• Une nouvelle provocation du Medef

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    A l’université d’été du Medef, Pierre Gattaz n’a pas sorti un document d’une cinquantaine de pages répondant à la question : «Comment relancer la dynamique de création d'emplois en France ?». A un jour de la question de confiance posée par Manuel Valls à l’Assemblée nationale, le patron des patrons vient de révéler, dans le journal Les Echos,  cette liste de mesures parmi lesquelles la suppression de jours fériés et de la durée légale des 35 heures. Il va jusqu’à demander aussi celle du salaire minimum.

    Selon le Medef, la suppression de deux jours fériés sur les onze donnerait 1% de croissance et 100.000 emplois. Sur cinq ans, la dérogation a Smic en créerait 50 à 100.000 qui pourraient l’être en 3 ans en remontant les seuils sociaux.

    S’ajoute l’autoriser d’ouverture le dimanche pour les commerces : 50.000 et 200.000 emplois nouveaux dans le tourisme, et entre 40.000 et 100.000 dans le commerce et la distribution, estime le Medef. Autre vieille idée patronale : l'extension du contrat de chantier, utilisé seulement dans le bâtiment, à tous les secteurs d'activités. Ce «contrat de projet» viendrait remplacer le CDI par «un contrat à durée indéterminée qui prendrait fin automatiquement une fois le projet réalisé».

    Et le CICE ?  Le Medef demande la transformation du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) en baisse de charges, pour le pérenniser et le simplifier, la suppression de diverses taxes sectorielles et de la taxe sur les transactions financières, la «taxe Tobin».

    Nous nous posons d’autres questions que celle de ce document socialement agressif, réactionnaire et polémique : Manuel Valls en connaissait-il la teneur lorsqu’il a fait sa déclaration d’amour devant les patrons du Medef qui l’ont ovationné ? Dans la négative, pourquoi diffuser ce document la veille du vote de confiance ? Dans l’affirmative, qui peut encore faire confiance à Manuel Valls et François Hollande ?

    Avec ce document  provocateur, le pacte de responsabilité pourrait avoir du plomb dans l’aile. Un contrat de travail n’est ni une entrée dans les ordres ni une soumission à l’esclavage. On comprend que Pierre Gattaz, avec son éternel sourire de Judas, en demande toujours davantage dans le but de faire revenir le gouvernement sur tous les acquis sociaux. Manuel Valls lui a ouvert la porte en déclarant qu’il fallait simplifier le code du travail :

    « … Je souhaite que cette action de simplification soit systématique, dans tous les domaines. Cela inclut le code du travail, mais suppose une méthode sur laquelle je serai extrêmement vigilant : la négociation et la recherche d’un accord. Vos représentants participeront à des négociations qui vont s’ouvrir sur la représentation des salariés et le dialogue social. Ces négociations poseront aussi la question des seuils. Cette réforme ne peut réussir que si la négociation réussit. Et la négociation doit réussir, comme les partenaires sociaux ont su réussir des réformes importantes depuis deux ans. Je pense notamment à la sécurisation de l’emploi ou la formation professionnelle. Et pour réussir une négociation – tous ceux qui négocient dans leur entreprise le savent – il faut trouver un équilibre entre les engagements des uns et des autres. La protection des salariés est globalement élevée dans notre pays. Les salariés y sont attachés, c’est bien normal. Mais certaines adaptations sont possibles. Sur ces questions, il y a un chemin pour un accord profitable à tous, j’en suis persuadé. A vous maintenant de faire le nécessaire pour le trouver, avec les partenaires qui y sont prêts. Et – je m’y engage – le Gouvernement en tirera toutes les conséquences législatives dès lors qu’un accord aura été trouvé ».

