• L'urgence du débat de fond

     

    Accepter le débat d’idées, les réflexions stratégiques, la critique, pour mieux continuer la lutte. L’urgence est là, plus que jamais, pour se donner les moyens de construire sur le long terme et de réussir. Par Roger Martelli.

    « Je ne comprends pas l’opposition du populisme et de la gauche »nous dit François Ruffin. Le temps n’est pas de discuter, mais d’agir, ajoute-t-il. Même son de cloche chez Manon Aubry. « Il faut sortir des débats théoriques politiciens »assène-t-elle, tandis que d’autres continuent de vitupérer la « tambouille ». « Théorique » égale « politicien » : circulez, il n’y a rien à penser. Le problème est que ce coup-là a déjà utilisé et qu’il a été chèrement payé.

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     « Il y a une nécessité pressante de débats à gauche, une volonté aussi »

    Après chaque échec, la tentation existe de refuser le débat et de s’abîmer dans l’action. Le PCF l’a fait longtemps après 1978. Il a brocardé les critiques, dénoncé les « bavardages » et opposé la lutte à la réflexion. On sait ce qui lui est arrivé au bout du compte. La méthode est commode : elle évite d’interroger les stratégies, de mettre en question les directions et de rassurer le corps militant. L’action, plutôt que la discussion… Naguère, on disait qu’il ne fallait pas désespérer Billancourt. Hélas, Billancourt a peut-être été rassuré, mais la forteresse ouvrière n’existe plus. La méthode peut réussir à protéger temporairement les directions et à maintenir l’ordre dans les organisations. À terme, elle est calamiteuse pour les organisations elles-mêmes.

    Que le combat ne doive pas cesser, contre tout ce qui tire la société vers le bas va de soi. Mais comment ne pas se demander pourquoi la lutte ne réussit pas, ou en tout cas n’y parvient pas assez ? Continuer comme si de rien n’était, en craignant de remettre en cause l’existant, revient à courir le risque de reproduire à l’infini les mécanismes politiques de l’échec.

    Demain ne suffit

    On vient une fois de plus de constater que la mobilisation sociale ne suffit pas, que le mouvement des gilets jaunes, par exemple, n’a pas fait progresser le parti-pris de l’émancipation – c’est le moins qu’on puisse dire ! –, qu’il ne suffit pas d’additionner les journées de lutte et de manifestations. Mais on va seulement poursuivre dans la même direction, avec l’espoir que, un jour ou l’autre, la mayonnaise va pren

    pasdre et que « cela va finir par péter » ?

    Si l’expérience récente peut nous éclairer, c’est sur le fait que la lutte nécessaire ne débouche sur rien, si elle ne se raccorde pas à de la perspective politique attractive. Qu’il ne suffit pas de combattre, si l’on ne sait pas très bien comment remplacer ce dont on ne veut plus. Attiser les feux contre le seul Macron, vitupérer la caste, l’élite en soi : en pratique, cela a conduit au renforcement du Rassemblement national. Le « référendum anti-Macron » n’a pas promu Manon mais Marine ! L’idée a été lancée et portée notamment par François Ruffin et soutenue tout au long de la campagne.

    Il devrait savoir pourtant que la colère sans espérance ne nourrit pas la combativité mais le ressentiment et que celui-ci porte vers le pire. Mieux vaut se convaincre aujourd’hui que la haine des dominants ne conduit pas nécessairement à la conscience du système qui produit la domination. Parce qu’à contourner la question des causes profondes de tous nos maux, on laisse libre cours à la polarisation sur les boucs émissaires plus que sur les responsables véritables. L’esprit de lutte a besoin de lucidité critique ; laissons donc la haine à l’extrême droite.

    Quand on n’a pas de pétrole...

    Mettons de côté les intellectuels discoureurs, les coupeurs de cheveux en quatre ? Vieux discours, inefficace et, de fait, meurtrier pour la cause que l’on défend. Toute lutte relève de la pratique, mais l’ivresse de l’action peut conduire à l’inconscience et à la défaite. Les dieux rendent fous ceux qu’ils veulent perdre, disait le Grec Sophocle, il y a bien des siècles.

    Il avait raison. Ne renonçons donc pas au débat raisonné sur la stratégie, sur les idées motrices et sur les méthodes : ce n’est pas perdre du temps ; ce n’est pas se résigner à l’inaction. C’est se donner au contraire les moyens pour construire sur le long terme et pour réussir.

