• Rien ne se règle par des incantations...

    carte-Mali-Congo

    Depuis plusieurs jours,  les médias avaient installé leurs caméras devant le plus grand centre de Nairobi au Kenya. La mort s’y montre en spectacle. La Syrie n’est plus à la Une. Quant à l’Afghanistan, le Pakistan, l’Irak… on ne compte plus les morts qui sont renvoyés à la page nécrologique des journaux locaux. Le Kenya n’est pas loin du Mali, du Niger… et trop près de la Somalie. De son autre voisin la république démocratique du Congo, on parle peu alors que les massacres se pousuivent après des millions de morts.

    On découvre que les groupes terroristes sont présents de partout où la misère leur fournit des hommes. Jusqu’à présent, la chasse à l’homme et la présence militaire dans quelques pays n’ont pas été la solution à ce terrorisme islamique qui est une véritable hydre sans tête depuis l’élimination de Ben Laden. Ses effectifs grossissent de toutes les nébuleuses qui agissent en ordre dispersé et de plus en plus violemment pour marquer les esprits.

    A Nairobi, c’est le grand centre commercial qui a été choisi. Les caméras ne montrent pas l’envers du décor, c’est-à-dire tous les bidons-villes autour de cette ville où l’on vient s’enrichir de l’Etranger. Le centre a été financé par des capitaux israéliens et le Kenya est une ancienne colonie Anglaise. Son voisin somalien fut d’abord revendiqué par L’Angleterre, l’Ethiopie, la France et l’Italie, avant de passer sous protectorat  italien à l’époque de Mussolini. La Somalie a connu de grandes famines. Elle est le théâtre de la corruption et des guerres civiles. Proche un temps de la Russie communiste, elle a été un échec militaire et diplomatique pour les Etats Unis sous la présidence de Clinton avant d’être placée sous mandat de l’ONU avec la présence de casques bleus. Le Kenya a souvent joué un rôle dans la politique somalienne et notamment contre les terroristes islamistes dont le groupe Chebab qui vient d’organiser une opération de grande envergure contre son ennemi kényan en choisissant une cible qui est le symbole de l’occidentalisation, de la richesse et du néo-colonialisme. Il n’est pas certain que cette opération qui s’est avérée barbare soit réprouvée par tous les laissés pour comptes de la société somalienne et de la société kényane.

    Est-il encore nécessaire de dire que le terrorisme islamiste sera vraiment vaincu lorsque les Africains musulmans ou autres bénéficieront d’une législation du travail et de salaires décents ? Pour cela, il faudra qu’ils soient les vrais destinataires des profits générés par leurs richesses au lieu d’être les victimes d’un néo-colonialisme industriel et financier. L’horreur des agissements des terroristes ne doit pas masquer la situation désastreuse d’un bon nombre de pays d’Afrique. Le fanatisme trouve comme terreau la misère et ce sont les guerres économiques qui se transforment en guerre de religion. Il suffit de relire l’histoire du monde pour se le rappeler.

    Les réseaux islamistes recrutent des Musulmans de toutes nationalités et de préférence titulaires des passeports occidentaux. Aujourd’hui, c’est le serpent qui se mord la queue. L’islamisme radical ne fait qu’alimenter la xénophobie et le racisme qui alimentent à rebours l’islamisme. On apprend que le groupe de  fanatiques qui a mené l’attaque meurtrière et suicidaire à Naïrobi était composé d’éléments étrangers à la Somalie et au Kenya. Au mondialisme de la finance, les fanatiques islamistes opposent un suprématisme de religion sur le monde arabe et africain d’abord. C’est le message qu’ils ont voulu faire passer au Kenya comme dans d’autres attentats dont le plus destructeur aura été celui des tours de Manhattan.

    A Naïrobi, le siège se serait terminé par l’effondrement d’une partie du toit du centre commercial. Il reste à faire le bilan. C’est aujourd’hui que s’est ouvert la 68ème édition de l’Assemblée Générale des Nations Unies et nous venons d’entendre le discours de notre Président de la république qui, en préambule a fait le choix de l’anaphore, exercice de rhétorique qu’il pratique dans les grands moments : «  L’honneur de l’ONU, c’est … L’honneur de l’ONU, c’est…» a-t-il martelé comme entame avant de faire des propositions pour sortir de la crise syrienne, pour combattre le terrorisme international et la prolifération du nucléaire à des fins militaires, pour réduire la pollution et l’effet de serre...

    Syrie, nucléaire iranien, armes chimiques,  Centrafrique, climat... François Hollande est intervenu en évoquant les grands dossiers internationaux.  Concernant l'avenir de la Syrie, il a répété qu'il voulait «mettre fin à ce conflit, de manière politique, et installer un gouvernement de transition». Il a proposé que les membres du conseil permanent de l’ONU renoncent collectivement à leur droit de véto lorsque se perpétuent des massacres de masse. Quant au dossier du nucléaire iranien, il a dit attendre de l'Iran «des gestes concrets» tout en ayant établi, dit-il, des rapports de confiance avec son nouveau président. En ce qui concerne le terrorisme islamique, "Les groupes terroristes ont tiré profit de l'inertie de la communauté internationale. Pour la France, Genève-II ne doit pas être une réunion pour parler mais pour décider", a renchéri le président français qui voudrait que l’ONU ne reste par sur de simples incantations.

    C’est pourtant sur le mode incantatoire qu’il avait entamé son discours en usant de l’anaphore dont nous avons retenu : « L'honneur de l'ONU, c'est d'agir là où la liberté des peuples est bafouée, là où les droits fondamentaux sont compromis, là où l'extrémisme met en cause la sécurité internationale ». Espérons que l’ONU n’en restera pas là, en Syrie comme au Congo mais aussi dans  tous les pays où la liberté des peuples est bafouée et des massacres commis. Toutefois l’ONU, même si les souhaits de François Hollande sont exaucés,  ne réglera pas les problèmes à long terme tant qu’une minorité s’emparera de toutes les richesses mondiales pendant que les peuples sont réduits à la misère et à l’immigration. En outre, en France, nous aimerions que le Président de la République n’oublie pas ses incantations de candidat et ce ne sont pas ses incantations de président qui régleront le problème du chômage dont, répète-t-il la courbe devrait s’inverser d’ici la fin de l’année, alors que de nouveaux licenciements massifs sont annoncés.

    Battone

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