• SNCM... Fluctuat nec mergitur!

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    Véolia transdev avait annoncé son intention de se désengager au capital de la SNCM, Véolia environnement a fait part de son intention de reprendre directement les deux tiers du capital de la compagnie maritime SNCM qu'il détient actuellement conjointement via Veolia Transdev avec la Caisse des dépôts (CDC). Entre temps le dirigeant de la SNCM proposait la compagnie à 1€ symbolique, si la Collectivité territoriale était repreneur. Le président du Directoire de la SNCM, Marc Dufour faisait ainsi mine de jeter l’éponge en estimant que l’on traite VEOLIA de "voleur" alors qu’il tient la SNCM "à bout de bras". C’est donc plus une provocation qu’une offre sérieuse avec un sous-entendu : « On part ! Démerdez-vous ! ». Monsieur Dufour, ex-PDG d’Air littoral, a déjà fait parler de lui et de ses méthodes  dans la liquidation de la compagnie d’aviation avant de se lancer dans la politique au sein de l’UDF.

    Plus sérieusement,  les négociations ouvertes avec la Caisse des dépôts devraient aboutir à un désengagement progressif de Veolia Environnement. «Ce faisant, il faut un remplaçant et un investisseur est sur les rangs. Il s'agit du fonds Cube qui est rattaché à Natixis», confirme Gérard Couturier, Président du Conseil de surveillance de la SNCM.

    Le groupe Veolia, qui a décidé de se concentrer sur la gestion de l'eau, des déchets et les services énergétiques, avait bien annoncé être entré "en négociations exclusives avec un investisseur" pour la cession de sa part de 50% dans Veolia Transdev, détenu conjointement avec la Caisse des dépôts. De son côté, la Caisse des Dépôts, codétentrice de Veolia Transdev, aurait accordé son agrément au fonds d’investissement Cube. Le même Gérard Couturier évoquait par ailleurs une mauvaise conjoncture économique qui pourrait entraîner un plan social de 800 licenciements. Ce dernier se montrait inquiet dans l’attente de  la décision que doit rendre cet été la Commission européenne sur les fonds qui ont été versés par l'Etat à la SNCM durant la période de 1990 à 2006. Cette affaire a été plaidée fin 2011 et la décision sera connue cet été.«Si jamais les fonds incriminés sont requalifiés en aides, alors il faudra rembourser de 30 à 50 millions d'euros à l'Etat», a ajouté Gérard Couturier, précisant que lors de la privatisation une clause prévoyait qu'en cas d'obligation de remboursement les repreneurs pourraient «sortir».

    En résumé, selon M. Couturier,  la réduction de la délégation de service public dont elle bénéficie sur le trafic avec la Corse, le risque de devoir rembourser à l'Etat entre 30 et 50 millions d'euros et l'effondrement du marché des lignes maritimes sur le Maghreb… ces éléments de conjoncture économique et financière défavorable feraient peser une menace directe sur près de la moitié des emplois de la SNCM. De son côte, le conseil d'administration du groupe Veolia vient de renouveler sa confiance dans la politique de réduction des coûts menée par son PDG Antoine Frérot. Pourtant Veolia environnement a enregistré une perte de 490 millions d’euros en 2011. M. Frérot ne fera pas l’objet d’un plan social.

    Tout cela donne l’impression que les financiers veulent prendre la barre du navire-amiral SNCM pour jeter à la mer 800 salariés avant de mettre en vente des bateaux, c’est-à-dire de réaliser les actifs qui ont de la valeur. En ce qui concerne les syndicats, tout a été fait pour les diviser et la direction est même allée jusqu’à vouloir licencier des responsables syndicaux. En proposant la SNCM à 1€ symbolique, le dirigeant de la SNCM savait qu’il susciterait l’intérêt du Syndicat des Travailleurs Corses. Le STC a pris immédiatement une position favorable dictée par ses revendications politiques.

    Ce sont des travailleurs de la SNCM ainsi que ceux de ses sous-traitants qui risquent de perdre leurs emplois dans toutes ces manigances irresponsables. D’abord le retrait de Véolia, ensuite la cession à 1€ et un fonds d'investissement bancaire comme repreneur… Il faut rappeler que Natixis dépend du groupe BPCE (Banques Populaires - Caisse d’Epargne). Touchée notamment par la crise des subprimes, l'action Natixis a en moins de deux ans perdu près de 95 % de sa valeur, en passant sous le seuil de 1 euro en mars 2009, puis s’est stabilisé stabilisée autour de 3,5 € en 2010. "C'est moins mauvais que ce qu'on pouvait craindre, même si c'est quand même globalement décevant", a commenté Hervé Samour-Cachian, chez Natixis AM. "Les chiffres d'affaires ont été en ligne avec les attentes. C'est plutôt la rentabilité qui a déçu, avec une dégradation des marges", ajoutait-t-il. Natixis est une banque d’affaires et, en tant que telle, ne cherche qu’une rentabilité financière à court terme et même sur un seul coup rentable. On connaît la suite... 

    Tout semble indiquer que, pour des raisons diverses et variées, avouables ou inavouables, la SNCM est la cible d’une coalition de fait dans la quelle, chacun pour soi,tous souhaitent unanimement sa liquidation. Quelques jours avant  la grève du 27 mars dernier, Frédéric Alpozzo, représentant le syndicat CGT des marins, déclarait avec lucidité: «  Il y a un discours volontairement alarmiste de la part de la direction de la SNCM.Mais il est évident aussi que la CTC met en œuvre une politique ultralibérale qui va profiter directement à la concurrence à Toulon, c'est-à-dire la Corsica Ferries, et qui va entraîner de la casse social ».

    L’avenir de la SNCM va aussi dépendre du résultat des prochaines élections.  Manca alternativa souhaite  que l’Etat mette bon ordre dans les manigances financières qui ont pour conséquences des plans sociaux et la disparition du service public.

    Il faut rappeler que la SNCM est la seule compagnie de navigation française sur la Corse et le Maghreb. C’est la seule à être soumise à la fiscalité française et au code du travail. Si elle ne peut résister contre la concurrence agressive de la compagnie italienne Corsica-ferries, peut-on imaginer qu’une compagnie corse, comme le souhaitent les Nationalistes, fera mieux? Peut-on accepter des centaines de licenciements lorsque l’on a en charge la défense des travailleurs? Plutôt que de se livrer à une guerre fratricide, ne vaudrait-il pas mieux que les syndicalistes de la SNCM montrent un front commun pour défendre les emplois dans une période de chômage? La solution sera-t-elle politique après les élections?Seuls ceux qui veulent maintenir un service public des transports maritimes entre le Continent et la Corse pourront pérenniser l’avenir de la SNCM et sauver tous les emplois.

    Signé: Battone

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