• Fortune à l'abri contre abris de fortune...

     

    Il y avait les dispositifs Scellier, Robien, ZRR, résidences hôtelières, loi Bouvard, loi Girardin, loi Malraux et Monuments historiques… Voilà la Loi Duflot, proche de la loi Scellier,  qui crée une nouvelle niche fiscale pour les acquéreurs de logements neufs ou en état futur d’achèvement destinés à la location. Le propriétaire du bien immobilier s’engage à louer le logement nu à usage d’habitation principale pendant une durée minimale de 9 ans. Lelogement ne peut être loué à un ascendant ou à un descendant, ou toute personne du même foyer fiscal. Les éléments de cette loi sont consultables en cliquant sur l’adresse suivante :http://duflot.org/

    Cette nouvelle loi est faite pour augmenter le parc locatif et aider la construction de logements neufs. Elle va aussi permettre aux propriétaires de transformer leurs impôts en patrimoine immobilier. L’ouverture de la location à un ascendant ou un descendant du propriétaire a dû déjà aiguiser l’imagination des spécialistes de la défiscalisation. Ceux qui ont les moyens pourront ainsi loger leurs parents ou leurs enfants comme étant leurs locataires et profiter des avantages fiscaux. En France, il y a toujours dans les lois fiscales une faille propice à l'abus.

    Cécile Duflot  travaille en outre pour trouver un dispositif censé protéger contre les impayés de loyers, appelé "garantie universelle des revenus locatifs". Elle voudrait instaurer une "sécurité sociale du logement" alimentée par les  contributions des propriétaires et des locataires à parts égales sous forme d'un prélèvement d'un pourcentage du loyer. Ce prélèvement alimenterait un fonds géré par l'Etat et permettrait d'indemniser les propriétaires. Parallèlement, un suivi social du locataire serait opéré.

    Une autre option libérale serait envisagée en rendant l'assurance privée contre les loyers impayés obligatoire, comme pour l’automobile ou habitation. Elle serait donc du ressort des seuls  assureurs qui ne sont pas réputés pour le traitement humain des litiges. L’objectif  de la garantie universelle des loyers est  d’encourager les propriétaires à louer leurs logements et d’éviter, autant que faire se peut, les expulsions.

    Il faut trois ans pour qu’un logement neuf soit mis à disposition. Le renforcement de la politique d’hébergement social reste une urgence. En attendant des logements neufs, la précarité jette des gens à la rue. Certains se construisent eux-mêmes des « abris de fortune »…  On devrait dire des « abris d’infortune » !

    Abris  de fortune ! Cette expression est un cruel oxymore ! Non il ne s’agit pas de châteaux ou d’appartements parisiens de 280m2 au prix de 7 Millions d’euros. Ce sont des cabanes faites de bric et de broc. Elles ne sont pas construites par des enfants comme lieux de  jeux mais par des SDF indigènes ou exilés. Elles constituent des résidences principales, symboles de la grande précarité. Nous sommes en période d’expulsion et, chaque jour, des locataires se retrouvent à la rue. Certains sont venus de l’Etranger avec leurs « valises en carton » qu’ils posent dans des abris en carton. Les loyers ont atteint des niveaux de prix et de garanties demandées qui excluent nombre de travailleurs. En France, on peut avoir un travail et ne pas pouvoir se loger.

    Fortune à l'abri contre les abris de fortne? Antimétabole pour la loi Duflot et le projet de garantie universelle des loyers qui vont mettre à l’abri les fortunes des propriétaires incités à investir dans l’immobilier locatif. Ces mesures ne répondent pas à l’urgence et à l’ampleur de la situation. La mesure d'urgence est la réquisition des logements vides. Par ailleurs, il est intolérable que des communes ne respectent pas les quotas de logements sociaux fixés par la loi et, en premier lieu, les communes riches comme celle de Nicolas Sarkozy.  Le logement social reste la réponse à la crise et doit empêcher par son importance quantitative, la spéculation sur les terrains, les constructions et les locations.

    En ce qui concerne les aides de l’Etat, il apparaît nécessaire de revenir sur la notion de zonage qui a des effets très négatifs sur les populations car elle exclue ceux qui résident dans les territoires hors délégation « aide à la pierre » et dans les communes rurales en général. C’est injuste, comme l’a souligné le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre, car l’habitat y est souvent de médiocre qualité. Les communes rurales sont  pénalisées car la politique des zones tendues concentre tous les financements vers les grands centres urbains où elle accélère la spéculation foncière et immobilière. Elle a privé nombre de bourgs et de communes rurales des aides à la pierre nécessaires pour  maintenir leur niveau de population, préserver leurs services publics, leurs petites entreprises et leurs commerces. Elle contribue à une répartition déséquilibrée des autorisations de construire de l’État. Les bailleurs renoncent à construire sur ces territoires où ils n’assurent pas l’équilibre des opérations. Malgré cela, la Ministre se prépare à confirmer, voire à aggraver cette politique inadaptée.

    La mise en place de la garantie universelle des loyers risque d’aggraver les prix puisqu’il est question d’un pourcentage pris sur les loyers. Pour le Front de Gauche, la proportion du loyer et des charges dans le budget des familles ne doit pas excéder 20% du revenu mensuel. Le logement social doit constituer une réponse publique aux besoins de logements de tous les français. Il doit permettre l'accès au logement public de tous en donnant priorité aux revenus les plus modestes, aux familles les plus fragiles, et aux jeunes.

     

    abridefortune

    L’abri de fortune, « shelter » en anglais, est le thème d’une exposition photographique présentée par la galerie Voies off, 26 Rue Raspail, 13200 Arles  (Tél.04 90 96 93 82)  jusqu’au 9 juin. Les images témoignent sans misérabilisme et sans chercher le sensationnel. Elles rendent compte des conditions de vie qui ne riment pas avec « bonne fortune ». Ce travail  fait l’objet d’autres projets : un livre et un film.

    Présentation par le photographe Henk Wildschut :

    A proximité́ du port de Calais il y a une zone de quelques centaines de mètres-carrés connue sous le nom de « La Jungle ». Les personnes qui occupent ce domaine ont parcouru des centaines de kilomètres pour y arriver, et leur voyage n’est pas encore fini. Calais est le point de départ de leur traversée finale, leur dernier espoir. En provenance d’Irak, d’Afghanistan, du Pakistan, de Somalie, du Soudan et du Nigeria, ces milliers de réfugiés sont à la recherche d’une vie meilleure en Grande- Bretagne, la destination de leurs rêves.

    En attendant l’occasion de faire cette grande traversée, ils construisent des abris temporaires : sortes de tentes faites de déchets provenant des environs immédiats du camp. Dans le meilleur des cas, les caractéristiques culturelles du pays d’origine les distinguent aÌ€ peine entre elles.

    La façon dont les besoins fondamentaux de la vie se manifestent dans ces abris constitue le leitmotiv de ce projet de photographie documentaire, pour lequel j’ai beaucoup voyagé aÌ€ Calais, dans le sud de l’Espagne, aÌ€ Dunkerque, Malte, Patras et Rome. Pour moi, l’image de l’abri - partout ouÌ€ il se trouve en Europe - est devenu le symbole de la misère que connaissent ces réfugiés. »

    Battone

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