• SNCM: une lâche abstention!

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    Hier, lundi 12 mai, Marc Dufour, président du directoire de la SNCM n’a pas été reconduit dans son poste au-delà de la fin mai, date de la fin de son mandat. Le conseil de surveillance l’a débarqué avec six voix contre la poursuite de son mandat, quatre étaient pour  et trois ont opté pour l’abstention. Les  trois représentants de l’état. savaient qu’en s’abstenant, ils donnaient raison à la direction de Transdev/Véolia,  principale actionnaire.Les six représentants de Transdev, actionnaire à hauteur de 66 %, souhaitaient le départ de celui qui soutenait le plan de redressement pourtant accepté par tous mais remis en cause par la direction de Transdev/Véolia.

    Dans un communiqué, le secrétariat d'Etat aux transports assure que cette abstention n'est « ni un vote de défiance ni d'indifférence à l'égard du directoire sortant », mais il souligne qu'« il était important de mettre un terme à la quasi-paralysie qui menaçait la société ». Quelle hypocrisie ! Voilà un Monsieur qui a sauvé son poste dans le remaniement ministériel et qui va continuer à vouloir rouler les gens dans la farine, alors que les abstentions apparaissent comme un désaveu de la position prise par Marc Dufour et un appui à celle de Transdev/Véolia. On appellera cela une pirouette pour accomplir un « retournement économique ». Du Hollande, tout craché !

    François Hollande et son gouvernement ont gagné du temps pour finalement laisser Transdev/Veolia seul maître à bord de la SNCM face aux syndicats. L’Etat pouvait montrer une volonté politique dans ce dossier, sachant que l’actionnaire privé de la SNCM (Transdev, filiale de Véolia) veut se désengager, le dit et le répète chaque fois qu’il s’agit du plan de redressement pour le renier. Si le financement des nouveaux navires et une restructuration du capital de la SNCM n’interviennent pas, François Hollande en portera l’entière responsabilité et on pourra penser que la décision de démanteler la SNCM est prise de longue date. Cela ne pourra pas passer pour un revirement pragmatique mais apparaitra comme une complicité. Une fois encore, François Hollande aura avancé « masqué ».

    Ce lundi 12 mai semble mettre un terme à l’espoir entretenu le 18 mars dernier. En mars, pendant que des manifestations se déroulaient contre le plan de responsabilité et la politique d’austérité, le conseil de surveillance de la SNCM avait autorisé le directoire à signer la lettre d'intention de commande pour deux ferries au gaz naturel liquéfié auprès de STX Saint-Nazaire. Deux autres navires sont en option car il s’agit in fine d’une commande annoncée de 4 navires« Le président du directoire, Marc Dufour, a reçu mandat pour signer la lettre d'intention qui ouvre la séquence de dialogue exclusif avec STX France », a indiqué un porte-parole de la SNCM à l'issue du conseil de surveillance, qui se déroulait à Paris, ce mardi. Pour autant, la SNCM n’était pas sauvée de la liquidation évoquée comme la solution par la direction de Transdev/Véolia.  Il ne s’agissait que d’une lettre d’intention et non d’une commande ferme qui ne verrait le jour que si un financement était arrêté. Même si nous souhaitons une issue favorable à la SNCM et son personnel, nous ne voulons pas jouer les oiseaux de mauvais augure mais il était naïf de croire que la raison l’avait emporté et s’en réjouir trop vite. L’Etat, actionnaire de la SNCM, a constamment joué la montre sans jamais s’engager réellement face à une coalition qui s’acharne à couler la compagnie nationale au bénéfice de compagnies low cost et en premier bénéficiaire la Corsica ferries qui utilise la législation européenne libérale pour éliminer la concurrence au nom de la libre concurrence. Un comble ! Cette société italo-suisse a même reçu des subventions sans aucun contrôle de sa comptabilité et des conditions d’emplois à bord des navires qu’elle affrète. 

    D’aucuns œuvrent pour qu’il reste deux compagnies sur les lignes entre la Corse et le continent français. La Corsica Ferries France (CFF) et la Compagnie Méridionale de Navigation (CMN) pourraient se répartir les passagers et le fret. D’autres militent pour la création d’une Société d’Économie Mixe (SEM) régionale qui sert d’alibi pour justifier le naufrage de la SNCM car personne ne croit réellement à la viabilité d’une SEM régionale. Le projet de SEM est un appât électoral pour les uns et un projet idéologique pour les autres. Paul Giacobbi, avant le conseil de surveillance, est allé défendre le projet de SEM devant les députés, une démarche qui s’inscrit dans la décision prise contre le renouvellement du mandat de Marc Dufour.

    Un journaliste indépendant, Pierre Verdi, met en évidence dans une série d’articles « l’intérêt de certains armateurs conjugué aux calculs politiques (nationaux et régionaux), sans que l’on sache vraiment qui instrumentalise qui. Tout cela s’est inséré, écrit-il, dans une remise en question, au niveau de l’Union Européenne, des sociétés « à statut » et à participation publique ». Allez lire les articles sur son blog : pericoloso sporgersi. Il s’agit d’un dossier complexe car complet. Comme l’écrit le journaliste, si le monde actuel fuit la complexité, pourtant  seul ce qui est complet s’approche de la vérité. L’analyse de ce journaliste mérite qu’on s’y arrête car elle dénoue le dossier SNCM depuis sa privatisation qui est le début du rôle néfaste joué par l’Etat lui-même sous la présidence de Jacques Chirac avec Dominique de Villepin à la manœuvre.

    Dans le contexte économique actuel où prédomine l’idéologie néolibérale, la commission européenne pèse de tout son poids pour que l’époque des entreprises publiques soit révolue laissant la place à des sociétés Low Cost.  Plus que jamais, les personnels de la SNCM et leurs syndicats doivent rester vigilants et mobilisés ! Plus que jamais, ils ont besoin de tous les soutiens ! Il faut empêcher que la Corse perde une compagnie nécessaire à l’emploi et à l’économie. François Hollande et son gouvernement porteraient une très lourde responsabilité si la SNCM était sabordée et son épave livrée à la concurrence étrangère ou transformée en compagnie régionale comptant 500 emplois et quatre bateaux.

    Matelone

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