• Est-ce le moment de la clarification ?

    Est-ce le moment de la clarification au PS ?François Hollande a de plus en plus le regard de Buster Keaton sur le visage de Louis XVI. Il est devenu un comique triste, un roi grotesque avec sa favorite, ses courtisans et ses vassaux.  Le 8 mai dernier, lors de la cérémonie officielle devant la flamme du soldat inconnu, il a voulu défendre son bilan en l’associant à la victoire de 1945, alors  que son joker libéral Emmanuel s’est occupé de récupérer le mythe de la pucelle d’Orléans.  Le 8 mai 1945, c’était la fin de la guerre contre le nazisme. C’était aussi les grandes idées du Conseil de la résistance. Le 8 mai 2016, c’est la loi Travail et l’usage abusif de l’article 49.3 de la constitution.

    Et le bilan de quatre années d’exercice d’un président qui a trahi ses électeurs ? Aux pieds du soldat inconnu, Hollande a solennellement fait preuve de son autosatisfaction coutumière qui est devenue la feuille de route de tous ses communicants. Le fil de l’argumentaire est le leitmotiv présidentiel : « Nous avons bien redressé le pays depuis quatre ans.» C’est dit en écho à son « La France va mieux ». Et d’écho en échos de sa garde prétorienne, la méthode Coué est devenue le mode de communication hollandien. Les 600 000 chômeurs supplémentaires depuis mai 2012 apprécieront. Il est improbable que la méthode Coué agisse sur eux.  Surtout que l'article 52 de la loi Travail ne fait qu'aggraver leur situation.

    Hollande  ajoute : «Je fais en sorte qu’il puisse y avoir un certain nombre de redistributions qui se fassent dans la maîtrise de nos finances publiques. » Les magistrats de la Cour des Comptes doivent bien rigoler de leur ancien collègue. Les déficits dépasseront les 300 milliards d’euros fin 2016. A part Nicolas Sarkozy et son quinquennat où la dette a progressé de plus de 500 milliards, personne n’a fait pire.

    Concernant la redistribution dont il parle, il se croit obliger de préciser : « Il ne s’agit pas de cadeaux qui devraient être faits. Je n’ai pas cette conception-là ».  Il veut sans doute parler des 1,6 milliards pour fabriquer des emplois fictifs temporaires pour les jeunes et des 32 milliards d’euros annuels de la formation professionnelle , des 2,4 milliards pour relever le point d’indice des fonctionnaires et des 265 millions d’euros de primes pour les instituteurs. Tout cela est bien tardif et fait dire à la Droite que ce sont des frais de campagne électorale mis à la charge du contribuable. Et les milliards du CICE qui n’ont pas créé d’emploi mais ont servi à régler des dividendes aux actionnaires et les augmentations de salaires des patrons ? Il a oublié les vrais cadeaux fiscaux que la Droite trouve insuffisants. Les cadeaux, il les a fait au patronat et aux actionnaires. Maintenant, il fait du sous-poudrage électoral et tente d'inverser la courbe du chômage comme il le peut.

    Hollande assure que, « lorsque l’effort a été mené, lorsque les comptes publics sont redressés, il faut qu’il y ait un soutien à des catégories qui ont participé à l’effort ». Il se moque du monde. Deux jours plus tard, Valls a recours au 49.3 pour imposer la loi Travail et attise la guerre sociale qui est entrain de s’aggraver. On comprend que les mesures envers ceux qui ont subi la crise ne sont qu’une cosmétique sociale préélectorale. Pendant quatre ans, il a apporté son soutien au patronat et aux actionnaires qui n’ont fourni aucun effort. A celles et ceux qui ont subi la crise et à qui il a imposé des efforts, il propose une précarité aggravée par la casse du code du travail.

    Faut-il en rire ?

     

    Le 8 mai 2016 ne sera pas une victoire de la Gauche.  C’est le début d’une guerre sociale dont tout le monde ignore les conséquences. Celui qui se dit un homme de compromis aura amené la France à l’ultralibéralisme avec le projet de ranger le socialisme au musée des souvenirs trahis. Ses compromis sont une trahison des valeurs de la gauche et ne sont que des reculs sociaux. Le 49.3 n’est pas fait pour un armistice social. Il conduit le Parti socialiste à de sérieux revers électoraux. Cette période de collaboration libérale risque d’installer une Droite plus arrogante qu’auparavant avec un glissement vers l’extrême-droite mettant en péril les libertés individuelles et le vivre ensemble.

    Est-ce le moment de la clarification au PS ?La liste des griefs est  longue : état d'urgence permanent, régression sociale, répression… mais aussi absence de vison globale, hypocrisie en matière d’écologie de celui qui  se prétend   leader international sur le sujet. La France préside la COP 21. Quelle belle affaire ! L’article 49-3 est l’arme de la trahison en même temps qu’un déni de justice, qu’une brutalité. Les gesticulations des frondeurs ne maintiennent plus l’illusion d’une aile gauche au PS.  Manuel Valls veut une clarification. Il ne supporte plus celles et ceux qui ne veulent pas suivre « la voie qu’il propose », sa conception de la social-démocratie. Monsieur 5% aux primaires socialistes de 2012 (bon dernier) a, avec Hollande, imposé son idéologie libérale et ses méthodes musclées au PS. La déviance libérale du Parti socialiste est le résultat des mensonges électoraux et de la mainmise opérée sur sa direction par des socio-traitres. Le socialisme ne fait déjà plus partie du fond idéologique du PS. L’étiquette ne correspond plus au contenu. On doit rappeler que Manuel Valls le voulait ouvertement avant d’être nommé Premier Ministre, puisqu’il avait suggéré d’en modifier l’appellation en abandonnant « socialiste ». Toutefois, on se demande pourquoi il a adhéré à ce parti à l’affiche socialiste puisque le socialisme est selon lui archaïque et se trompe depuis cent ans. Aurait-il fait de l’entrisme pour extirper une idéologie qu’il a toujours méprisée ? Pour Manuel Valls, la Gauche de lutte est confortable et abstraite. Ce qui l’intéresse, c’est le pouvoir, c’est-à-dire une pseudo-gauche gestionnaire, car il tient à son appartenance à une gauche qu’il veut redéfinir sans que l’on en comprenne les contours en dehors d’une gestion libérale autoritaire. Quel mépris envers les luttes sociales et les principes fondateurs du socialisme ! Quelle adhésion au système de l’alternance libérale ! Quelle régression du combat politique !

    Valls veut une clarification. C’est le moment de dire : Basta ! La rupture radicale avec le PS et tous ses représentants est salutaire pour la Gauche. Ceux qui, au PS, se sentent trahis par leur dirigeants et leurs gouvernants n'ont qu'à prendre leur responsabilité et rejoindre une gauche alternative au lieu de cautionner l’alternance libérale.

     

    Battone

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