• Dette et austérité = déflation et chômage

    Christophe Ramaux , économiste atterré, était interviewé récemment sur les ondes de France Info ( interview éco). Il est notamment l’auteur du livre « Le socialisme, c’est maintenant », édité en 2012. Il écrit dans le journal en ligne Politis.

    ramaux_franceinfoChristophe Ramaux a commenté la décision de la BCE de racheter  pour plusieurs centaines de milliards de dette publique. Pour lui cette mesure va dans le bon sens même si elle est tardive mais ne suffira pas (si les politiques d’austérité sont maintenues) à enrayer la déflation, c'est-à-dire la baisse générale des prix qui aura pour conséquence le retard des achats, la baisse de la demande bancaire et de nouveaux licenciements.  Plus les prix baissent et plus la demande bancaire se raréfie, moins le privé investit et crée des emplois. Il utilise un dicton « On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif », proche de celui connu en Corse : « Ùn vale à fischjà sì u sumere ùn vole beie[1] ». Le rachat d’une partie de la dette publique (titres d’emprunts publics) aux établissements bancaires a pour objectif de favoriser les emprunts privés et donc les investissements en réinjectant du capital bancaire, c’est-à-dire des liquidités. Faut-il encore que les demandes suivent. Les investisseurs risquent de rester sourds aux offres d’emprunts. Selon l’économiste, la décision de la BCE est positive mais elle ne règlera pas le problème de la demande insuffisante dans la zone euro. L’austérité budgétaire et l’austérité salariale plombent la demande.

    Il prend la Grèce pour exemple. C’est le pays où la politique d’austérité a été la plus aggravante de la situation économique. C’est là où ils sont allés le plus loin dans l’austérité budgétaire et l’austérité salariale. Cette politique a été la plus brutale en Europe. Les retraites ont été baissées de 30%, les salaires de 20%, ce qui a entraîné une chute du Produit Intérieur Brut (PIB), de sa croissance évaluée à moins 25 points depuis le début de l’austérité,  alors que les investissements ont accusé une baisse de 60%. Le pouvoir d’achat a baissé de 30 points. Cette politique d’austérité conduit de façon moins brutale d’autres pays aux mêmes résultats : le Portugal, l’Espagne et l’Italie. La France c’est la politique d’austérité qui fait stagner l’économie.

    Ce sont les pays qui ont fait de l’austérité à cause de la dette publique qui ont vu chacun leur dette publique le plus augmenter. La dette publique a augmenté en Grèce, en Espagne, en Italie de 20 à 30 points ces trois dernières années, alors qu’elle n’a augmenté en moyenne de 5 points ailleurs en Europe. Les politiques d’austérité ont fait progresser le chômage et la pauvreté, en aggravant considérablement  les dettes publiques.

    A la question de savoir si Sirysa a raison de vouloir effacer une partie de la dette publique de la Grèce, la réponse est oui sans hésitation et même le FMI convient que ce pays supporte une dette insoutenable. Pour cet économiste, les politiques d’austérité mènent donc des pays à la déflation si la politique d’austérité est maintenue et si une partie de la dette publique n’est pas effacé pour les pays les plus endettés. L’Allemagne ne sera pas à l’abri de la déflation et nous avons vu que Angela Merkel ne peut plus afficher une croissance au beau fixe.

    Concernant les 300 milliards pour des grands chantiers européens promis dans le plan Junker, Christophe Ramaux rappelle qu’il s’agit de 20 milliards d’argent frais avec le pari que le secteur privé va suivre pour le reste. On retombe dans le problème de la demande. C’est un pari qui ne tiendra pas. Ce n’est pas gagné avec la poursuite des politiques nationale d’austérité imposées par la commission européenne sous la pression de certains pays, notamment l’Allemagne.  Ces politiques d’austérité ne sont pas remises en cause. Elles bloquent la croissance et la création d’emploi.  

    Pour Christophe Ramaux, la dette n’est pas le seul et principal problème de la Grèce, le principal problème est l’austérité.

    Les Economistes atterrés avaient publié en 2011 un manifeste qui s’était vendu à 100.000 exemplaires et viennent d’en publier un nouveau.

    Pidone


    [1] Inutile de siffler un âne qui ne veut pas boire ( n’a pas soif).


    Christophe Ramaux, des « économistes atterrés... par FranceInfo

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