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Zittu! Zitta!... Tais-toi!
A la suite de l’assassinat de Jean-Luc Chiapini, nous avons relevé (et nous ne sommes pas les seuls) un étrange commentaire: «Rien ne peut justifier la mort d’un homme. Etnous n’avons pas à nous interroger sur les causes... Ce serait accompagner le processus de banalisationde cette violence effrénée». Qu’a voulu dire Camille de Rocca Serra, député de la Corse du sud, président du groupe UMP à l'assemblée territoriale et ancien président de l'assemblée de Corse ? Le Pourquoi serait-il une mauvaise question à se poser ?
Il n’est un secret pour personne et nous le savions avant les résultats de l’autopsie, que Jean-Luc Chiappini est mort par balles. Il est vrai que les détails de cette autopsie ne nous intéressent guère. Mais ce n’est pas de ces causes-là dont Camille de Rocca Serra veut nous parler lorsque la presse nationale se pose des questions sur les mobiles de l’assassinat et la personnalité de la victime. Il s’agit bien d’un assassinat et non pas de s’interroger sur un fait du hasard ou de chercher un sens philosophique à la mort. Même si un curé peut dire à la famille que la mort est de l’ordre des mystères divins, celle de Jean-Luc Chiappini a été décidée et donnée par des hommes.
La vérité ne serait-elle pas bonne à savoir ? Pour qui ? L’élu de la République conseillerait-il de ne pas s’interroger sur le mobile du crime? Nous espérons qu’il s’agit d’une erreur de langage qui peut provoquer une mauvaise interprétation de sa recommandation. A moins que ce ne soit une sorte de lapsus ?
En revanche, si telle était la pensée profonde de cet élu insulaire, il ne faudrait, selon lui, pas s’interroger aussi sur la présence d’un pistolet 9 mm dans la boîte à gants du véhicule de la victime. Il ne faudrait surtout pas répondre à l’appel des enquêteurs qui ont fait savoir que « toute personne susceptible d'apporter un témoignage dans l'enquête relative à l'assassinat de Jean Luc Chiappini et, plus particulièrement d'avoir aperçu sur la route de l'aéroport à Ajaccio, le jeudi 25 avril 2013 vers 13H10, le véhicule Citröen C5 de couleur sombre de Monsieur Chiappini ainsi que deux individus sur un deux roues, est priée d'entrer en contact avec la Direction Régionale de la Police Judiciaire d'Ajaccio au numéro 04.95.11.16.11 ». Vous vous rendez compte : des gens qui cherchent à savoir "pourquoi et par qui un homme a été assassiné dans un guet apens" ! Ils s’interrogent sur les causes et ainsi accompagnent « le processus de la banalisation de cette violence effrénée ».
Pourtant, il y a déjà très longtemps et bien avant Jésus Christ, Aristote avait compris que «nous ne connaissons pas le vrai si nous ignorons les causes.» Pour un assassinat, les causes sont rarement métaphysiques. Cela doit être le cas pour celui du maire de Letia et président du parc régional naturel (dont le budget annuel de fonctionnement est de 7 millions d’euros alors que la moyenne nationale est de 4 millions). Il est fondamental de chercher les causes d’un événement. Il est devenu fréquent d'en inventer. Il est plus rare de vouloir les ignorer, surtout lorsque l’on est un élu de la République.
Démosthène (dont le parti accusa Aristote d’impiété et trahison) pensait que : « Les paroles qui ne sont suivies d'aucun effet sont comptées pour rien. » En voulant ignorer les causes Camille de Rocca Serra cherche-t-il quelque effet ? Comme l’a dit Coluche, «Quand on voit ce qu'on voit quand on entend ce qu'on entend, on a bien raison de penser ce qu'on pense ! »
Dicenu qui…Zittu ! Zitta ![1]...
U mutugnone
Tags : Chiappini, de Rocca Serra, assassinat, Omerta, violence, Corse
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