• Constat qui pousse à réfléchir...

    François Hollande et tout le gouvernement ont adopté la méthode Coué…Ho hé ! Hé, oh, la gauche ! Toutes et tous répètent à qui mieux-mieux que ça va mieux. Ils espèrent ainsi se persuader eux-mêmes et, par voie de contagion, persuader des électeurs pour les prochaines élections présidentielles. Pendant ce temps l’assemblée nationale délibère pour rien car ce n’est pas un mystère : Valls va sortir l’article 49.3.  Par l’usage répété qu’il en fait, il a donné des idées à un candidat aux primaires de la Droite. Jean-François Copé est sorti inchangé de sa retraite médiatique, après avoir frôlé la Correctionnelle. Il a son idée sur la démocratie. Il promet que, lui président, il ouvrira le bal à l’Elysée en gouvernant par ordonnances. Il en promet d’emblée huit. Pourquoi huit ? Lui seul le sait mais nous avons le droit de penser qu’en bonimenteur professionnel, il en proposera treize à la douzaine. Sous la Quatrième république existait le décret-loi. Sous la Cinquième, il a été remplacé par l’ordonnance. Cela n’a rien à voir avec celle que rédige votre médecin pour donner ses prescriptions mais son usage est signe de la maladie dans laquelle se trouve notre démocratie. En droit constitutionnel français, une ordonnance est une mesure prise par le gouvernement dans des matières relevant normalement du domaine de la loi. Elle relève de la procédure législative déléguée. Si le gouvernement est habilité à prendre des ordonnances par le Parlement qui ensuite les ratifie, il n’y a plus de vraies délibérations. Le pouvoir réglementaire prend le pas sur le législatif. Il n’y a même plus besoin du 49.3. Il suffit d’avoir une majorité présidentielle pour imposer des textes réglementaires qui prennent fore de loi. Si Jean-François Copé veut monter encore d’un degré dans l’autocratie, il lui reste à restaurer la royauté pour gouverner en ajoutant aux ordonnances les lettres de cachet et les édits royaux. Les ordonnances existaient déjà sous l’Ancien régime. Il a donné des idées à son ancien ami Nicolas Sarkozy, devenu son ennemi intime mais aussi son concurrent à la course présidentielle. Leur amitié  n’a pas survécu à l’affaire Bygmalion. Curieusement la justice ne sait pas qui a bénéficié des millions d’euros dépensés dans la campagne présidentielle de Sarkozy en 2012.  La justice poursuit les investigations à son pas de sénateur. Cinq entre deux élections présidentielles ne suffisent pas pour empêcher un éventuel délinquant de se présenter à des élections présidentielles. Cinq ans ne suffisent pas à éviter qu’il ne trouve une immunité de cinq ans. Par contre dix ans suffiront à enterrer un dossier. Du côté de la presse, le seul media qui suit sérieusement les affaires politico-judiciaires sur la longueur est Médiapart. Les autres se contentent des dépêches de presse lorsqu’un magistrat ouvre un œil et fait un acte de procédure volontairement médiatisé, histoire de dire que la justice suit son cours.

    Nicolas Sarkozy vient d’être la vedette dans un reportage de « Complément d’enquête » rediffusé le 5 mai dernier. Il est soupçonné d’avoir voulu favoriser les casinos Barrière lorsqu’il était Ministre de l’Intérieur. Les casinos Barrière sont dirigés par un certain Dominique Desseigne, ami et soutien de Sarkozy. Ce PDG a été poursuivi en paternité par Rachida Dati et reconnu, contre son gré, comme étant le père de Zorah, fille de l’ancienne ministre de la justice dont la maternité avait suscité bien des interrogations. Ce sera la énième fois que le nom de Nicolas Sarkozy apparaît dans des embrouilles judiciaires.

    L’ancien président de la république, malgré des sondages catastrophiques, se démène pour noyauter les primaires de la droite et sa position à la présidence des Républicains lui confère un sérieux avantage. La presse vient de divulguer qu’il avait un joker en la personne de François Baroin qui ferait campagne avec lui comme futur premier ministre. Le deal aurait été passé en 2015.  François Baroin est de Michel Baroin, haut fonctionnaire, homme d'affaires, grand maître du Grand Orient de France en 1977-1978. Avant d’entamer une carrière politique, le jeune Chiraquien a été recruté par Jean-Pierre Elkabbach au service politique d’Europe 1, où il avait commencé une carrière de journaliste, qu'il poursuivit de 1988 à 1992. En 2001, il s’est inscrit au barreau de Paris. Sa carrière politique montre qu’il a toujours su se frayer un chemin au milieu des rivalités internes de l’UMP. La personnalité de Baroin devrait apporter, dit-on, de la sérénité. Sarkozy compte sur son allure flegmatique et sa voix de basse. Un autre atout doit être son allure jeune à cinquante ans et ses succès féminins. On lui connaît deux conquêtes : Marie Drucker et Michèle Laroque. Cela lui vaut une biographie dans le journal Gala qui le décrit comme un « dandy audacieux ».

