• Valls a sorti le violon de son épouse...

    C'est son épouse la violoniste et, hier soir, c'est Valls qui nous a joué du violon électoral.

    Valls a sorti le violon de son épouse...Hollande a laissé libre le champ de sa succession, miné par Macron. Hier soir Manuel Valls a mis en scène l’annonce prévue de sa candidature aux Primaires de la Gauche qui ne sont que celles du Parti socialiste. Comédien ! Tragédien ! Anaphore, épiphore, métonymie… Manuel Valls s’essaie au lyrisme « Je ne veux pas de… », « Rien n’est écrit », remettre de la « lumière dans les yeux » de ses concitoyens. Le premier ministre sortant, au langage souvent martial, s’est essayé au lyrisme pendant son discours de candidature à la présidentielle, hier soir à Évry, multipliant les figures de style.

    Nous avions eu le discours du Bourget en 2012, Valls vient de faire hier soir le coup du discours d'Evry. Le problème est que, si en 2012 Hollande n'avait pas de bilan, Valls a un bilan de premier ministre en 2016... Alors est-ce que le lyrisme d'une dissertation et quelques figures de style suffiront à donner du sens à un discours racoleur déclamé au milieu d'un public de partisans de l'ancien maire d'Evry parti à la conquête de l'Elysée ? Est-ce que se proclamer démocrate, rassembleur et exécuteur de décisions collectives suffira à faire oublier l'article 49.3, la loi El Komri, le socialisme archaïque, l'abandon des 35 heures, la suppression de l'ISF... ? Il faudrait relire son livre programmatique 2012, "L'Energie du changement" (Cherche Midi). Aux pages 103 et 104, celui qui est alors candidat à cette primaire écrit : "Je propose (…) aussi et sans tabou de supprimer l'ISF, inutile car peu rentable (seulement 0,15% du PIB), et surtout source d'injustice entre les classes moyennes supérieures salariées et les chefs d'entreprise ou les professions libérales."  On connaît le résultat des Primaires de2012. Il a fait bon dernier avec 5% au premier tour et s’est mis corps et âme au service de François Hollande. C'était le dimanche 7 septembre 2014 et la presse italienne avait appelé ce moment le « pacte des tortellinis ». Réunis à Bologne, pour une fête du parti démocrate italien, Matteo Renzi et Manuel Valls proclamaient devant une assiette de pâtes que « la gauche moderne [était] la bonne réponse pour nos pays » et que cette gauche-là allait partir à l'assaut de l'Europe. Valls annonce sa candidature le jour ou Matteo Renzi a perdu son référendum – plébiscite et doit démissionner. La sauce Renzi du « pacte des tortellinis » n’a pas plu en Italie et elle a peu de chance de plaire en France, surtout cuisinée par Valls.

    Lorsque ce dernier, de son vrai nom Manuel Carlo Valls Galfetti, a ravi Matignon à Jean-Marc Ayrault, le journal rue89 avait publié « Seize choses que vous ignorez peut-être sur Manuel Valls ». A la fac de Tolbiac, Valls s’est lié d’amitié avec Stéphane Fouks, le futur communicant de DSK, et Alain Bauer, le criminologue sarkozyste. Dans cette fac de béton, haut lieu de l’extrême gauche étudiante, les trois comparses, rocardiens, se heurtent – déjà – aux plus radicaux. Il fut l’attaché de presse hautain de Lionel Jospin. Il s’est dit « lié de façon éternel à Israël ». Sa compagne, violoniste, ne veut pas de SDF devant son Franprix et lui aurait demandé de faire sauter des PV. Il aurait laissé les caisses d’Evry vides et la ville surendettée. Sa référence historique est toujours Clémenceau. Il ne se sépare pas d’un portrait accroché dans son bureau.

    Il évoque souvent le débat Jaurès-Clemenceau à la Chambre des députés de juin 1906. Dans ce débat, né de la répression imposée par Clemenceau lors de plusieurs conflits sociaux, la gauche garde l’impression que le « premier flic de France » est passé de l’autre côté de la barrière. Valls, lui, se reconnaît dans ces mots : « Je voudrais faire comprendre aux déshérités de tout ordre qu’il n’y a pas d’émancipation véritable pour eux en dehors de celle qui viendra de leurs propres efforts, dans un milieu que l’œuvre des hommes politiques sera de leur rendre de plus en plus favorable. » Valls, c’est Clémenceau contre Jaurés à la différence qu’il n’a ni le charisme ni la verve de son tribun favori. Valls c’est l’ordre républicain et le libéralisme économique contre la démocratie et le socialisme. C’est une néo-droite et une gauce canada-dry.

    En Corse, nous n’aimons pas Clémenceau qui a toujours été un ennemi des Corses.  En 1870 la guerre éclate entre la France et la Prusse. La famille Bonaparte est rendue responsable des malheurs de la France et certains députés, dont Clemenceau, demandent que la Corse ne fasse plus partie de la République. Celui que Valls idolâtre  a poursuivi les Corses de sa haine pendant la première guerre mondiale.