    Roger Martelli

    Directeur de Regards.fr

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  •  Non à la liquidation de nos biens communs

    Non à la privatisation des aéroports de Paris

     

    Pour le référendum : signons !

    Depuis ce jeudi 13 mai est engagée la première manche qui peut nous conduire à signifier un carton rouge à Macron et à son monde. Bien sûr ce n'est pas un référendum d'initiative citoyenne (RIC), mais à ce stade cela y ressemble et la revendication portée par les Gilets jaunes y a sans aucun doute beaucoup contribué. Bien sûr, la proposition de loi est également portée par des parlementaires LR et PS. Mais le fait de rassembler plus de 4,7 millions de citoyens sera une victoire que nous pourrons revendiquer. Car, au-delà de celui-ci, qui concerne le maintien dans le giron public de l'exploitation des aéroports de Paris, c'est d'abord la question de nos biens communs qui est posée et l'oligarchie en a bien conscience et va s'y opposer de toutes ses forces. C'est ainsi un formidable pari sur l'avenir : l'avenir que nous refusons, l'avenir que nous désirons et gagner ce pari est à portée de nos mains et pour commencer de la signature du soutien à la proposition de loi. N'hésitez pas bien sûr à relayer l'information, à convaincre vos proches, amis et collègues de l'importance du soutien. Restez à l'écoute des actions qui pourrons être engagées et participez-y (collectifs, conférences, actions de visibilité, points signature, actions vers les mairies et les associations...).

    Pour accéder au formulaire de soutien : 

    : https://www.referendum.interieur.gouv.fr/soutien/etape-1

    Le remplissage prend 2 minutes (se munir au préalable de sa carte d'électeur, de sa CNI ou de son passeport), les noms propres des communes prennent une majuscule (avec l'accent si besoin) et conservent leur(s) tiré(s). Voir le tutoriel fait par le site Osons Causer :

     

     https://www.facebook.com/osonscauser/

    Inseme à manca

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    La lutte continue

     

     

    Les militants d’Inseme a manca se sont réunis samedi 1er juin, à la Ccas Porticcio. Au menu : le résultat des élections européennes et la question de la langue corse. L’atmosphère n’était pas au beau fixe. Toutefois aucun des intervenants au cours d’un long débat n’a pas manifesté l’intention de se retirer sur l’Aventin ou encore de se consacrer définitivement à cultiver son jardin et de renoncer à la lutte contre le système capitaliste, source de bien de maux dont souffrent non seulement la France, la Corse, mais également l’ensemble ou presque de la planète.

    La  deuxième partie du débat consacrée à la langue corse fera l’objet d’un autre article.

    Donc, les élections européennes se sont tenues le 26 mai. D’emblée et sans chercher à minimiser les résultats ou à se chercher de bonnes excuses, ces élections ont été très mauvaises, voire catastrophiques pour tous ceux qui se réclament de la gauche authentique. Cette gauche a presque touché le fond. Elle semble être atteinte de ce qu’on pourrait appeler le syndrome italien, c’est-à-dire un mal qui a contribué à éliminer, à effacer toute trace d’organisation, chez nos cousins transalpins, qui se bat pour un vrai changement.

    Voyons les résultats de ces élections.

    Le Rassemblement national en tête

    Le Rassemblement national arrive en tête avec 23,4% des suffrages exprimés. Il  ne progresse pas en pourcentage par rapport à 2014, mais gagne tout de même près de 500.000 voix. C’est beaucoup et inquiétant pour un parti qui prône en permanence la guerre entre pauvres, cultive la haine et le racisme. Plusieurs études sociologiques montrent que le Rassemblement national a réussi à fidéliser un grand nombre d’ouvriers et d’employés, ceux-là même dont les intérêts sont totalement en contradiction avec les idées défendues par ce même parti, sur le plan social et économique ! Il faudra tôt ou tard réfléchir sur les causes profondes qui ont poussé des millions de travailleurs à se jeter dans les bras d’un parti fasciste.

