• Sarkozy story: le retour permanent.

    sarko_vaudou

    Carla Bruni a donné son premier concert en terre sarkoziste. Bien sûr son « Raymond » est venu l’applaudir et se faire applaudir. Il faut dire qu’il connaissait bien le lieu, le théâtre municipal dirigé par Jack-Henri ( jacques-henri) Soumere,  puisqu’il y avait tenu meeting. C’était à Longjumeau dans l’Essonne. N’y voyez pas bien sûr les prémices d’un retour en politique ! C’est un fan de la chanteuse qui est venu la soutenir.

    On peut dire que le couple soigne chacun sa promotion. Chacun essaie de relancer sa carrière. La tournée de la chanteuse, épouse de l’ex-président, a été précédée par le documentaire « Campagne intime » tourné par son amie Farida Khelfa et diffusé le 5 novembre dernier sur une chaîne de la TNT. Ils occupent à nouveau la presse people.

    Sarkozy avait, après le spectacle de duettistes à Longjumeau, un rendez-vous pour déjeuner avec les amis de Jacques Chaban Delmas. L’occasion pour lui de rendre un hommage posthume à  l’ancien président de l’Assemblée nationale. Il se rapproche, l’air de rien, d’une institution où il n’avait plus mis les pieds depuis huit ans. Il était l'invité d'honneur d'un déjeuner de l'Association "Chaban aujourd'hui". Les agapes ont été organisées dans une annexe du Palais-Bourbon, au 101, rue de l'Université, dont le bâtiment porte justement le nom de Jacques Chaban-Delmas.

    Le jeune retraité de la politique a prononcé un long discours devant le fils de Chaban et une centaine de convives qui avaient fait le déplacement. Parmi eux, Ernest-Antoine Séillière, ancien président du Medef. Sarkozy a fait référence au discours de Chaban-Delmas sur "La Nouvelle société", une projet politique de modernisation du fonctionnement de l'Etat. Il a confié que c’était à ce dernier qu’il devait sa carrière politique. Il a presque déclamé cette tirade: "Je veux rendre hommage à Jacques Chaban-Delmas, général de la résistance à 29 ans, au rêve si beau, si prémonitoire, de la Nouvelle Société. Son dernier grand combat politique fut pour moi le premier. J'avais 17 ans et l'impression de partir à la guerre. C'était la fin d'une époque, celle où le gaullisme ne pouvait plus appartenir à un parti".

    La dernière phrase laisse songeur au moment où Florian Philippot, vice-président du FN, est allé pour la deuxième fois se recueillir sur la tombe du Général de Gaulle. A ne pas en douter, celui qui a banalisé la politique xénophobe du parti lepéniste, pourrait même faire alliance avec l’extrême droite pour retourner à l’Elysée. Un de ses anciens conseillers travaille dans cet objectif. On connaît son nom: Patrick Buisson. Cet idéologue d’extrême-droite est l’instigateur de la création d’un ministère de l’identité nationale confié au triste sire Eric Besson, membre du PS qui a retourné sa veste pour un strapontin ministériel. Patrick Buisson a trouvé en Sarkozy celui qui ouvrira les portes du pouvoir  au FN.

    Bien sûr ne voyez pas dans cet hommage à Chaban le signe du retour sur la scène politique de l’orateur, même si ce retour est annoncé pour 2014. N’allez pas supposer que, en saluant le caractère "novateur" d’un vieux projet de société et en voyant en Chaban "un homme qui luttait contre les immobilismes", Nicolas Sarkozy pense à lui-même ? Tout le monde sait qu’il est trop modeste pour faire de l’autosatisfaction même par personne interposée. Un monde sépare 1969 et 2013. Les Trente glorieuses étaient déjà du passé en 1963. Mais Nicolas Sarkozy a repris à son compte le programme d'un Jacques Chaban-Delmas modernisateur, alors que la France commençait à manger son pain noir. Que proposait son maître à penser : la relance de la compétitivité des entreprises, la réforme de l'Etat-providence, la restriction du poids de l'administration…Cinquante ans plus tard, on dirait du Sarkozy ! La cinquantaine, c’est l’âge de Sarkozy ! Un jeune vieux qui essaie de faire du neuf avec du vieux en recyclant une politique ultralibérale à bout de souffle avec des slogans qui ne font pas long feu comme celui « Travailler plus pour gagner plus ». 

