• Jean Nicoli au Théâtre...

    Les passagers de la SNCM connaissent le nom de Jean Nicoli parce que la compagnie maritime l’a donné à un de ses bateaux comme cela avait été fait pour Danielle Casanova. Ces deux héros de la Résistance nous renvoient à des heures sombres que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Toutefois ils sont des exemples dont le souvenir doit être entretenu. Ils apparaissent aussi comme des personnages romantiques qui doivent intéresser la littérature, le cinéma et le théâtre. Ainsi, une pièce de théâtre consacrée à Jean Nicoli termine sa tournée à Marseille et Bastia.

    La vie de Jean Nicoli.

    De la Colonie à la Résistance

    Noël Casale

    Mise en scène Noël Casale

    Avec Edith Mérieau et Moustapha MBoup

    Scénographie, costume(s) Anne Lezervant

    Lumière Marie Vincent

    Durée 1h10

     

    jean_nicoli_fficheNoël Casale aime raconter des histoires : la sienne, celle des gens, de leur famille, de leurs voisins, celle de la Corse, celles qui vivent dans les corps  et les mémoires. Il nous raconte, ici, l’histoire de Jean Nicoli, étonnant personnage, héros de son enfance, fondateur et dirigeant de la Résistance communiste en Corse dès l’armistice de 1940. Ce célèbre instituteur corse est arrêté en juin 1943, condamné à mort et exécuté brutalement deux mois après.

    A partir de journaux de l’époque, de photographies, de lettres, Noël Casale réécrit à travers le regard de Jeanne Nicoli l’histoire de son héros de mari aux engagements politiques sans concession. Il a été membre de la SFIO puis du parti communiste. Il fut un grand résistant au nazisme et au fascisme. Il l’a payé de sa vie.

    Noël Casale s’explique : « Je suis né à Bastia en 1960 d’un père corse et d’une mère espagnole dans une famille d’ouvriers communistes. Jean Nicoli et ses camarades de lutte dans la résistance au fascisme durant la seconde guerre mondiale ont d’abord été (pour moi) des héros de mon enfance. C’est à la lecture de son journal d’Afrique (il y a quelques années) que j’ai découvert l’homme qu’il avait été avant la guerre.Parti instituteur de la République au Soudan français en 1925 (Mali actuel), il y décèle très vite les pires aspects de la colonisation. Sa conscience politique s’éveille et se forme dans la brousse et le long du fleuve Niger. Retour en France en 1935. Membre du Parti Communiste, fondateur et dirigeant de laRésistance communiste en Corse dès l’armistice de 1940, il est arrêté par l’occupant italien en juin 43, condamné à mort et exécuté brutalement deux mois plus tard. On rend à la famille un corps sauvagement décapité.Dès ma découverte de cette vie – de cette métamorphose (De la Colonie à la résistance) – j’ai eu l’envie et l’intuition d’un travail théâtral ».

    Il a alors écrit une dizaine de récits portés chacun par un personnage (un compagnon d’armes, un administrateur colonial, un fasciste italien, un de ses anciens élèves…) avant de constater que Jeanne Nicoli, l’épouse du héros, occupait de plus en plus de place. Elle est morte d’un cancer en 1935, à l’âge trente sept ans. C’est donc Jeanne qui parle seule au public. « C’est l’histoire d’une femme qui en nous parlant d’elle à travers d’autres – avec l’histoire des autres – essaie de penser ce qui est arrivé, ce qui arrive, ce qui pourrait arriver.» nous dit l’auteur. On l’écoute et nous sommes en Corse, c’est la guerre. Puis au fin fond de la brousse ou sur les rives du Niger, quinze ans avant, un jour de tornade – un vieillard noir épuisé par des travaux forcés vient de se pendre. Retour en Corse, leur enfance et celle du siècle. L’Afrique encore, par les lettres de protestation que Jean écrit pour des tribus maltraitées, par ses premiers engagements politiques, puis nous voici attablés avec des anciens combattants aujourd’hui en Corse, en plein midi l’été, il fait chaud, ils se souviennent. Le rôle  été confié à Edith Merleau. Le couple avait une fille Francette décédée en mai 2012.

    Un extrait :      

    Jeanne Nicoli:

    "(…) - Le 30 août 1943, le corps de mon mari a été rendu à sa famille, la tête entre les pieds.

    On s'est toujours demandé pourquoi il a été décapité.

    Condamné à mort, il devait être fusillé, mais fusillé dans le dos et ça, pour lui, pas question !

    Comme je ne suis pas ici pour dissiper des mystères, mais pour essayer d'en remettre quelques-uns en lumière, je ne vous dirais pas pourquoi ces salopards de fascistes italiens lui ont coupé la tête. C'est une affaire entre eux et lui et tout d'abord entre le premier à avoir brandi une hache et lui.

    Une hache.

    Décapité sauvagement.

    À la hache.

    Le type plein de muscles et de fureur qui a été le premier à se ruer sur mon mari les yeux exorbités – appelons-le Giovanni.

    Lui, Giovanni, mon mari, Jean.

    Supposons que les autres ont crié son nom avant qu'il ne lui hurle qu'il n'aurait été qu'un fils de pute. Mais une fois le premier coup porté, mon mari en a entendu de toutes les couleurs - fils de pute, pédé, enculé (manquer à ce point d'imagination, pour des descendants de Dante et de Pétrarque, quelle misère). Il y en a eu aussi après le dernier coup mais ça n'a pas duré. Ils ont eu de quoi s'occuper. Le soulever, le trimballer, l'emballer, le jeter dans un camion, nettoyer le lieu de leur crime (qui demeure lui aussi mystérieux), se laver les mains et le ramener en ville. Oui, je le sais, je viens de vous dire que l'on ne sait pas où il a été tué et vous venez d'entendre qu'on l'a ramené en ville.

    Permettez-moi d'étayer une rumeur.

    Un jour, bien des années après la mort de Jean, une dame maintenant très âgée a rencontré mes enfants pour leur raconter ceci. Elle leur a dit qu'en ce matin du 30 août 1943, elle avait dix ans et qu'elle habitait dans une petite et vieille maison à proximité du cimetière de Bastia. Réveillée juste avant le lever du jour par un remue-ménage inhabituel derrière les cloisons de sa chambre, elle aurait entendu son père murmurer à sa mère, N'allume pas la lumière et ne fais pas de bruit, ils sont en trainde tuer Jean Nicoli.

    Jean Nicoli, c'était mon mari".

     

    Cette pièce de théâtre a récolté les louanges de la presse. L’auteur décrit une Corse noire et mélancolique. Un théâtre d’une rare émotion.

    Les dernières représentations ont été données au théâtre municipal d’Ajaccio les 11, 12 et 13 avril.

    Des nouvelles représentations sont à venir à Marseille et à Bastia.

    Du 29 avril au 4 mai 2013 (relâche le 1er mai) au Théâtre Des Bernardines, 17 Boulevard Garibaldi 13001 Marseille

    Le 16 mai au Théâtre municipal de Bastia, Place du théâtre 20200 Bastia.

    Signé Pidone

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