• Qui voit l'île de Sein...

    Hollamlet

    Un proverbe breton dit «  Qui voit l’île de sein, voit sa fin ». François Hollande a choisi d’aller dans ce lieu de naufrages le jour de la fin du premier gouvernement Valls. Trempé et les lunettes embuées, il a fait un discours sous une pluie battante, comme sous une tempête. Il commémore encore et encore, pendant que des ministres vont être passés par-dessus bord pour mutinerie ! Ils ont osé demander tout haut un changement de cap. Hollande et Valls veulent un nouvel équipage soumis à la politique de l’offre, au libre échange et à l’austérité. Au-delà de cette péripétie, on sait que le changement n’interviendra plus. Cette tempête dans un verre d’eau, au-delà du cap maintenu, est une première péripétie de la future campagne des présidentielles. Hollande garde sa stratégie en pensant qu’une amélioration de la situation économique le sauvera. Il s’est mis dans les rails économiques de Sarkozy et de Merkel. Parmi ceux que l’on appelle les frondeurs du PS, certains préparent leurs candidatures et misent sur un échec de la politique économique menée en réclamant une autre politique que le Front de gauche a réclamée dès le début du quinquennat. Ces frondeurs ont jusque là suivi le cap du capitaine de pédalo et ont même participé au gouvernement Valls. Ils ont pour la plupart voté toutes les propositions de lois des gouvernements socialistes successifs, tout en se plaignant aujourd’hui de n’avoir pu infléchir la politique d’austérité qu’il dénonce plus fortement aujourd’hui. Montebourg, Hamon et Filippetti libèrent trois postes de ministres.

    Que va-t-il se passer sur le plan politique ? Hollande et Valls vont choisir aujourd’hui les contours d’un nouveau gouvernement. La première hypothèse est celle d’un effectif réduit et soumis à une stricte réserve. Le seconde est plus tactique et se résume à vouloir diviser les frondeurs pour régner. Pour cela, il suffit de faire entrer au gouvernement des frondeurs socialistes modérés et un écologiste qui n’attend que cela, Jean-Vincent Placé. C’est le sénateur qui ne paie pas ses contraventions et a omis des actions dans une société dans sa déclaration de patrimoine. Il se pourrait que l’on aille aussi chercher parmi les amis de François Hollande, comme le grand patron Louis Gallois, auteur du rapport sur la compétitivité, placé chez PSA Peugeot pour contribuer à la relance de l’entreprise.

    Nous verrons si le nouveau gouvernement voit son prochain budget rejeté, ce qui signifierait qu’il n’a plus de majorité. Il est fort probable que les frondeurs n’iront pas jusque là car la question de la dissolution des l’assemblée nationale se poserait avec une crise institutionnelle.

    A l'Assemblée nationale, le groupe PS et apparentés compte 290 députés, celui du PRG et apparentés, 15. La majorité absolue est de 289. Cette crise politique semble entretenir les doutes sur la pérennité d'une majorité acquise à Hollande et Valls, qui a déjà déploré jusqu'à 41 défections parmi les parlementaires socialistes sur le programme d'économies présenté en avril dernier. Toutefois, on peut s’interroger sur cette nouvelle tempête et qui a intérêt à jouer le Méphisto : Montebourg, Valls ou Hollande ? Hollande a confié la barre à Valls pour maintenir le cap libéral de l’austérité en pensant peut-être garder à l’œil sur un rival tout en profitant de sa popularité à droite. Toutefois il n’a fait qu’accentuer la confusion parmi les socialistes. De son côté, Valls compte sur le poste de Premier ministre pour être présidentiable mais il lui faut partager l’impopularité de Hollande et sa propre impopularité à gauche. Comme prévu, Montebourg s’est positionné comme un candidat aux primaires, persuadé que François Hollande ne se représentera pas. Il compte sur l’appui des frondeurs.