     

    Clémenceau fut parmi les pires chefs de guerre et de la police. Ce briseur de grève a acquis pour sa férocité le surnom de « Tigre ». Il représente une gauche du 19ème siècle, les balbutiements du Socialisme incarné par Jaurés.

    Pour Valls, le socialisme est archaïque et il est venu tuer le parti socialiste de l’intérieur, comme un cheval de Troie. Il y a trouvé une direction embourgeoisée favorable à son courant libéral et autoritaire pourtant durement désapprouvé lors des primaires de la Gauche en 2012 ( Il en est sorti bon dernier avec 5% des suffrages). Ce sillon libéral a été creusé par François Mitterrand à partir de 1983, puis repris par Jospin qui a subi un cinglant échec que l’on croyait sans appel aux élections présidentielles contre Chirac, laissant le deuxième tour à Jean-Marie Le Pen. Cela n’a pas suffi puisque, après une campagne faussement imprégnée des valeurs de la Gauche, Hollande a repris le cours libéral imposé par la direction du PS qui porte bien son surnom de « Gauche-caviar ». On sait où cela conduit aujourd’hui encore : Hollande n’a même pas le courage de venir défendre son bilan dans les nouvelles primaires de la Gauche. C’est son premier ministre qui vient essayer de refaire le coup du discours du Bourget et a pour adversaire ses anciens ministres.

    Décidément les Primaires organisées en 2017 par Cambadélis apparaissent de plus en plus comme une machine à perdre dont le parti socialiste ne sortira pas uni mais éclaté. Le secrétaire de ce parti en perdition a alterné les interdictions de vote et les appels à rejoindre ses Primaires en ajoutant de la confusion à la confusion.

    Si Manuel Valls sort vainqueur des Primaires, nous aurons un candidat de droite supplémentaire à ajouter à Fillon et Macron. Jean-Luc Mélenchon apparaîtra donc comme le seul candidat de gauche éligible et c’est sur lui que doivent porter tous les espoirs d’échapper à un deuxième tour qui va se refermer sur l’extrême-droite ou la droite extrême. Le candidat des Insoumis ne fait pas partie de la longue liste des candidats de gauche comptables, de près ou de loin, du désastreux bilan que François Hollande a lui-même renoncé à défendre.

    Valls a sorti le violon de son épouse...Valls était-il bourré, hier soir à Evry ? Après avoir pris un large virage à droite, il contre-braque et fait une embardée à gauche sur la route de l'Elysée. Va-t-il mettre à la cave son tableau de Clémenceau pour mettre dans son bureau celui de Jaurés? Comment va-t-il faire oublier qu'il a choisi l'ordre républicain libéral contre la démocratie socialiste ? Quelle politique étrangère va-t-il proposer pour ne pas couper ses « liens éternels » avec Israël ?

    Valls a donc démissionné. Bernard Cazeneuve le remplace à Matignon et Bruno Le Roux passe à l'Intérieur. C’est une fin très hollandaise du quinquennat ! En voilà encore deux qui ont atteint chacun le niveau d'incompétence, selon une loi empirique relative aux organisations hiérarchiques proposée par Laurence J. Peter et Raymond Hull dans l'ouvrage Le Principe de Peter (1970). Ces promotions ne dureront heureusement que cinq mois...

    Jean-Luc Mélenchon a combattu la dérive néolibérale et n’est pas un résistant de la dernière heure. Il n’a pas accepté un poste ministériel pour achat de son ralliement comme l’ont fait des écologistes dépossédés de l’écologie.

    Votez pour la justice sociale, c’est voter Jean-Luc Mélenchon dès le premier tour des élections.

    Votez pour un candidat qui n’est pas impliqué par les politiques désastreuses menées depuis dix ans, c’est voter Jean-Luc Mélenchon.

    Votez pour une 6ème République plus démocratique et donc plus juste, c’est voter pour Jean-Luc Mélenchon…

    Le vote Jean-Luc Mélenchon est le seul vote d’espoir, la seule vraie proposition d’obtenir un changement qui va vers plus d’égalité contre des candidats qui creusent les inégalités et divisent la société française.

     

    U Barbutu 

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 6 Décembre 2016 à 11:48

    Un premier ministre ne devrait pas dire ça ...
    En plus de ses dizaines de rendez-vous avec des parlementaires qui l’assurent de leur soutien, Valls voit beaucoup de journalistes. Dans un avion ou dans le pavillon de musique au fond du jardin de Matignon, sans que son cabinet le sache. Comme Mitterrand en son temps, il les voit tous et leur fait tous jurer le secret quand sur François Hollande il confie : «Je ne le respecte pas et je ne le supporte plus.»
    http://www.liberation.fr/.../hollande-valls-deux-ans-en...

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