    Le parti macronien, quant à lui, est en deuxième position, avec 22,6% des suffrages exprimés. Il n’a pas gagné son pari, celui d’arriver en tête, malgré une campagne, relayée abondamment par tous les media, axée exclusivement sur le thème : C’est nous, les progressistes ou eux les nationalistes, les populistes. Et d’appeler au vote utile.

    Macron continue malgré son score

    Le pouvoir macronien a-t-il été ébranlé par le résultat des élections européennes ? Il semblerait que non, si on en croit les déclarations du président de la République et de divers membres du gouvernement. Tous ont confirmé leur volonté de mener à bien les futures contre-réformes (assurance chômage, fonction publique, ventes de nouveaux bijoux de famille, retraite, etc.).

    Les républicains s’effondrent. Une partie de ses électeurs traditionnels ont rejoint les troupes de la macronie, une autre partie s’est acoquinée avec le Rassemblement national. On ne pleurera pas sur le sort de ce parti qui a tant fait de mal à la grande majorité du pays, pendant de trop nombreuses années.

    Les seuls vrais gagnants de ces élections, du moins en apparence, ce sont les Verts. Ceux-ci ont été capables d’attirer une bonne partie de la jeunesse, sensible aux problèmes du changement climatique. Faut-il s’en réjouir ? Les déclarations d'Yannick Jadot devraient nous rendre circonspects. La tête de liste de l’Eelv a tout simplement affiché au soir des résultats son ambition : les écologistes seront le pivot d’un nouveau rassemblement, sur la base de leurs propositions ! Une nouvelle tendance à l’hégémonie aurait la prétention d’en remplacer une autre ? La question mérite d’être posée.

    La liste du Parti socialiste, cornaquée par Raphaël Glucksmann, homme au parcours sinueux, n’a pas réussi son sursaut. Il sauve les meubles, avec 6,19% des suffrages exprimés. Il paie son double langage et son exercice du pouvoir sous l’ère Hollande, au service du Capital.

    Venons-en à la partie la plus douloureuse du débat.

    Un mouvement gazeux en question

    La France insoumise connaît une chute brutale par rapport à l’élection présidentielle et même législatives. Son étiage : 6,4% des suffrages exprimées. 1.428.486 voix contre 7.059.951 en mai 2017. On peut parler d’une sévère déconvenue, prévisible, selon plusieurs intervenants. Les causes sont multiples. Le mouvement gazeux qu’est devenu la France insoumise a connu plusieurs erreurs de parcours au cours des deux dernières années. Jean-Luc Mélenchon, qui avait fait une campagne remarquable et collective lors des présidentielles, laquelle campagne avait soulevé beaucoup d’espoir à gauche, s’est enfermé dans une gestion césarienne du mouvement. Il a sans doute oublié les mots célèbres de l’Internationale : Ni Dieu, ni César, ni Tribun. Il a contribué ainsi à éloigner de nombreux militants et électeurs de la France insoumise. Certains sont partis dans des conditions inacceptables. A ce propos, il a été rappelé un événement qui a marqué la préparation des élections régionales en Corse, fin 2017. La Corse insoumise proposait de constituer une large liste d’union, avec des syndicalistes, des membres d’associations, des communistes, des insoumis, clairement identifiés à gauche, sans compromission, ni tambouille. Refus de Mélenchon qui a même poussé la chansonnette en traitant de bras cassés, de manipulateurs et d’imposteurs les insoumis corses. Traitement particulièrement élégant pour des militants qui avaient mouillé sérieusement leurs chemises pendant les campagnes présidentielles et législatives. Comme remerciement, on ne fait pas mieux. Mélenchon s’est même payé le luxe de soutenir les nationalistes corses pour les régionales de 2017 ! Etrange comportement pour quelqu’un qui se prononçait, il n’y a pas si longtemps, pour l’unité indéfectible du pays. Résultat des courses, la gauche n’a pas de représentants à l’Assemblée territoriale. Un petit détail. Les nationalistes corses n'ont pas renvoyé l’ascenseur à la France insoumise lors des élections européennes. Mieux, ils ont appelé à voter pour la liste écologiste. La liste France insoumise s’est retrouvée quant à elle avec un modeste 3%. Moralité de toute cette affaire : on ne peut pas « fédérer le peuple » en faisant le vide autour de soi. Un vrai changement ne sera possible qu’à une seule condition : unir tous ceux qui y aspirent et mais dans la diversité. La seule hégémonie qui compte, c’est l’hégémonie culturelle, celle de la lutte contre le capitalisme.

