• Une main libérale de fer dans un gant de gauche en velours

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    A l’université du PS,  Manuel Valls a été accueilli par la bronca d’une partie de l’auditoire qui a repris le slogan des frondeurs : « Vive la gauche ». Pour obtenir le silence, Il a d’abord rendu hommage aux victimes de l'effondrement d'un immeuble à Rosny-sous-Bois dimanche matin ainsi qu'à Christian Bourquin, président PS du conseil régional de Languedoc-Roussillon décédé le 26 août. D’emblée, c’est tactiquement bien joué.

    Il a ensuite fait un faux discours de rassemblement dans lequel est apparue sa conception personnelle du débat démocratique qui se résume à dire : «  Cause toujours, j’ai le pouvoir ». Il n’a laissé aucun espace à ceux qui contestent son action, même s’il a rendu hommage à Montebourg et Hamon avec un cynisme qui sentait la récupération. Il a réaffirmé son engagement à gauche en égrenant des thématiques consensuelles au PS: intégration des banlieues, laïcité, soutien à la jeunesse et à l'éducation, justice sociale, égalité et patati et patata… etc. Il s’est évertué à relire les reformes engagées et à venir sous le prisme des valeurs de gauche. Il a enfilé un gant de gauche en velours dans sa main libérale de fer. Comme la veille devant le patronat, il s’est fait le chantre du libéralisme, tout en déclarant son amour des socialistes comme il l’avait fait envers les entreprises devant les patrons du Medef. Il aime les socialistes qui ne sont plus socialistes. Alors qu’il s’est évertué à marginaliser ceux qui s’opposent à lui, il a exhorté les socialistes à un respect mutuel. « Respectons-nous ! » a-t-il martelé avant de demander dans une anaphore, pour Hollande, soutien et affection. « Le chef de l'Etat mérite le respect de tous, il mérite notre affection, il mérite notre loyauté, il mérite notre soutien parce que c'est grâce à lui, c'est grâce à son engagement, c'est grâce à son élection, que nous pouvons aujourd'hui gouverner, que nous pouvons assumer nos responsabilités et si les socialistes ne sont pas au premier rang pour le soutenir, qui pourrait alors le faire ? Alors je vous demande, au-delà des questions naturelles, au-delà des débats, de dire et de proclamer, oui, notre soutien et notre affection au chef de l'Etat. C'est notre devoir d'être à ses côtés… » a-t-il déclaré.

    Drôle de soutien qui n’a fait que mettre l’accent sur l’impopularité du président. Quel respect de sa part pour les militants? Il a limogé trois ministres socialistes qualifiés de « frondeurs » et il s’efforce d’effacer le mot « socialisme » au sein d’un parti dont c’est le fondement. Gouverner, c’est être sur sa ligne libérale. Ailleurs, point de salut ! Voilà le message délivré avec, sournoisement, le spectre d’une dissolution de l’assemblée nationale et d’un échec électoral qui renverrait pour longtemps la « gauche » dans l’opposition. Lorsque Valls parle de la gauche parlementaire, il ne parle que du PS et de ses élus qui pourraient perdre leurs mandats électifs. Il leur a demandé de se lever pour approuver sa politique économique et tous les premiers rangs ont amorcé le mouvement autour de Bartolone, président de l’assemblée nationale.

    Manuel Valls persiste et signe. Pour le faire devant les socialistes, il a usé et abusé de l’art oratoire en lisant le texte ambigüe d’un François Hollande en campagne électorale : professions de foi, références historiques récupérées comme celle du conseil national de la résistance, anaphores… mêmes intonations, même art oratoire. Pour exemple : « La gauche, celle qui gouverne, c'est celle qui tient quand toutes les digues s'apprêtent à rompre. La gauche, celle qui gouverne, c'est faire, surtout quand c'est difficile. La gauche, celle qui gouverne, ce n'est pas revenir, ajourner, rétrograder. La gauche, celle qui gouverne, c'est avancer, réformer, progresser! La gauche, celle qui gouverne, c'est aller chercher l'espoir surtout quand il n'y en a plus. La meilleure façon de ne pas renoncer à l'idéal, c'est de ne jamais renoncer au réel!" » On croirait entendre Hollande.

    Manuel Valls a évité d'aborder le fond des sujets qui fâchent comme le logement ou encore l'abaissement des seuils sociaux. Il vient pourtant de revenir sur ce qui, dans la loi Duflot, était la réalisation d’une promesse électorale de François Hollande : le contrôle des prix des loyers. Ce recul a d’ailleurs déjà provoqué des réactions au sien du PS et pas des moindres puisque Martine Aubry est monté au créneau pour que la promesse soit tenue en ce qui concerne Lille. Parmi les ministres, seule Christiane Taubira a refusé une soumission totale en répondant à l’invitation des frondeurs par sa présence à une réunion. Magnanime, Valls a minimisé ce geste et embrassé cette dernière à son arrivée à l’université d’été.

    Non, ce n’était pas un discours d’union mais celui de la soumission demandée d’abord aux élus socialistes. Manuel Valls fait preuve d’autoritarisme politique comme il fait preuve d’autoritarisme social. Il va jusqu’à nier l’austérité de la politique menée sous prétexte qu’un niveau de budget nécessaire est maintenu pour les fonctions régaliennes de l’Etat que sont la police, la justice et l’éducation nationale. « Nous ne faisons pas de l'austérité » a-t-il répété huit fois, évoquant la réforme pénale, les emplois d'avenir, l'allocation de rentrée scolaire, la hausse du RSA ou encore des bourses pour les étudiants. Pourtant, c’est bien 50 milliards d’euros qui vont être économisés dans le budget national alors que 40 milliards ne seront pas collectés auprès des entreprises. On le sait : selon lui il est absurde de parler de « cadeaux au patronat ». Pourtant, aucune contrepartie ne sera demandée aux patrons qui seront donc les bénéficiaires de l’austérité budgétaire de l’Etat, c’est-à-dire de la mise au pain sec du secteur public dans son ensemble.

    Manuel Valls est venu à l’université d’été du PS pour convaincre et non pour écouter. Il débat tout seul en jouant le tribun qui manipule les foules. Le gouvernement Valls, c’est encore plus de soumission à la Finance et aux grands patrons….

    IL FAUT CONSTRUIRE UNE ALTERNATIVE A GAUCHE ! C’EST SOUHAITABLE ! C’EST POSSIBLE ! 

    Pidone

    tract0109
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