    Force est de constater que François Hollande et Manuel Valls semblent pieds et poings liés au Medef, en s’obstinant à poursuivre une politique libérale. Le Medef les soumet au chantage à l’emploi lorsqu’ils espèrent sortir de l’impopularité en inversant la courbe du chômage. Leur politique d’austérité est un échec. Leur libéralisme est au service des 1% de Français arcboutés sur leurs privilèges. Pour ces derniers, c’est une réussite avec, comme points d’orgue, la prestation de Manuel Valls à l’université d’été du Medef et la nomination d’Emmanuel Macron au gouvernement.

    Quant à la concertation, on sait quelle vision Manuel Valls et François Hollande en ont. Il suffit de constater comment ils traitent l’opposition de gauche et les frondeurs du parti socialiste.

    Le Medef n’aime pas l’expression « donnant-donnant » et préfère lâcher des promesses que les patrons ne tiendront pas comme : créer des emplois en France. Il ne fait aucun doute que les propositions de Medef ont un objectif politique, celui d’inciter le gouvernement à déréglementer et les Français à travailler plus pour gagner moins.

    « Si d'ici trois à six mois, la situation ne s'est pas inversée, ce sera foutu» vient de déclarer Manuel Valls à la presse (quotidien Le Monde) avant d’affronter un nouveau vote de confiance. « Je ne resterai pas pour rester, mais pour agir» a-t-il ajouté. Il joue sur la peur d’une aggravation de la crise économique et sur celle de la montée de Front national. Et il annonce : « Pour l'instant, je fais le pari de l'intelligence collective, je ne pars pas avec en tête l'idée du 49.3, mais l'outil existe». Le premier ministre est dans la manipulation, dans la tactique politicienne, pour imposer la politique d’austérité et des mesures libérales voulues par le Medef.

    Après le vote de confiance qui, selon la presse, ne sera sans surprise, François Hollande donnera une conférence de presse. On sait déjà ce qu’il va redire et qu'il va nous sortir quelques anaphores. Il terminera sur la lutte contre le terrorisme islamiste. En ce qui concerne sa côte de popularité au plus bas (13%) et les révélations de Valérie Trierweiler, le travail de victimisation est déjà en marche et il n’a plus qu’à lui emboîter le pas, ce qu’il a déjà fait dans la presse. Il a parlé de ses grands-parents qui vivaient modestement. Ce n’est pas son cas. Son père était médecin ORL. François Hollande était donc fils de médecin et non de prolétaire. Si sa mère était au parti socialiste, son père fut candidat sur une liste d'extrême droite aux élections municipales de Rouen en 1959 et 1965, sympathisant de Jean-Louis Tixier-Vignacour, de l'OAS et de l’Algérie française. Ses racines proches sont là, chez ses géniteurs, et il a grandi dans la bourgeoisie de province. Son évocation de ses grands-parents est pathétique et hypocrite. Il se dit à l’écoute des plus humbles, ce qui n’est pas évident dans la politique qu’il mène. En faisant abstraction de son expression « Sans-dent » pour désigner un nécessiteux, nous aimerions savoir quels actes personnels ou politiques il a accomplis en faveur des pauvres.

    François Hollande excelle dans les discours commémoratifs, les discours de campagne électorale, les discours d’engagement de la France dans des conflits extérieurs… Sans doute pense-t-il que les mots suffisent et qu’une bonne dialectique fait avaler toutes les couleuvres. C’est dommages que son rôle ne se soit pas limité à des inaugurations et des commémorations.

    Le changement passe par une nouvelle république,  car la cinquième et ses scandales tuent la démocratie à petit feu… Certes la  flamme est le symbole du Front national mais ce sont l’UMP et le PS qui l’entretiennent et l’attisent à chaque élection dans un système majoritaire favorable au bipartisme, c’est-à-dire à une alternance sans changement avec un retour de flamme toujours possible. Les vrais bénéficiaires du Système sont les riches et le patronat. L’arrogance d’un Pierre Gattaz mesure la soumission du politique et l’erreur de certains syndicats à accepter des régressions sociales programmées dans des pactes qui excluent tout engagement du patronat.

    Vivement une 6ème république qui redonne le pouvoir, confisqué par la Finance et ses lobbies, au peuple !

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    Battone
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