment et ce qui fait peur aux Français, c’est l’austérité, la récession et au bout de nouvelles crises. C’est aussi le grand marché transatlantique et la déréglementation du travail ; c’est le dumping social. C’est la misère comme prix à payer au capitalisme. Pour montrer la dangerosité des propositions économiques du FN, faudrait-il démontrer la volonté d’aller vers une Europe des peuples et non pas de la Finance. Il faudrait donc d’abord que François Hollande propose une autre vision de l’Europe que celle imposée par la Troïka. Il ne faudrait pas qu’il laisse croire aux Français que le Front national serait plus à gauche que le chef de l’Etat et son gouvernement. Il ne faudrait pas que le parti « anti-immigration et basé uniquement sur la protection » inspire un ministre de l’Intérieur socialiste qui, comme ses prédécesseurs de droite, manque de lisibilité notamment sur la politique d’immigration. Il ne faudrait pas faire croire que le FN a fait sa mutation avec Marine Le Pen et s’étonner que ce parti xénophobe monte dans les sondages.

    François Hollande nous propose quoi ? Il s’apprêterait à remercier Jean-Marc Ayrault de ses 2 ans de bon soldat. Pour le remplacer, on ne ferait pas appel à Manuel Valls jugé « trop clivant » ni à Michel Sapin trop près du Président, ni à Martine Aubry trop « radicale ». Laurent Fabius a réagi : "On parle de remaniement périodiquement. C'est la décision du chef de l'État, et puis voilà. Il n'y a pas d'autre commentaire à faire"-  avant d’ajouter : "Le jour où il y aura une évolution, a-t-il néanmoins ajouté, je pense qu'il faut une équipe très ramassée et en particulier que pour tout le secteur de l'économie et des finances, pour ce grand ministère, il faut une équipe très resserrée". Ce serait une offre de service pour le grand ministère, qu’on ne s’en étonnerait pas.  Il faut bien se placer « au cas où ». Ce n’est pas lui qui tient le bon bout pour la place de premier ministre car c’est le nom le plus cité est celui du président de l’Assemblée nationale : Claude Bartolone. Ce dernier s’est illustré pour quelques ruades sans conséquences. Il s’est fait remarquer par sa liberté de parole sur l'action gouvernementale en critiquant précocement l'objet d'une convergence absolue à 3 % de déficit, en critiquant les mesures prévues sur la publicité du patrimoine des parlementaires, en participant en juin 2013 à la rencontre du club de parlementaires socialistes « La Gauche Populaire » qui propose de réorienter l'Europe « au service de la croissance et de l'emploi » et en étant l'invité du turbulent ministre Arnaud Montebourg à la Fête de la rose de Frangy-en-Bresse le 18 août 2013.

    Pour l’essentiel et sur le fond, ce baron socialiste (ou un autre) approuvera la politique menée par François Hollande. Il n’y aura pas de changement de cap mais il aura la charge de mener à son terme le pacte de responsabilité. Dès son intronisation, il nous dira que pour redresser la situation de l'emploi, il faut baisser les charges, faire des économies, redynamiser l'investissement, la compétitivité, l'attractivité, la sobriété budgétaire.

    Pour François Hollande, Claude Bartolone serait un choix de tacticien en direction de l’aile gauche du PS sans effaroucher la droite.  En 2005, l’actuel président de l’Assemblée nationale, alors fabiusien, s’est prononcé pour le « non » au référendum sur le Traité constitutionnel européen. Il fut membre de l'équipe du « Pacte Présidentiel » de la campagne de Ségolène Royal lors de l'élection présidentielle française de 2007 et également responsable d'un des principaux courants du Parti socialiste en France, Rassembler à Gauche, pôle de la gauche socialiste et fabiusienne animé avec des personnalités telles qu'Alain Vidalies ou Marie-Noëlle Lienemann. Lors du Congrès de Reims du PS en 2008, il est l'un des principaux soutiens de la candidature de Martine Aubry, qui devient la nouvelle première secrétaire du PS.

    Nous ne résistons pas au plaisir de vous livrer une de ses citations profondes sorties par notre Premier ministre putatif « L'avenir appartient aux défricheurs de l'avenir». Depuis le temps qu’il fait de la politique, il ferait plutôt partie du passé. Il faut dire que la citation date de 1994. Trente ans déjà, le défricheur commence à être défraichi.

    Changement de premier ministre ? La rumeur s’enfle donc depuis hier. Le capitaine de pédalo a-t-il besoin de nouvelles jambes pour garder son cap ? François Hollande doit connaître la citation de Winston Churchill mais il préfère suivre le courant libéral de la Troïka. Il nous semble l’entendre : «  Le parti socialiste a un passé de conviction, ce ne sont pas les miennes alors je change le parti » et puis «  On veut que je change de cap alors je change de Premier ministre pour garder le même cap».

    Changement de premier ministre ? Le changement, c’est maintenant. On se souvient du slogan de la campagne électorale des Présidentielles. Le mot « changement » doit avoir un sens particulier chez François Hollande. Il doit être un élève d’Héraclite d’Ephèse qui a dit : « Rien n'est permanent, sauf le changement. » A moins qu’il ne soit adepte de Bouddha à qui on attribue : « Il n’existe rien de constant si ce n’est le changement ». Ou alors, lorsqu’il par le changement, il ne s’agit que des personnes. Il a remplacé Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Peut-être que Claude Bartolone remplacera Jean-Marc Ayrault à Matignon. Qui remplacera Claude Bartolone au perchoir de l’hémicycle ? Tout cela ressemble à un ballet de chaises musicales. La musique reste la même comme sortie d’un vieux disque rayé…

    Paroles et paroles et paroles et toujours les mêmes maux d’une France entre la peste brune et le choléra libéral.

    Pidone

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