    La stratégie du retour permanent commence à en agacer plus d’un. Tout le monde sait que Sarkozy n’est pas prêt à lâcher son os que Fillon et Copé lui disputent. Il lui faut refaire ses troupes. Il a ses fidèles qui savent que leurs carrières dépendent de lui. Il a ses boulets rattrapés par des affaires qui tournent autour de sa tête comme des mouches autour d’un cadavre et pourrait transformer son retour en mort politique. L’Express a beau titrer sa Une « Les turpitudes de la Sarkozie » et Libération faire le point des affaires judiciaires, Sarkozy reste serein car il sait que rien ne pourra lui être reproché pendant son quinquennat couvert par l’immunité de président de la république. Pour les enquêtes ouvertes sur des faits antérieurs à son élection de 2007, il compte sur la prescription. Il peut donc poursuivre les étapes d’un retour planifié. Pour cela, il a besoin de soigner sa légende d’homme politique talentueux. Il joue la base de l’UMP plutôt que son élite qui reste partagée sur son inventaire. Il a peur d’être oublié. Il multiplie ses interventions, ses apparitions, ses confidences et  ses clins d’œil. Il faut dire qu’il a ses réseaux dans la presse audiovisuelle et qu’il sait s’en servir.

    Sarkozy serait capable de s’allier au diable pour satisfaire son goût du pouvoir et de tout ce qui l’accompagne. Après nous avoir vendu les thèses de l’extrême-droite sur l’immigration et la sécurité pendant la campagne présidentielle de 2012, voilà qu’il fait le grand écart, joue les gaullistes et nous vante « la nouvelle société ». Le Chaman Sarko est habité par l’âme de Chaban. Il est impatient de jouer à nouveau l’apprenti sorcier de la République française. Voilà dix-huit mois que François Hollande occupe son ancienne place à l’Élysée. En ne changeant pas de cap, son remplaçant sera l’artisan de son retour avec le Front national en prime. Tout est fait pour démoraliser  les millions de Français qui ont voté pour qu’il s’en aille. François Hollande leur avait promis le « changement maintenant » avant de se comporter comme un intérimaire. Il portera, comme Lionel Jospin en son temps, la responsabilité d’un nouvel échec de la gauche qu’il trahit en faisant une politique sociale de droite plus proche de l’UDI et du Modem que du Front de gauche et des Verts (malgré la présence de ces derniers au gouvernement).

    Que peut-on faire pour Sarkozy prenne vraiment sa retraite ? On peut avoir recours à la magie et utiliser sa poupée vaudou. Même si nous lui plantons quelques aiguilles judiciaires,  le résultat n’est pas assuré. On peut aussi rejoindre le Front de gauche et soutenir les luttes sociales pour obtenir un changement de cap nécessaire. Le résultat est assuré si le Parti socialiste ne joue plus le rôle prédominant dans une gauche qui ne le reconnait plus. Le résultat est assuré si la France sort du bipartisme et du jeu des alliances. Nous devons obtenir une réforme constitutionnelle pour une république plus conforme aux principes d’une démocratie. Pour cela, il faudrait que le Front de gauche reste uni contrairement à quelques alliances électorales décidées par certaines cellules locales du Parti communiste. Le Front de gauche a besoin de cohésion et non pas de confusion. Ce n’est pas avec cette stratégie des petites alliances que la gauche fera barrage à la droite et l’extrême-droite. C’est en jouant ce jeu électoral et en cautionnant la politique menée par François Hollande que seront créées les conditions d’un retour en force de Sarkozy soutenu par le Front National seul vainqueur au bout du compte. 

    Mazzeru

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