• CGT: une tempête dans un verre d'eau?

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    La presse libérale s’est déchaînée et a fait son chou gras de l’appartement de fonction de Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT. Provincial, il a bénéficié d’un logement à la lisière du bois de Vincennes dans le cadre d’un arrangement avec le propriétaire qui a modéré le loyer à 2000 € par mois ( au lieu de 3600€, prix moyen dans le secteur) à condition que les lieux soient remis en état. La remise en état et l’ameublement ont coûté entre 120 et 150.000 €.  Cela paraît choquant et nous nous mettons à la place du militant de base mais le plus choquant est la manipulation médiatique de cette affaire. D’abord le tuyau serait un règlement de comptes interne avant les prochaines élections de la centrale syndicale. Quelqu’un aurait transmis l’info anonyme au Canard enchaîné.  Cette fuite a permis une nouvelle campagne de presse contre le financement de la CGT dont la remise en cause affecterait gravement sa survie. Des journaux subventionnés par l’Etat se permettent de dire que les syndicats ne devraient avoir comme ressources financières que les cotisations des adhérents. Que deviendraient les journaux comme le Figaro, le Monde et d’autres, en ayant, comme uniques ressources, les ventes et la publicité ? Qu’ils justifient de l’emploi de ces subventions et du train de vie de leurs dirigeants ou qu’ils renoncent à être subventionnés !  Ces mêmes journaux, prompts à faire haro sur la CGT, ne lancent pas de campagne médiatique aussi virulente sur les dérives financières de notre république bananière : les privilèges des élus, les rémunérations dans les ministères, les retraites-chapeaux des patrons, le train de vie assuré aux anciens présidents de la république… etc. Les pourfendeurs de la CGT ne remettent jamais en cause les abus des patrons et des élus. Ils ne se remettent jamais en cause eux-mêmes. Chacun d’eux joue le Cassandre contre  la Gauche et le syndicalisme. Chacun d’eux est grassement payé pour cela.

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    Dans la presse libérale, le loyer de l’appartement de fonction du secrétaire général de la CGT n’est pas l’occasion de dénoncer les prix exorbitants de tous loyers à Paris. On se souvient de la bronca contre la loi Duflot qui  veut les réglementer et la position de Manuel Valls, opposé à cette loi. Là où Thierry Lepaon est logé, le prix de location du M2 est en moyenne de 30€. Si on multiplie par la surface de son appartement (120m2), le loyer devrait être de 3600€. Si l’on considère que le loyer contractuel signé est inférieur de 1600€ à la norme, il faudra 7 ans pour amortir les frais engagés (150.000€ selon le devis publié), soit deux mandats, ce qui signifie une réélection. Il faut tout de même détaillé que sur les 150.000 € du devis, 45.000 concernent du mobilier et de l’électroménager. On ne peut pas dire que c’est une bonne affaire mais on ne peut pas affirmer qu’il s’agit d’un mauvais arrangement, car c’est le propriétaire qui tient le bon côté du manche.

    En définitive, sur cette affaire interne de la CGT, les seuls qui ont leur mot à dire sont les adhérents. La direction de la CGT a des comptes à leur rendre, à eux et à eux seuls. Ils peuvent considérer que c’est le prix à payer pour avoir un secrétaire général provincial et que ce dernier doit être décemment logé, sans abandonner son domicile principal en province car il a un mandat limité dans le temps. On peut se demander si les travaux ont évité le dépôt d’une caution. On peut aussi s’interroger sur la nécessité de tels travaux. Pour reprendre le titre d’une ancienne édition « ça se discute » et des explications sont à fournir au moment où Thierry Lepaon va se représenter devant les urnes syndicales.