    Quel constat faire ? Après le virage de Mitterrand en 1983, la gauche s’est divisée et la division n’a fait que s’accentuer. Il y a maintenant un parti socialiste aux mains de libéraux et une gauche radicale qui refuse la soumission à la politique de l’offre et du libre échange qui conduit à faire supporter les crises aux salariés du secteur public et aux fonctionnaires soumis à l’austérité. Cette fracture a été immédiatement assumée par ceux qui ont rejoint le Front de gauche et l’actualité politique leur donne raison là où d’autres ont préféré accompagner une politique contraire aux idéaux de la Gauche et du socialisme. La nomination de Manuel Valls au poste de Premier ministre a confirmé que le changement proposé par Hollande lors de sa campagne électorale n’était qu’une promesse électorale qu’il ne tiendra plus. Seule une forte opposition de gauche au sein du PS aurait pu le forcer à changer de cap et elle ne pouvait être efficace qu’à l’Assemblée nationale. Tous ceux qui lui ont apporté leurs soutiens sont responsables de la politique antisociale qui ne fait qu’aggraver la situation économique et plomber la croissance, sans résorber le chômage.

    La majorité présidentielle a fonctionné jusqu’à présent, malgré les rodomontades de quelques uns. Les dernières élections n’ont eu aucun effet si ce n’est celui (contraire aux aspirations du peuple de gauche) de propulser Manuel Valls Premier ministre. François Hollande n’entend plus les voix de ses électeurs. Il est entré dans un autisme politique irréversible. Il répète comme un leitmotiv «  Je ne changerai pas de cap ». Il pense toujours que la situation économique va s’améliorer et que des courbes et des indices vont sauver son quinquennat. L’humanisme, il ne le montre que pour les commémorations. Il n’a de compassion que pour les morts qui lui donnent l’occasion de faire de beaux discours.

    Hier Montebourg a fait une déclaration en fustigeant la politique économique et sociale du gouvernement. Filipetti avait adressé une lettre de démission. Hamon s’explique sans vouloir de rupture avec les Solfériniens. Tous trois ne font que reprendre ce que le Front de gauche répète depuis deux ans et qui est qualifié d’extrémisme de gauche alors que cela répond simplement aux idéaux d’une politique sincèrement à gauche.  On découvre aujourd’hui que l’austérité plombe la croissance. On trouve injuste que ce sont les salariés qui aient payé la crise et à qui on fait payer la sortie de crise. Autant de vérités que le Front de gauche ne cesse de dénoncer, comme il ne cesse de demander une sixième république.

    Après Sarkozy, la présidence de François Hollande repose le problème de la constitution de la 5ème république qui a donné trop d’importance aux élections présidentielles. La démocratie est entrée en déliquescence et une grande partie des électeurs ne se déplacent plus pour les autres élections. En 2017, ils en feront de même et la France pourrait avoir un nouveau président élu avec moins d’un quart des inscrits. Déjà nous avons des présidents élus par défaut : on vote en France davantage contre un candidat que pour un programme. Et les programmes électoraux deviennent des publicités mensongères ! Il est temps de réclamer une Sixième république qui redonne le pouvoir au peuple et ne le remet pas entre les mains d’une seule personne dont l’élection repose aussi sur les financements des campagnes, les lobbies et les scandales.

    Un nouveau gouvernement va être connu dans la journée. Quoi de neuf ? Rien ! Taubira, après de fausses rumeurs de départ, s’accroche à son ministère. Benoît Hamon aurait bien voulu conserver le sien. Des noms circulent. Sapin, Fabius et Cazeneuve restent à leur poste. Finalement, il n’y a que trois portefeuilles à redistribuer. Le numéro un de FO, Jean-Claude Mailly, souhaite que figure un "ministre chargé de l'Industrie" dans le nouveau gouvernement Valls pour "poursuivre les travaux" entamés par Arnaud Montebourg. Demain, au conseil des Ministres, tout le monde fera bonne figure et la langue de bois sera la règle.

    Hollande est revenu de l’île de Sein où il a beaucoup plu… Non ! Ce n’est pas Hollande qui a beaucoup plu au public présent mais simplement une constatation météorologique qui l’a fait se mouiller. Ce président semble avoir la phobie du parapluie pourtant prisé dans l’administration. Il faut dire qu’au poste de président, il n’en a métaphoriquement plus besoin, sauf sous la pluie mais il croit toujours au beau temps même dans la tempête. Alors la pluie, il l’ignore comme s’il ne s’agissait que des pleurs de ses électeurs. Cet homme n’a aucune sensibilité et surtout pas celle de gauche.

    Ce soir, nous aurons la liste des promus mais le changement n’est ni pour maintenant ni pour demain.

    Fucone

         

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