    Un Parti communiste à l’agonie ?

    Quant au Parti communiste, malgré une campagne active, dynamique, basée sur la renaissance, il a connu ses déboires les plus importants depuis des décennies : 2,49% des suffrages exprimées. Qu’est donc devenu le grand Parti communiste de la Résistance, de la Libération et des trente glorieuses ? Ce déclin, probablement inexorable, est dû à plusieurs causes : La nature et l'échec du régime soviétique, la fidélité sans faille du Parti communiste français à l’égard du PCUS, l’absence d’analyse de cet échec, la coupure avec les « masses populaires », accentuée après 1981, avec l’entrée des communistes au gouvernement socialiste, une politique d’alliance à géométrie variable, certaines compromissions avec des pseudo organisations de gauche, en particulier en Corse, etc.

    L’abstention demeure le premier parti

    Reste à parler de l’abstention.

    Quoi qu’en disent les media, le parti macronien et bien d’autres le grand vainqueur des élections européennes, c’est bien l’abstention (49,27%), même si on a assisté à une participation plus importante qu’en 2014, plus 8%. Avec les votes blanc et nul, on arrive à 51,58%. Ce n’est pas rien. Qui n’a pas voté ? Les déçus de la politique politicienne, les déçus de la gauche. Il faut avouer qu’il a de quoi. Ca a démarré après le tournant de 1983. L’ère Hollande ou au plan régional l’ère Giacobbi, par exemple, ont fait le reste. Et c’est toute la gauche qui a été discréditée, sans nuance. D’autres n’ont pas voté également, des gilets jaunes, des militants de gauche, de la France insoumise et même d’Inseme a manca parce que l’offre politique n’était pas à la hauteur des enjeux.

    Que faire ?

    Au-delà du constat et d’un début d’explication sur la nature des votes et de l’effacement de la gauche se pose la question : Que faire maintenant ?

    En tous cas, ne pas reproduire les erreurs du passé. Réhabiliter les vraies valeurs de la gauche : solidarité, biens communs, justice sociale, internationalisme et bien d’autres. L’échec du Front de gauche doit nous éclairer. Il n’est plus possible de reproduire l’Union de la gauche, union ou coalition de partis ou d’appareils dont la préoccupation principale  était de réaliser des ententes bassement électoralistes, où les uns cherchaient à assurer leur hégémonie sur les autres. Une union qui a surtout servi au Parti socialiste de mener des politiques néolibérales. N’a-t-on pas autant privatisé de biens communs que sous la gouvernance de Jospin ? Dans ce genre d’union, peu de places étaient réservées à la base, à ceux qui travaillent et créent des richesses. De même, il n’est plus possible de se contenter d’un mouvement gazeux, de type vertical, sans échelon intermédiaire. Un mouvement sans lien avec le terrain, le local, l’entreprise, avec des militants dont le seul objet est de distribuer des tracts concoctés au plus niveau.

    C’est un nouveau mode d’organisation, plus horizontal, plus large qu’il faut mettre en place. En introduisant par exemple une dose d’autogestion. Peut-être que le mouvement des gilets jaunes pourrait nous donner quelques éléments de réflexion ?

    Le débat est ouvert.

     

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    Point de vue sur la situation politique

     

    Il est nécessaire à la veille de cette élection à la députation européenne, d’analyser la situation politique de notre pays dans le prisme du combat de gauche à travers les enjeux à venir, mais avant tout en tirant les enseignements du passé. 

    L’adage « d’où parles-tu camarade ? » est inévitable, de quelle gauche parle-t-on et finalement, qu’est-ce la gauche au XXIème siècle ? Le terme gauche résonne dans mes propos comme une force de progrès tant d’un point de vue social qu’écologique, mais ce progrès nécessite de barrer complètement à tribord le navire, c’est-à-dire qu’un changement radical est nécessaire : un changement de système. C’est la remise en cause du capitalisme, système où domine le pouvoir de l’argent sur celui de l’être vivant, y compris la nature. 