    Laissons Sarkozy et Baroin, Les déclarations récentes d’un autre candidat aux primaires de la Droite valent leur pesant de cacahuètes. Bruno Le Maire vient de demander que l’Etat contrôle les comptes bancaires des « assistés » qui perçoivent le RSA. Il est dans le droit fil des réactionnaires qui cherchent à démontrer que l’argent est distribué à des fraudeurs, des faux pauvres et qu’il vaudrait mieux prendre moins d’impôts aux riches. C’est dans le même esprit qu’un Sarkozy dénonçant les fraudeurs de la sécurité sociale, alors que les plus gros fraudeurs sont ceux de l’URSSAF, donc les entreprises. Il rejoint la politique actuelle qui a accentué le contrôle des chômeurs comme si le chômage avait pour cause la fainéantise et la fraude. Monsieur Le Maire devrait pourtant se moucher le premier lorsque l’on sait qu’il a pris son épouse comme attachée parlementaire, comme le font d’autres élus. Cela signifie qu’elle est rétribuée avec les deniers publics. Nous sommes loin de l’image de la femme du boulanger qui sert les clients pour aucun salaire, simplement pour aider son mari. Mme Le Maire aura-t-elle droit au chômage si son mari est élu Président de la république puisque « première dame » est une fonction officieuse donnant droit à aucun salaire, seulement à la prise en charge de frais ?

    A droite comme à gauche, ces politiciens à l’esprit moisi vivent dans un parc politique où toute évolution des mentalités semble impossible. Ils reproduisent l’autisme politique et sont prêts à des comportements réactionnaires dès que l’occasion se présente. Ils sont incapables de la moindre autocritique et, malgré vents et marée, vont crescendo dans leur arrogance. Parmi les nouveaux (qui ne sont tout de même pas de la prime jeunesse), le pli est pris. Ils se présentent de pire en pire. Il suffit de les passer en revue les Laurent Wauquiez et Emmanuel Macron en tête de liste.

    Emmanuel Macron, nous en avons déjà largement parlé sur ce blog. Il vient une fois encore de faire la Une des journaux en voulant récupérer Jeanne d’Arc comme symbole républicain. Jean-Marie Le Pen devait s’en douter, dès le Premier Mai 2015 lorsqu’il a crié devant la statue de la célèbre pucelle : « Jeanne ! Au secours ! ». Après Chirac, Giscard et Le Pen, le ministre de l’économie vient instrumentaliser l’héroïne chrétienne à des fins idéologiques et électorales. Le locataire de Bercy s'est rendu à Orléans avec son épouse Brigitte Trogneux pour rendre hommage à Jeanne d'Arc au cours des 587es Fêtes johanniques. Au gouvernement, la seule qui a applaudi l’initiative, c’est Ségolène Royale qui avait fait la même démarche, dix ans en arrière. S'il a eu le soutien indéfectible de sa femme qui se présente d'ailleurs elle-même comme la "présidente du fan club de son mari", il n’a recueilli par ailleurs que railleries. En ce qui concerne son domaine ministériel qui est l’économie, avec les patrons d’EDF, il croit encore au nucléaire et à son exportation alors que, même les Chinois n’en veulent plus. Ceux qui sont preneurs ont parfois  des intentions militaires. EDF et AREVA sont dans une situation financière catastrophique et ce n’est pas Macron qui va arranger la situation. L’idée de l’exploitation du gaz de schiste fait son chemin lorsque l’on entend Alain Juppé y songeait. Est-ce cela la solution après le nucléaire ? On découvre encore des mesures en faveurs des plus riches dans les recoins de ses lois passées au 49.3. Difficile de s'y retrouver dans la loi Macron, car il y a tout et n'importe quoi : libéralisation du transport de car, travail le dimanche, révision des modalités de licenciement, financement des entreprises, etc. Mais il y a un article de loi injustement méconnu : il s'agit de l'article 34 sur l'allègement de la fiscalité des actions gratuites. Pour donner el change, il menace de légiférer lorsqu’un patron voyou augmente ses rémunérations de façon honteuse.

