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    Retraites et rapport de forces

    Nous un article de Pierre Zarka, membre d'Ensemble. Article paru dans le journal l'Humanité.

      

     "Obtenir le retrait du projet Macron n’est pas défendre le statut quo mais d’en proposer un à la mesure des besoins. On dit parfois que le rapport de forces serait en défaveur des forces de progrès. On mesure trop souvent ce dernier aux résultats des partis politiques ou au nombre de manifestant-e-s.  Ces éléments comptent mais cette analyse, trop limitée conduit souvent à se faire une raison. Le rapport de force n’est pas une donnée figée mais une réalité mouvante. Il n’évolue pas seulement de victoires en victoires : prendre l’initiative de viser des objectifs hors du cadre du capitalisme ou ne pas oser le faire, en fait partie intégrante.

    L’action n’a pas la même portée si on se limite au refus ou si l’on dit qu’il y a largement de quoi mettre tout le monde au niveau des meilleurs régimes en allant chercher l’argent dans les 59 Milliards de dividendes versés aux gros actionnaires, dans le rétablissement de l’ISF, dans la suppression des exonérations diverses dont bénéficie le capital (25 Milliards). Puisqu’il est question de conférence sur le financement, c’est le moment de montrer que les actionnaires sont « les vrais privilégiés » à combattre.

    On n’en est pas là ?

    Dire cela ne relève pas du simple discours mais recèle des potentialités encore inexplorées par le mouvement populaire.

      Commençons par aller derrière le décor. Qu’y a-t-il derrière l’intransigeance du pouvoir et son goût pour la répression ? Signe de force ou peur de tout perdre ? En octobre 18, on pouvait lire dans le Nouveau Magazine Littéraire qui ne s’est jamais illustré par son gauchisme, (n°10) : p 29« L’enrichissement frénétique des plus riches au détriment des salariés creuse un fossé qui pourrait être sa tombe ; p31 : La financiarisation est en cause ; c’est elle qui fait voler en éclats le compromis social de l’après-guerre. L’existence du bloc soviétique apparemment florissant contribuait à donner du pouvoir aux salariés : Vous n’avez pas envie d’un système de soviets ? Alors faites que l’on se tienne tranquilles, augmentez nos salaires ». P 33 : Un soulèvement est-il possible, qui balayerait ce capitalisme suicidaire ? « (sic). L’Humanité du 30 Aout, rend compte d’une réunion du Medef à Paris-Longchamp. Elle se déroulait sous le signe de l’inquiétude : « nous sommes face à une mise en cause violente du système… l’idée libérale est remise en cause partout ». Que manque-t-il alors pour nous sentir plus forts ? A cette réunion, Sarkozy avait la réponse : en face, aucune force ne propose un système alternatif. Bien vu Sarko, là est le verrou.

     Si celles et ceux qui luttent sont porteurs de solutions, ils deviennent porteurs d’espoir. La présence d’un objectif dans les esprits fait déjà évoluer le rapport des forces avant même de l’atteindre. Cela permet de mettre les forces du capital sur la défensive.

    Mettre les actionnaires sur la sellette contribuerait à accroitre leur vulnérabilité et commencerait à modifier le rapport de forces. Le camp qui définit les termes de l’affrontement prend toujours l’avantage. D’autant que dans de nombreux autres pays, des mouvements sociaux porteurs d’exigences de justice et de démocratie secoue la planète. On a vu que ce qui pousse dans un pays résonne et influe sur ce qui se passe dans d’autres :  l’influence des printemps arabes et des Indignés-des places occupées- sur les Nuits Debout ou l’impact des Gilets Jaunes sur d’autres mouvements dans le monde- jusqu’aux USA. La mondialisation peut ne pas être que capitaliste."

    Pierre Zarka

     

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