• Désastre démocratique et social

    Nicolas Sarkozy a donné ses solutions à la crise sociale. Bien entendu il ne s’agit que d’une série de mesures répressives contre les manifestations et les libertés individuelles. Il veut défendre les policiers contre les groupes dits « ultragauches » par de la prison, des dissolutions de mouvements et des assignations en résidences… Mais il ne s’arrête pas là. Il veut faire payer aux organisateurs des manifestations les dégâts occasionnés par les casseurs. Ainsi il place toutes les responsabilités sur le dos des manifestants sans jamais dire le moindre mot sur les bavures policières et les responsabilités politiques qui sont aussi les siennes. Le bâton est sa seule méthode. La carotte, il la réserve à ceux qui financent ses campagnes.

    Avec Nicolas Sarkozy, François Hollande bat les records d’impopularité. Cela ne les empêche pas de croire encore à leur réélection. D’un côté, nous avons un ex-président qui se promène avec un sombrero judiciaire auquel pendent des clochettes qui, de temps à autre, tintent à l’occasion d’un nouvel acte de procédure lancé par un magistrat. De l’autre côté, nous avons un Président en activité qui est coincé entre Valls et Macron dans une fuite en avant libérale avec, pour méthode, l’autoritarisme incarné par Manuel Valls.

    François Hollande aurait même été obligé de faire marche arrière sur une résolution votée par la France à l’Unesco, un rétropédalage tardif et postérieur à la prise de position de son Premier Ministre qui avait déjà désavoué le vote de cette résolution.

    A l'initiative de plusieurs pays arabes, le conseil exécutif de l'Unesco a adopté mi-avril, avec la voix de la France, une décision sur la "Palestine occupée" visant à "sauvegarder le patrimoine culturel palestinien et le caractère distinctif de Jérusalem-Est".  Cela a provoqué la colère du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et plusieurs personnalités juives françaises ont également dénoncé cette résolution en particulier le Grand rabbin de France dans le Figaro. 

    Le 11 mai, c’est Manuel Valls qui déclare, en séance publique à l’Assemblée, que « ce vote n’aurait pas dû avoir lieu ». C’est François Hollande qui semble avoir  cédé le 17 mai sur Europe 1, en jugeant « fâcheux » le vote de la résolution. Cet épisode a donné l’impression que le Premier ministre a désavoué le Président, et qui plus est sur un dossier de politique étrangère, et que le Président s’est incliné.

    Dans la foulée, Manuel Valls s’est rendu en personne à Tel-Aviv pour rassurer Netanyahou. 

    Le Premier ministre est régulièrement accusé de défendre des positions trop favorables à Israël. Ses déclarations lors du dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), en mars, ont à nouveau suscité la controverse. Il avait alors déclaré que l’antisionisme est « tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël ». Il ne supporte aucune critique sur la politique mené par l’Etat israélien, toujours prompt à dénoncer l’antisémitisme.

    En 2010, M. Valls dénonçait déjà le boycott des produits israéliens. Un an plus tard, il faisait partie des 110 socialistes qui s’opposèrent, lors d’un vote du PS, à la reconnaissance de l’Etat de Palestine par l’ONU. Toujours en 2011, quelques mois après son mariage avec Anne Gravoin, il se déclarait « par [sa] femme, lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël », lors d’une rencontre organisée par Radio Judaïca à Strasbourg. Une phrase qui depuis ne cesse d’alimenter les sites Internet complotistes et antisémites de la « fachosphère ». A qui la faute ?

    Valls se prévaut d’être marié avec une femme de confession juive, ce qui n’est pas pris pour  un gage d’objectivité mais davantage comme une déclaration d’amour. Il associe régulièrement sionisme et antisémitisme. Il a jugé le boycott des produits israéliens non pas comme un soutien à la cause palestinienne mais comme une action antisémite. Toutes ces prises de position ne sont pas neutres. Ce n’est pas cela que l’on attend d’un Chef de gouvernement.

    Manuel Valls vient de réitérer sa condamnation du boycott des produits israéliens. « Au fond, derrière ce boycott nous savons bien ce qu’il y a, non seulement la contestation, mais aussi la détestation de l’Etat d’Israël, la détestation d’un foyer juif, et donc des juifs dans leur ensemble, » a déclaré le Premier ministre français à Tel-Aviv. Il recevait dimanche après-midi la plus haute distinction de l’université de Tel-Aviv, où il a lancé un appel aux étudiants israéliens à venir étudier en France : «Cette invitation que je lance n’est pas une invitation en l’air (…) c’est la plus sincère des réponses à ceux qui ne parlent que de boycott », a-t-il affirmé, devant un auditoire largement composé de Français habitant en Israël.

    Dimanche dernier, Manuel Valls, lors de sa visite en Israël et dans les territoires palestiniens, a dénoncé, dans une interview à Radio J, «l’islamo-gauchisme », « ces capitulations, ces ambiguïtés avec les Indigènes de la République, les discussions avec Mme Clémentine Autain et Tariq Ramadan, ambiguïtés entretenues qui forment le terreau de la violence et de la radicalisation ». A la suite de ces propos, la conseillère régionale d’Ile-de-France a menacé, «sans excuse » de la part de Valls, de porter plainte, car elle n’a jamais rencontré l’islamologue suisse. Elle s’explique dans un article sur un blog du Monde que vous pouvez consulter ICI. Elle relève que le Premier ministre veut substituer la question d’identité à la question sociale. Il est évident qu’il remet sans cesse la question identitaire dans le débat, comme le font les politiciens de la Droite et de l’extrême-droite.

