• Hollande va-t-il se déboucher l'oreille gauche?

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    Décidément Jean-Marc Ayrault partage l’autisme de François Hollande. Il a fait encore appel au front républicain en déclarant qu’il a perçu le doute et l’inquiétude dans le vote du premier tour. Il a démontré encore une fois qu’il n’avait rien compris, ni le langage des chiffres ni le langage des hommes. Il s’agit de trahison et de colère. Diaboliser Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche, voilà l’attitude des Solfériniens qui les a conduits à la déroute électorale. Selon eux, la radicalité devrait s’effacer devant la compétence et abdiquer au bénéfice de progrès insensibles comme l’inversion de la courbe du chômage. Ils veulent ménager pour aménager en réduisant l’action politique à l’impuissance face à la machinerie libérale de la domination. Ils devraient lire plus attentivement par exemple Foucault lorsque ce dernier dit une réalité historique : « Les transformations réelles et profondes naissent des critiques radicales, des refus qui s’affirment et des voix qui ne cassent pas ». Minimiser systématiquement les manifestations populaires par des chiffres de participants ridicules n’a fait que radicaliser davantage tous ceux engagés dans des luttes sociales. Ce comportement droitier n’a pas rapporté une seule voix centriste au PS et François Bayrou a rejoint sa famille politique pour se présenter aux élections municipales de Pau et mettre un terme à ses mauvais résultats électoraux.

    Quelques caciques du PS ont perçu le danger du manque de lucidité du premier ministre et demande de façon pressante un remaniement ministériel. Certains disent qu’il faut tirer les leçons de la défaite et de la colère exprimée.  Cet aveu n’est suivi d’aucune proposition concrète mais vise simplement à limiter les dégâts au deuxième tour des élections. Quelles promesses viendront après ?

    Comment ne pas revenir sur les deux ans passés ? Deux ans pendant lesquels le pouvoir socialiste a méprisé cette colère qui grandissait. Deux ans d’une politique de droite avec des décisions que la Droite n’aurait jamais osé imposer. Deux ans de soumission à la Troïka, à Angela Merkel, à José Manuel Borroso et à Barak Obama.

    Le pouvoir socialiste a voulu faire passer des reculs sociaux comme des décisions courageuses et l’échec économique de ces mêmes décisions comme dû aux effets à long terme de la crise financière.

    Quel courage ? Celui d’enfiler les  souliers de Nicolas Sarkozy et de marcher au même pas que lui ? Le courage devrait consister à servir notre moyen collectif d’être libres, au lieu de tout faire pour nous asservir à la poursuite illusoire d’un accroissement de richesse qui ne vient plus. Le courage devrait consister à respecter la promesse d’un changement de société vers plus de justice sociale. Le courage se serait exprimé par une politique de gauche et non pas un suivisme de droite. Le courage aurait été de combattre une économie de rente, de spéculation, de parasitisme qu’est l’économie des marchés financiers.

    Que va nous dire François Hollande au lendemain du deuxième tour des élections ? Va-t-il nous répéter : « «  Le parti socialiste a un passé de conviction, ce ne sont pas les miennes alors je change le parti » et ajouter «  On veut que je change de cap alors je change de Premier ministre pour garder le même cap».

    Du courage, il fallait en avoir d’abord pour respecter les intentions de la campagne présidentielle qui apparaissent aujourd’hui comme une tromperie.

    Le changement, c’est maintenant. On se souvient du slogan accompagné de « J’ai un ennemi, c’est la Finance ». Le mot « changement » doit avoir un sens particulier chez François Hollande. Il doit être un élève d’Héraclite d’Ephèse qui a dit : « Rien n'est permanent, sauf le changement. » A moins qu’il ne soit adepte de Bouddha à qui on attribue : « Il n’existe rien de constant si ce n’est le changement ».  Lorsqu’il parle de changement, ne s’agit-il que des personnes ?

     « Je serais le président, si je dois être élu, des gens qui ont voté pour moi, mais aussi de ceux qui ont voté contre moi. » Quelle tartufferie cette phrase de campagne électorale ! Depuis son élection, il a été le président des gens qui ont voté contre lui et a perdu une grande partie des gens qui ont voté pour lui ou contre Sarkozy. Il suffit de consulter sa côte de popularité pour s’en apercevoir. Ceux qui ont voté contre lui, votent encore contre lui.  Avoir une majorité ne permet pas de jouer contre une partie des électeurs qui ont contribué au départ de Nicolas Sarkozy. Miser sur le vote utile a eu deux conséquences : la montée du Front national et de l’abstentionnisme. Il n’y avait pas besoin des élections municipales pour le prévoir.

    Nous attendons, sans nous faire d’illusion, ce « changement » qui n’est pas venu et, pour commencer, par des réformes constitutionnelles, une Sixième république plus démocratique qui mettra la France à l’abri de la dérive monarchique que nous connaissons et qui permettra à tous les électeurs d’être entendus et représentés.

    Il faudra autre chose qu’un changement de premier ministre et de gouvernement pour faire oublier deux années d’autisme politique. Il faudra des « paroles neuves » certes mais surtout des actes.

    Rappelons à nos élus ce que Philippe-Joseph Salazar dit de la rhétorique.  Selon le rhétoricien et philosophe français, cet art oratoire se fonde sur trois valeurs démocratiques : ce qui est « juste », ce qui est « utile » et ce qui est « valable ».  Sans cela, la rhétorique ne sert pas la démocratie. Elle est alors la manipulation par le verbe et le discours, souvent perçue comme un attribut du pouvoir politique. Seuls les actes et les résultats seront pris en compte à l’heure des élections malgré d’ultimes péroraisons, en sachant que la fin ne justifie pas toujours les moyens lorsque leur choix est d’abord dicté par des intérêts particuliers au détriment du plus grand nombre. C’est le bilan social qui prévaudra sinon à qui servirait le bilan économique ?

    Aux électeurs, Voici le message à faire passer : « La vérité est si obscurcie en ces temps [nous ajouterons : de campagne électorale] et le mensonge si établi, qu'à moins d'aimer la vérité, on ne saurait la reconnaître. » (Pascal). Ajoutons pour conclure une citation du poète lumineux René Char : « Ce qui suscita notre révolte, notre horreur,  se trouve à nouveau là, réparti, intact et subordonné, prêt à l’attaque, à la mort. Seule la forme de la riposte restera à découvrir ainsi que les motifs lumineux qui la vêtiront de couleurs impulsives ».

    Battone

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