• Travaillez moins ?

    trentedeux1

    Si on comptabilise toutes les catégories de chômeurs, le total est de 5 millions de personnes inscrites à pôle emploi. En Corse, les chômeurs représentent 12% de la population active. Nous n’avons jamais connu de tels chiffres. Comme l’a écrit avec humour Topor : «  Le treizième travail d’Hercule est de trouver un emploi ».

    Alors qu’il publie un ouvrage «  La gauche n’a plus droit à l’erreur » ( cosigné avec Pierre Larroutrou), Michel Rocard reparle du partage du travail et de la réduction de sa durée hebdomadaire. Toutefois, il n’envisage pas un cadre contraignant comme pour les 35 Heures. En France, les salariés travaillent en moyenne 36,5 heures par semaine, contre moins de 33 heures en Allemagne, 32 heures aux Pays-Bas et moins de 31 aux États-Unis. C’est Michel Rocard qui le dit. Il souhaite que la réflexion  sur la durée du travail  s'ouvre à nouveau étant persuadé que, si les partenaires sociaux se saisissent de ce débat, Hollande ne s’opposera pas à l’idée que le plein emploi ne sera obtenu qu’en passant aux 32 heures. Cette idée n’est pas nouvelle chez Rocard qui l’avait émise lors du débat sur le détricotage des 35 heures en vue d’une augmentation du temps de travail relancée par les libéraux de l’UMP et reprise par le socialiste Manuel Valls, à l’époque candidat aux primaires présidentielles socialistes.

    Jadis, la baisse du temps de travail à 40 Heures a été d’abord un bien être rendu possible par le progrès technique et ses gains de productivité et non un moyen de multiplier les emplois. Les 35 Heures devaient donner de l’emploi. Le résultat n’a pas été à la hauteur des espérances car cette réduction du temps de travail n’a pas été encadrée par des mesures contraignantes d’incitations à la création d’emplois.

    Les dépenses pour les « Politiques du marché du travail » s'élevaient à près de 41 milliards d'euros en 2007 (2,15 % du PIB), dont près de 23 milliards ont été consacrés à l'indemnisation du Chômage. Les dépenses dites actives sont en progression depuis 2005, notamment en raison de la montée en charge du Plan de cohésion sociale et de ses contrats d'aide à l'emploi non marchand (création directe d'emploi). Par ailleurs, les dépenses pour les allégements généraux de cotisations sociales s'élèvent en 2007 à 21,7 milliards d'euros, soit 1,15 % du PIB (après 19,5 milliards en 2006) (Tableaux de l’économie Française INSEE, consultable sur Internet).

    Combien coûte le chômage à ceux qui travaillent à n’en plus finir : la cotisation ASEDIC, des impôts pour financer une ANPE, des formations (pour sortir les chômeurs des statistiques), des soins de santé considérables (plusieurs études démontrent les méfaits terribles du chômage sur la santé)…  des milliards d’euros ! Gestion calamiteuse des ressources humaines d’une Nation ? Non, puisqu’elles sont nécessaires ! Toutefois ne vaut-il pas mieux partager le travail que payer très cher en taxes et impôts ? La solidarité est une affaire de partage du travail mais aussi des richesses.

    Avec Michel Rocard, le problème est qu’il ne s’arrête pas à la réduction du temps de travail.  Pour lui la durée de vie s’allonge, il faut donc reculer l’âge de la retraite et  la contrepartie est la réduction de la durée du travail hebdomadaire. Par ailleurs, il défend le modèle social-libéral et regrette qu’il ait fallu légiférer pour imposer les 35 Heures en France alors que les autres pays ne l’ont pas fait. Aujourd’hui, dans le journal La Provence, il déclare : « Nous devons aller de nouveau vers le partage du travail. Mais il ne faut pas refaire l’erreur du passé. La France a été le seul pays où les 35 Heures ont été imposées par la loi, avec les crispations qui en ont découlé et le refus des PME de les appliquer. Aujourd’hui, il faut agir par la négociation et par des cotisations sociales selon la durée du travail et la création d’emplois. L’accord entre le Medef et les syndicats est un premier pas en ce sens ». Selon lui, l’absence de réglementation n’aurait pas entravé la réduction du temps hebdomadaire de travail dans les pays qui n’ont pas légiféré. Sa position laisse songeur alors que la Droite accuse les 35 Heures de toutes les difficultés économiques et que le slogan de Sarkozy était « travailler plus pour gagner plus ». Derrière la proposition des 32 Heures, on découvre encore le libéralisme opposé à toute réglementation du travail. Lorsque Rocard parle d’accord avec le Medef et de premier pas, il faudrait savoir si le pas est en avant ou en arrière car le Medef ne cesse d’attaquer les acquis sociaux pour précariser les emplois.

    Il faut être naïf pour penser que les avancées sociales s’obtiennent par la négociation avec le patronat et sans aucune intervention de l’Etat. Où en serait la réduction de la durée du travail avec des négociations ? Nous ne pensons pas que Michel Rocard est un naïf. Il montre toujours l’ambition de rester dans le débat politique. Son âge de la retraite, il ne cesse de le reculer pour lui-même, malgré des accidents de santé. Il l’a prouvé au temps de Sarkozy. En août 2007, il est Membre de la « commission Pochard », sur la condition enseignante et le statut des enseignants, voulue par Nicolas Sarkozy et lancée par le ministre de l'Éducation nationale, Xavier Darcos. Il démissionne du Parlement européen à la fin du mois de janvier 2009. Le 13 mars 2009, Nicolas Sarkozy le nomme ambassadeur de France chargé des négociations internationales relatives aux pôles Arctique et Antarctique. En juillet 2009, il préside à la demande du gouvernement français une conférence d'experts sur l'institution d'une Contribution climat énergie  et remet son rapport dans lequel il préconise une taxe carbone de 32 euros par tonne de CO2..Avec Alain Juppé, il co-préside la commission chargée de réfléchir à la mise en œuvre d'un grand emprunt national, installée le 26 août 2009 par Nicolas Sarkozy. Avec l'ancien Premier ministre chiraquien, il prend position le 14 octobre 2009, pour un désarmement nucléaire mondial.

    Curieuse fin de carrière à droite ! Selon lui, la société doit s’organiser autour du temps de vie et non uniquement autour du travail. « Il faut penser globalement le temps de vie », dit-il. Après tout, finalement « Travailler moins pour vivre mieux », c’est plus intéressant que « travailler plus pour gagner moins ». Si le débat est à nouveau ouvert sur la réduction du temps de travail, acceptons le débat. Toutefois si les 32 Heures sont le remède au chômage, nous n’acceptons ni l’ensemble de l’ordonnance rocardienne ni le diagnostic du médecin social-libéral. Le travail réparti ne tue pas. On le sait car c’est un dicton populaire. Et la répartition des richesses, non plus !

    Pidone.

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