    La question de la violence parmi les moyens employés afin de changer de système n’est, à mon sens, plus d’actualité. En effet je crois en la révolution citoyenne, thématique qui a émergé au début des années 2000 en Équateur : il s’agissait d’abord d’un slogan de Rafael Correa (ex-Président de l’Equateur). Cette thématique est apparue centrale dans le processus de conquête du pouvoir, il s’agit d’opérer une véritable révolution en possédant pour unique arme le savoir et la réflexion collective comme réponse aux problèmes politiques. Jean-Luc Mélenchon déclarait en 2010 "La révolution citoyenne, c'est une révolution dans les têtes et dans les coeurs et pas seulement dans le quotidien de la lutte sociale et politique." Ainsi, le pouvoir s’obtiendrait par un processus de politisation, de conscientisation et de réflexion débouchant à une alternative par les urnes. 

    Point historique sur la gauche 

    La gauche qui était hier le camp de la lutte pour les travailleurs à travers les différentes conquêtes pour les congés payés, pour la diminution du temps de travail hebdomadaire à 39h puis 35h. En effet l’être humain doit aussi s’épanouir plutôt que de vivre en esclave pour satisfaire aux exigences de production. 

    La gauche est le camp de la dignité en accordant aux plus faibles d’entre nous des prestations leurs permettant de vivre décemment, cela nous rappellent que la France est une République Sociale comme cela est consacré par l’article 1er de notre Constitution. La gauche c’est également la sécurité sociale en 1946. Il faut rappeler le poids de la gauche dans l’histoire à l’heure où les partis de gouvernement s’inquiètent davantage pour la situation économique des plus riches que pour les conditions dans lesquelles vivent les plus pauvres.

    Voilà des décennies que la gauche, celle comme définie précédemment, n’est plus en mesure de mener le front et de faire changer de cap pour diverses raisons que je vais évoquer rapidement. Il y a d’abord eu le Parti Socialiste qui, en 1983 épouse l’économie de marché et par conséquent ne remettait plus en cause le système capitaliste, on parle aujourd’hui du « tournant de la rigueur ». 

    En 1989, le 9 novembre très exactement, le mur de Berlin s’effondre, l’on découvre officiellement la réalité de la vie à Berlin Est. Dès lors, l’URSS se verra décrédibiliser en Occident jusqu’à sa chute, ceux qui rêvaient alors de l’idéologie communiste se voyaient salis par ce qui était fait en son nom. Coup dur pour la gauche de transformation sociale en France, en Europe plus globalement. Le Parti Socialiste a largement contribué à l’échec de la gauche, lui qui pendant des années à gouverner en France : des mairies, des régions, des départements... Tout n’est pas à jeter évidemment, mais si la gauche est à la plage qu’elle occupe aujourd’hui c’est surtout car elle n’a pas été à la hauteur des espérances. 

    D’une phase de conquête sociale au XXème siècle, survint alors une phase de défense sociale : les mouvements sociaux concentrent leurs forces à défendre les droits acquis plutôt qu’à obtenir de nouveaux droits. Cela s’explique par l’incapacité à gauche de créer un espoir nouveau après l’échec, d’un point de vue purement politique, des années Mitterrand. 

    Nous voilà dans cette situation depuis prêt de 30 ans, toutes les batailles sur le plan social ont visé à préserver des droits acquis, avec de surcroît une gauche affaiblie par son absence d’autocritique. 

    Le contexte actuel

    Les enjeux sont de taille face à nous : l’enjeu climatique qui devrait être la priorité des politiques à mener est sans cesse relégué au second rang. La climat social, lui aussi est délétère. Il s’agit, comme les Gilets Jaunes l’ont soulevé, de la problématique « Fin du monde, fin du mois : même combat ». 

    Ces deux enjeux doivent être traité en priorité. Mieux, ils doivent être traité de paire car pour sauver la planète il faut que chacun change ses modes de production et de consommation, à commencer par les grandes entreprises qui représentent à elles seules plus de 70% d’émission de gaz à effet de serre. Il faut taxer fortement les entreprises qui ne font pas d’efforts, mais également encourager celles qui jouent le jeu