    Laurent Wauquiez est celui qui veut faire travailler tout le monde le dimanche sauf lui-même. Même feu Jacques Barrot, député de Haute-Loire et parrain de l’actuel président de la région Auvergne-Rhône-Alpes,  aurait regretté d’avoir fait entrer ce jeune loup dans la bergerie. Wauquiez a fait campagne, en sur-jouant les peurs collectives et en brandissant des mesures clientélistes qui masquent le vide de son projet politique régional. Une belle illustration de la définition du populisme que donne Pierre Rosanvallon, « la réponse simplificatrice et perverse » d’une démocratie minée par le désenchantement politique. Parler de désenchantement politique nous paraît toutefois inapproprié car la politique n’a jamais été un monde enchanté. Elle est le laboratoire des apprentis-sorciers qui utilisent toujours les mêmes ingrédients : cynisme et arrogance. D’autres pointent le bout de leur nez dans l’espoir de décrocher des postes de ministres tant leur espoir d’accéder à la présidence de la république est infondé.

    Tous ces routards de la politique utilisent un langage néoconservateur et sur le fond réactionnaire. Contrairement à Robespierre qui disait : « Tout ce qui est immoral est impolitique, ce qui est corrupteur est contre-révolutionnaire », ils sont tous persuadés que l’on ne peut gouverner innocemment. Les politiciens s’affranchissent alors de toute morale. Nous avons pu le constater : nos élus ne se remettent jamais collectivement en question. Lorsque l’un d’eux se fait rattraper par la justice, il en porte seul la responsabilité, ce qui permet de perpétuer un système vicié dans lequel les élus se coupent du peuple.

    Certains choisissent d’être les agents des lobbies au détriment de l’intérêt général. D’autres se livrent à des comportements qui méritent un traitement judiciaire tout en poursuivant leur carrière. C’est le cas du député Denis Baupin qui fait partie de la petite bande des Verts qui ont rejoint la majorité. Il en a été récompensé puisqu’il occupe le poste de Vice Président aux côtes de Claude Bartolone. Un député qui s’est fait photographier avec des potes, la bouche tartinée de rouge à lèvres pour la journée de la femme. On découvre aujourd’hui, par Médiapart et France Inter, qu’il s’est livré à du harcèlement sexuel, ce qui n’était pas un grand secret dans son entourage politique. On mesure les qualités humaines des pseudo-écologistes qui ont rejoint le gouvernement lorsque l’on en voit la liste avec Jean-Pascal Placé et Emmanuelle Cosse qui… Ô surprise !... a épousé Denis Baupin en 2015. L’aurait-elle couvert lorsqu’elle était à la tête d’EELV ? Elle  et son mari font l’objet de vives attaques sur la Toile. Nous avons eu l’affaire Cahuzac et la découverte de Julie Gayet en début de quinquennat, à quoi doit-on s’attendre en 2017 ?

    La transparence et la moralisation des mœurs politiques restent un vœu pieux. Il ne faudrait plus accepter que la politique corrompe et que des politiques corrompent la politique. Il faudrait refuser les discours corporatifs  lorsque les élus jouent les vierges effarées pour refuser tout contrôle et toute remise en cause de leurs privilèges de plus en plus insupportables. Ils votent des textes liberticides pour les autres et refusent la transparence. Ils s'accrochent au cumul des mandats.

    Nous allons vers les prochaines élections présidentielles dans un climat délétère où l’on finit par se dire que c’est le pire qui sera élu. Le problème reste que le meilleur ne dépasse en généralement pas le premier tour. Les électeurs se retrouvent alors à choisir entre le pire et le « moins pire », entre le fascisme et le conservatisme parfois drapé dans un faux progressisme. C’est au premier tour qu’il faut faire un choix de rupture en votant pour un candidat de gauche qui ne change pas de discours avant et après les élections, un candidat qui ne veut pas tuer la gauche et éradiquer le socialisme, un candidat qui veut plus de démocratie en réformant la constitution de la Cinquième république, un candidat qui remet en cause le professionnalisme politique, un vrai progressiste et non pas un néoconservateur.  Il s’agirait de ne plus accepter les mesures réactionnaires. Le progressisme est un concept social et non pas un détricotage du code du travail, un recul social, sous le masque d’un discours prétendu moderne et parfois présenté comme ni de Droite ni de Gauche. Pour changer de politique, il faut changer aussi les mœurs politiques et ne plus accepter qu’un mandat soit une rente financière et que les carrières se trament dans les arcanes du pouvoir. Le pouvoir doit venir des urnes. Faudrait-il encore que les électeurs mesurent bien les enjeux. Ce n’est pas la grande presse qui les y aide.

     

    U barbutu

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