• Double fracture, sociale et politique.

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    Les politiciens de haut vol (Vous apprécierez le côté polysémique de ce mot) finissent tous par atteindre leur niveau d’incompétence lorsqu’ils sont hissés à des postes importants. Le principe de Peter (syndrome de la promotion Focus)  est constant. Après Sarkozy, Hollande le perpétue. Depuis Chirac et l’importance électorale prise par le FN, les Présidents de la république sont élus par défaut et avec un socle de légitimité réduit à la petite majorité des suffrages exprimés.  

    L’incompétence est visible au plus haut niveau de l’Etat. Depuis plusieurs années, nous avons vu se succéder des gouvernants qui n’ont jamais su anticiper les crises économiques et qui souvent ont donné une image désastreuse du monde politique. Dans les grands partis, la sélection se fait dans l’antichambre. Chaque direction de parti est verrouillée par des chefs et leurs barons, chargés d’éliminer toute autre ambition personnelle en tuant dans l’œuf toute intelligence politique menaçant leur leader chip. Le monde politique est devenu une association de cercles fermés avec ses éléphants et ses jeunes coqs sans idéologie autre que le libéralisme et la loi de la jungle. Le maintien du suffrage majoritaire et le contrôle des grands médias ont bloqué l’émergence et le développement de toute autre force politique. Un quarteron de partis est en place. Le débat politique n’est plus un débat d’idées mais l’affrontement ou l’alliance d’intérêts particuliers. Le  conservatisme s’est installé durablement.

    Dans ce contexte, nous avons vu les scandales politiques se multiplier et une élection apparaît d’abord comme tributaire des frais de campagne. Le succès dépend de la capacité financière de chaque candidat. Quel est l’enjeu ? Le pouvoir et l’argent !  Hermann Hesse écrit justement dans « Le loup des steppes » que « L'homme de pouvoir est détruit par le pouvoir, l'homme d'argent par l'argent, l'homme servile par la servilité, l'homme de plaisir par le plaisir ». Le candidat élu  se laisse vite grisé et celui qui, une fois, a goûté à l'ivresse de la domination et du commandement ne peut plus s'en passer. On l’a vu. Lorsqu’il sort dignement par la grande porte, il cherche immédiatement une fenêtre ouverte pour revenir. 

    La constitution de la Cinquième république a établi un système qui favorise le conservatisme et fait du Président de la république un monarque républicain. Son ascension politique dépend de son pool d’amis riches. Ce système pourrit  la démocratie et le pluralisme depuis des années. Il est aujourd’hui au service de castes politiques et financières. Il a fait des élections une mascarade et le seul parti qui progresse réellement est celui des abstentionnistes. Comme les votes blancs ne sont pas comptabilisés, le vote FN a été institué en « vote protestataire » et l’extrême-droite en bénéficie pour justifier in fine le vote dit «républicain».  Bientôt nous aurons des politiciens élus avec 50,1% des moins 50% de votes exprimés. Chirac avait parlé de fracture sociale sans en tirer de leçon.  La fracture est double : elle est sociale et politique. Les élus et les grands partis ont des socles électoraux de plus en plus réduits et leur légitimité s’amoindrit alors qu’ils occupent toujours le devant de la scène politique. La majorité des Français ne se reconnait déjà plus dans les partis en place. Quant à ce qui reste de la gauche qualifiée d’extrême-gauche, elle est muselée par les médias, stigmatisée et mise sur le même plan que l’extrême-droite qui, depuis des années, est largement médiatisée pour, au moment des élections, servir d’épouvantail et provoquer le vote dit « républicain » en faveur de l’UMP ou du PS.

    Le jeu politique est truqué, pipé, manipulé… L’électeur est considéré comme un « gogo » qui pense comme les médias l’éduquent. On lui raconte des histoires manichéennes entre le bien et le mal, la carotte et le bâton. Le système majoritaire à deux tours favorise les arrangements électoraux. Des élections il sort une légitimité de façade d’une élite politique coupée des réalités sociales et chez laquelle domine la seule idéologie ultralibérale.

    Ce sont les bases de la démocratie qui sont ainsi fragilisées par ceux qui cherchent les suffrages comme un constructeur de voiture cherche des clients. Ils vous expliquent qu’ils sont les plus compétents, les plus justes, les plus humains… Ils paient des campagnes électorales aux allures de campagnes publicitaires coûteuses mais, contrairement aux constructeurs d’automobiles, ils ne vous vendent que des promesses sans aucune garantie après vente. L’abstention et le vote blanc ne sont pas pris en compte. Le vote de protestation FN est un leurre qui pourrait se retourner contre ceux qui s’en servent.

    La politique ? Oui, c’est autre chose que ce marché  des vrais mensonges et des fausses promesses.  Un représentant du peuple ? Oui, c’est quelqu’un d’autre qu’un politicard qui s’impose par des mensonges et grâce à l’argent des lobbies. Ce n’est certainement pas à la tête des partis trop bien en place que nous trouverons un politicien qui se respecte. A ce monde de « politicards » avec tout ce que terme contient de connotation péjorative, on  ajoute la dynastie Le Pen à la tête du FN, on obtient la photo d’une grande famille que l’écrivain François Mauriac aurait décrite comme un nœud de vipères[1]. Ne parlent-ils pas tous de familles politiques. En effet les candidats sont comparables à la femme, aux enfants, aux petits-enfants qui convoitent, attendent,  souhaitent, désirent l'héritage ...   et l'héritage  serait le bulletin de vote de l'électeur ?

    Malgré cela, nous persistons à espérer que les valeurs de la république « Liberté, égalité, fraternité » et les conditions d’une réelle démocratie s’instaureront un jour pas trop lointain avec une sixième république, avant qu’il ne soit trop tard pour croire encore au bonheur. Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche aux dernières présidentielles, est un des rares politiques à évoquer le bonheur dans ses discours. Cela change de la seule vision budgétaire, du remboursement de la dette et des autres leitmotivs du pouvoir en place. Sur le site Témoignage Chrétien, il a évoqué son idée du bonheur, notamment en politique. Pour le lire cliquer ICI.

    Le Front de gauche est porteur d’espoir. Il ne devra pas décevoir. L’année prochaine, nous serons encore plus nombreux et,  par un prompt renfort, nous atteindrons le port en bravant les tempêtes. Si le vent nous manque, solidaires nous ramerons ensemble. Le vent de l’histoire, lorsqu’il se lève, nous pousse sans que nous ayons besoin de tirer des bords. Le bon cap est plus que jamais à bas-bord. Tenons la barre fermement. Si le capitaine de pédalo continue à faire contre-gite sur le tribord, il passera par-dessus le pont aux prochaines élections présidentielles. Nous nous souvenons du candidat et de sa longue anaphore pleine de promesses électorales, la fin de son mandat pourrait être métaphoriquement marine et tragiquement FN. Hors de la gauche, point de salut !

    Fucone



    [1] Hervé Bazin a écrit un ouvrage sur le même thème de la famille « Vipère au poing ». On pourrait dire que chaque politicien (pour reprendre la dernière phrase du roman) « avance avec une vipère au poing », ce qui décrit les rapports au sein d’une même famille politique. 

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