    Si rien ne change sur le plan social, comment exiger que les plus démunis contribuent à ce défi alors même qu’ils tentent eux-mêmes de survivre ? Encore une fois, la solution est de vaincre le chômage, de permettre une rémunération décente, de vaincre le mal logement, etc. L’Etat doit impulser ces politiques, il faut plus que jamais investir dans la transition énergétique afin de sortir de l’énergie nucléaire. Si les centrales nucléaires produisent de l’énergie proprement, ce sont les déchets nucléaires qui représentent une véritable menace sur l’environnement. Produire autrement créerait aux alentours du million d’emplois, utiles de surcroît, et répondrait en partie au problème du chômage. En ce qui concernent les politiques sociales, le financement doit se faire par une lutte accrue contre ceux qui fraude au fisc. La fraude fiscale représente plus de 100 milliards d’euros par an, des centaines de familles qui préfèrent exiler leur argent plutôt que de payer à la patrie qui leur a permis une éducation gratuite, des soins quasi-gratuit ou encore la fierté d’appartenir à cette grande nation. 

    Les gilets jaunes : le réveil citoyen 

    Le 17 novembre dernier le mouvement de contestation sociale, les Gilets Jaunes, débutait une série de samedis jaunes. Des revendications qui portaient initialement sur la taxation, notamment de l’essence, avant de s’élargir à de nombreux sujets : referendum d’initiative citoyen, baisse des impôts, remise en place de l’ISF pouvait-on également entendre, sans jamais négliger l’écologie et l’enjeu climatique. Une période historique, une période intense de politisation où la politique aura été remise au cœur de la société : sa place initiale. Or les acteurs n’étaient plus les mêmes, il s’agissait véritablement du peuple cette fois-ci et non plus de ses représentants. Le décalage entre ces deux derniers qui faisait déjà soupçon c’est véritablement avéré. Malgré le grand débat mis en place par le président Macron, le décalage des deux mondes demeure, le décalage entre le peuple et la caste politique. 

    Il s’agit donc de trouver des solutions pour résoudre cette crise démocratique. Là encore, la gauche aurait du donner du sens à ses convictions, proposer des alternatives et se rendre au service du peuple. De nombreuses formations politiques proposent déjà une 6ème République pour renouer le lien entre gouvernants et gouvernés. Sur les questions plus politiques que constitutionnelles aussi la gauche avait des réponses : augmentation des tranches d’imposition pour une meilleure justice fiscale, rétablissement de l’ISF...

    Il en va de même pour les organisations syndicales, comment se fait-il que les Gilets Jaunes aient pu rassembler autant plusieurs mois durant alors même que la CGT peine à mobiliser ? 

    Je crois qu’il faut analyser les Gilets Jaunes comme une volonté de rupture entre la vieille politique et qu’il s’agit d’innover. Au cours de mon propos je parlais d’un phénomène de politisation intense autour des ronds-points, à mon sens c’est le point le plus important de cette époque. Les gens se mettent en mouvement, en réflexion collective, ils pensent au futur ensemble. C’est la définition parfaite de la révolution citoyenne, elle naît au cœur des ronds-points au coin du feu de palettes allumés une nuit d’hiver, elle rassemble des milliers de gens dans le pays : des gens qui se retrouvent après tant d’années où la politique était synonyme de désespoir et de désillusion, finalement ils sont la politique. Dans cette époque de politisation s’est également exprimée une forme de rejet du vieux monde et par conséquent de ses organisations politiques, syndicales. Les gilets jaunes ont porté l’intérêt général dans leurs revendications, à mon sens c’est également l’objet d’une organisation politique de gauche, mais si cette dernière n’a pas été en mesure de convaincre les Gilets Jaunes il faut sans doute se référer au rapport historique, des compromissions et des déceptions notamment par la gouvernance du Parti Socialiste du pays peuvent expliquer ce rejet. Il s’agit pour la gauche de renouer avec les intérêts populaires et de redonner sens à la politique, celle qui s’est exprimée sur les ronds points. 

    La gauche n’est pas morte comme certains s’obstinent à le dire , mais l’enjeu majeur de la gauche dans les années à venir sera de créer l’espoir en proposant une alternative au capitalisme destructeur, il s’agira de mettre cap vers l’horizon en bousculant le système en place pour remettre l’humain et la nature au centre de la politique plutôt que le fric et l’immigration. C’est l’enjeu de la gauche, au delà c’est un enjeu pour la planète.