    Au moment où la France connaît une grave crise sociale avec des manifestations qui s’amplifient et des grèves qui risquent de paralyser l’activité économique, Manuel Valls est allé réchauffer les liens avec Israël alors que Jean-Marc  Ayrault, Ministre des affaires étrangères, était tout désigné pour cette mission.  Il se permet donc une action de politique étrangère, lorsqu’il s’agit d’Israël. Ce pays serait-il son domaine réservé, puisqu’il semble échapper à celui de François Hollande ?

    Sarkozy, Hollande et Valls seront-ils dans la course présidentielle? En ce qui concerne François Hollande, cette dernière année de son quinquennat s’annonce aussi affligeante que les quatre précédentes. A l’Elysée, ça sent la fin de règne avec ses petits arrangements entre amis.

    Sarkozy paraît mal barré face à Alain Juppé qui serait le favori des sondages. Lorsque l’on regarde les programmes des deux ténors de la Droite, on ne voit pas la différence entre ces deux ultralibéraux, en dehors de la vie plus discrète menée par le sexagénaire. En outre, ce dernier a ses affaires judiciaires derrière lui alors que son cadet les a devant lui. Et Valls ? Son profil de caudillo est de plus en plus marqué. De son visage, on ne remarque plus que le menton agressif et sa petite taille fait de lui un roquet. Le sang lui monte vite au visage et sa nervosité lui provoque des tremblements. C’est un colérique qui est en train de créer une crise sociale à laquelle il oppose l’article 49.3 et la répression policière.

    De son côté, Macron s’est mis en filigrane à l’Assemblée nationale. Il réserve ses interventions médiatiques lorsqu’il est seul devant un micro qu’on lui tend avec complaisance. La presse annonce que son mouvement « En marche » recueille des soutiens comme celui du directeur de Valeurs actuelles, ce torchon réactionnaire et xénophobe, spécialisé dans la stigmatisation des boucs émissaires. Vient s’y ajouter l’appui du maire de Lyon, un socialiste bon teint dans une ville provinciale bourgeoise. Il paraît que le mouvement de Macron marche bien puisqu’il aurait déjà récolté 400.000 €. Pour les libéraux, il n’y a pas de crise financière et tout n’est qu’une affaire d’argent. Nous serions curieux de connaître la liste des donateurs.  Il a dû faire plaisir aux « grand patrons » en s’opposant à Manuel Valls qui voudrait légiférer pour limiter leurs salaires, même si ce n’est encore qu’une menace qui ne sera sans doute suivie d’aucun acte. Il faut laisser les patrons s’autoréguler eux-mêmes. Cela fait des années qu’ils promettent de moraliser leurs agissements et, comme Hollande, ne tiennent aucune de leurs promesses.  Légiférer ? Depuis Sarkozy, cela a été envisagé mais n’a pas été fait malgré les dérives. Macron avait pourtant lui-même brandi cette menace après le scandale des salaires de Carlos Ghosn, patron de Renault/Nissan. L’hypocrisie est le maître mot lorsqu’il s’agit des gros salaires et des parachutes dorés.  Les vœux pieux, c’est comme les promesses électorales, ça n’engage que ceux qui y croient vraiment.

    Qui d’autres à l’horizon 2017 ? La presse libérale aime bien Emmanuel Macron parce qu’il est de la même espèce que les Bruno Le Maire, Laurent Wauquiez, Geoffroy Didier... Ils ont choisi leur camp, celui des patrons et des banquiers. Justement, ce sont ceux qui détiennent les grands journaux. Pour arriver, il leur faut d’abord trahir leurs parrains et sortir de la meute. C’est toujours dans la trahison que se font les carrières. Quelle morale pourrait-on attendre de ces gens-là ?

    Et du côté des femmes? On trouve quelques Sarkozettes en rupture avec leur parrain. A l’orée du bois, Marine Le Pen s’est faite plus discrète. Elle attend son heure. Elle compte récupérer  des déçus de Sarkozy et de Hollande pour mener la même politique économique libérale. La Droite et Manuel Valls œuvrent pour elle, en méprisant les manifestations contre la loi Travail et en instrumentalisant les peurs. Il suffit d’un nouvel attentat pour stigmatiser l’immigration et faire monter encore l’électorat du FN. La radicalisation de plus en plus voyante dans certains quartiers n’arrange rien.

    La France a une classe politique qui ne représente qu’elle-même et se satisfait du taux des abstentionnistes à chaque élection pour reconduire une alternance libérale qui aboutit à la loi Travail imposée à 75% de la population qui la rejette. Les Présidentielles de 2017 s’annoncent comme un désastre démocratique, sur fond de tension sociale. La constitution de la Cinquième république ne fait que maintenir un système dans lequel seuls les politiciens et les lobbies trouvent leurs comptes. Elle devra être l’enjeu des élections à venir. Seule une réforme constitutionnelle pourrait sortir la France de ce marasme politique sur fond de mascarade électorale.

    Actuellement, un seul candidat déclaré promet cette réforme : Jean-Luc Mélenchon. C’est  le seul qui dénonce cette république monarchique qui a satisfait, jusque là, toutes les formations politiques qui ont accédé au pouvoir. C’est bien de l’avenir démocratique de la France dont il s’agit et, sans vraie démocratie, il n’y a pas de progrès social.

    U Barbutu

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