    Par contre tous ces journaleux qui ont monté un dossier médiatique à charge démontrent une fois de plus qu’ils ont des cibles à abattre dont font partie la CGT et la gauche. Ils savent, lorsque cela les arrange, se servir de l’écume des faits sans pousser trop loin leurs investigations. Plutôt que de faire ressortir la réduction de loyer mensuel, objet d’un arrangement concernant l’aménagement de l’appartement, le journaliste peu scrupuleux prend sa calculette et établi que la dépense de la CGT pour ce logement est équivalente à 750 cotisations syndicales.

    Ce qui est plus inquiétant pour ce syndicat, c’est que cette fuite est révélatrice d’une atmosphère délétère et ce n’est jamais bon pour le syndicalisme qui doit rester la principale préoccupation  des dirigeants. Celui ou ceux qui ont jeté cet os à la presse sont à blâmer car l’utilisation médiatique abusive qui en est faite était prévisible. C’est un mauvais coup porté pas uniquement à la CGT mais aussi au syndicalisme. C’est un acte antisyndical honteux. La CGT fait partie des rares syndicats encore combattifs qui défendent les travailleurs. Ce n’est pas le sort du secrétaire général de la CGT qui  nous inquiète mais l’avenir du syndicalisme dans des temps où tous les acquis sociaux sont menacés.

    Pierre Gattaz, patron du Medef, multiplie les attaques et la dernière en date concerne les licenciements. Il veut la suppression de la convention 158 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) qui oblige l’employeur à justifier un licenciement.  Il explique cyniquement que « les chefs d'entreprise, quand ils peuvent embaucher, craignent de se trouver devant les prud'hommes s'ils rompent le contrat. C'est un des principaux freins à l'embauche ». Dans L'Opinion, jeudi 30 octobre, le président du Medef, Pierre Gattaz, a suggéré que la France sorte de la convention 158 de l'Organisation internationale du travail (OIT) qui oblige à justifier un licenciement. Il faux rappeler que l’Allemagne, modèle économique pris souvent pour exemple, n’a pas signé la convention 158.

    Adoptée en juin 1982 et entrée en vigueur en novembre 1985, cette convention a été ratifiée par 36 pays dont un, le Brésil, l'a dénoncée en 1996. Dans l'Union européenne, elle a été ratifiée par Chypre, l'Espagne, la Finlande, la France, la Lettonie, le Luxembourg, le Portugal, la Slovaquie, la Slovénie et la Suède. Son article 4 prévoit qu'"un travailleur ne devra pas être licencié sans qu'il existe un motif valable de licenciement lié à l'aptitude ou à la conduite du travailleur ou fondé sur les nécessités du fonctionnement de l'entreprise, de l'établissement ou du service".

    Les travailleurs ont plus besoin que jamais du syndicalisme lorsqu’il est question de porter atteinte à la médecine du travail comme veut le faire le gouvernement en autorisant le recours à des médecins généralistes en lieu et place des médecins du travail. Sous prétexte de déverrouiller l’économie et créer des emplois, tous les garde-fous du code du travail sont attaqués : CDI, 35 heures, licenciement abusif …etc.

    En parallèle tout est fait pour médiatiquement décrédibiliser la CGT et, à travers la Centrale, le syndicalisme de lutte. L’épisode de l’appartement de fonction du secrétaire général de la CGT est une tempête dans un verre d’eau. Loin du tumulte politico-médiatique, les adhérents jugeront et feront savoir si leur secrétaire général doit bénéficier d’un appartement de fonction comme c’est le cas pour certains fonctionnaires et pour les hauts cadres d’entreprises, ou si son logement doit être un HLM en banlieue parisienne. On pourrait, pour faire plaisir aux détracteurs, lui proposer une chambre en foyer Sonacotra.  Les adhérents doivent choisir entre un secrétaire général toujours choisi parmi les  Parisiens, donc déjà logé, et un Provincial qu’il faut loger. Ils devraient recevoir des explications sur les conditions dans lesquelles les travaux et leur coût ont été décidés. Tout le reste n’aura été qu’un battage médiatique intempestif et nullissime qui ne doit pas salir la CGT et à travers cette centrale le syndicalisme.

    U spazzinu

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