    La gauche doit se refonder, la gauche doit se retrouver. Voilà l’enjeu d’un camp politique qui prétend changer la vie des gens, changer le monde. Loin des guerres de clocher, il faut rappeler qu’une alternative est possible en dehors du duel Rassemblement National / En Marche, cette alternative n’est pas à l’ordre du jour et c’est déplorable, au lendemain des élections européennes il sera nécessaire de tirer un bilan des années passées pour être fort dans le futur. 

    Pour que la révolution citoyenne fasse son chemin, la politique populaire doit exister, gage à la gauche de la faire vivre ! 

     

    Dylan Champeau
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  • La tentation de l'abstention politique est forte

     

    Le départ d’un élu de la France Insoumise, militant depuis longtemps au PG, vers le FN/RN a fait couler beaucoup d’encre et de voix dans les média, le Monde en particulier. Beaucoup de réactions et de commentaires aussi sur les réseaux sociaux. En effet l’information va très vite….. Voici mon commentaire : ce ralliement démontre, le danger d’un mouvement populiste et gazeux. Bien sûr ce n’est pas le ralliement de Kotarac, d’un individu, qui remet en cause toute la FI, mais après toutes les démissions, les mises à l’écart, les questions démocratiques, les adaptations du programme de L’Avenir en Commun, cela devrait nous interpeller sur la réalité de ce mouvement, soit disant anti libéral / anticapitaliste, soit disant seul capable de dépasser les 10% ? L’objectif est-il seulement de dépasser les 10 % ? Objectif seulement électoral ? Nous sommes encore dans la situation politique qui a conduit à l’échec du Front de gauche, avec la rivalité PG/ PCF et aggravée aujourd’hui par la volonté hégémonique, le désir de pouvoir, de Jean-Luc Mélenchon et consorts. Tout cela est bien loin de la construction de la force de transformation sociale, écologique , démocratique, qui me semble-t-il, fait partie de nos fondamentaux. Nous, militants d’ENSEMBLE, ne l’oublions pas. Le vote ne peut pas reposer sur le fait de dépasser les 10% ! La vraie question, c’est le manque de perspectives crédibles pour une véritable alternative à gauche, si nous pouvons encore employer ce mot, et pour le moment la France insoumise ne représente pas ce projet et son orientation populiste ne lui permet pas de construire cette force. Pour autant ce n'est pas ma critique de l'orientation populiste de la FI qui impliquerait un vote Parti communiste. Ce dernier porte aussi une part de responsabilité dans la situation, mais ce n’est pas lui qui tout seul serait en mesure de porter une alternative crédible à la hauteur des enjeux. Nous avons besoin, pour construire la gauche de demain, de rassembler tous les militants de la gauche critique en respectant sa diversité. Ce rassemblement Jean-Luc Mélenchon n'en a pas voulu et n’en veut toujours pas : "les miettes de la gauche....", il porte la responsabilité de ces divisions, de cette déliquescence. Il a cassé un espoir. Pour lui, le clivage droite /gauche est fini. C’est le populisme sauf qu’il oublie que là c’est toujours la droite qui gagne. Comment se fait il que malgré une politique de régression sociale, autoritaire, inégalitaire, la gauche n’a jamais été aussi faible, incapable de propositions crédibles, incapable aussi de prendre en compte la colère populaire exprimée par les gilets jaunes ? Quand on est en position de force, comme après les présidentielles, avec plus de 19% on se devait de tendre la main au lieu d'essayer d'écraser les différentes sensibilités de gauche. Je ne reviens pas sur ce qui s’est passé en Corse en 2017, (les prémices de ce qui se passe aujourd’hui au niveau national), je rappelle simplement qu’au nom du populisme les dirigeants de la FI , et en particulier Jean-Luc Mélenchon, ont préféré soutenir des nationalistes libéraux contre la seule liste de la Gauche anti libérale ! L’empêchant ainsi d’avoir des élus qui manquent pour soutenir les revendications sociales. Le plus grave c’est qu’au niveau européen la division guette le peu qui reste des gauches alternatives. La tentation (et elle se comprend) d’une abstention politique est forte, c’est un danger que porte un contexte sans perspectives crédibles. Chacun d’entre nous doit se positionner et voter le cas échéant selon ses convictions pour une des listes de rupture à gauche. Les élections européennes ne seront pas bonnes pour notre courant de pensée ! Le bilan et une autocritique sans complaisance devront se faire.

    Francis Peretti,

    Ajaccio le 19 mai 2019

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