• La candidature de Mélenchon, atout majeur

    Ne pas attendre Godot, prendre parti et agir
     
    Contribution de Clémentine Autain au débat sur les prochaines élections. Nous précisons qu'il s'agit d'une contribution à titre personnel.
     
    La séquence de la présidentielle et des législatives de 2017 est désormais ouverte. Nous devons prendre nos responsabilités. La bataille idéologique et politique va être difficile pour notre gauche : comment être absent ou rester l’arme au pied face au bateau ivre gouvernemental et aux droites dures qui menacent les esprits et les urnes ? La situation peut toujours être modifiée par des événements exceptionnels mais, en cette rentrée, les données de l’équation sont sur la table. Et nous sommes loin du tableau de recomposition que nous avions appelé de nos vœux en lançant les Chantiers d’espoir. Les « frondeurs » s’entêtent dans une primaire de toute la gauche, comme si les défenseurs du gouvernement et ses opposants pouvaient se retrouver derrière un même candidat en 2017. Ils prennent le risque de légitimer une candidature de François Hollande ou d’Emmanuel Macron. EELV a choisi de faire cavalier seul en organisant sa propre primaire : ses militants défendront donc leurs couleurs de façon autonome à la présidentielle. La gauche d’alternative ne saurait attendre indéfiniment d’éventuels partenaires pour agir. Or, à neuf mois de la présidentielle, un seul candidat s’est déclaré pour porter le projet de notre gauche de rupture avec le néolibéralisme, le consumérisme, la Ve République, l’austérité… C’est Jean-Luc Mélenchon, qui fut notre candidat en 2012.
    Nos désaccords avec la démarche et certains partis pris de Jean-Luc Mélenchon sont connus – sur la Syrie, les réfugiés, le Brexit, François Mitterrand, la conception du rassemblement, etc. Son projet n’est pas un copié-collé du nôtre, sinon nous serions dans la même organisation. Je ne propose donc pas de nous rallier aux « Insoumis » mais de contribuer à faire entendre la voix d’une gauche de transformation sociale et écologiste dans cette campagne. Pour cela, comme nous ne proposons pas nous-même de candidat-e, nous devons en soutenir un. Or, quelle personnalité déclarée volontaire pour 2017 représenterait mieux nos idées que Jean-Luc Mélenchon ? Je n’en vois pas. De nombreux ex ministres du gouvernement Hollande/Valls sont aujourd’hui candidats, déclarés ou putatifs. Mais comment pourraient-ils mieux nous représenter ? Il eut fallu qu’ils produisent des actes de rupture et qu’un rassemblement inédit émerge : rien de tout cela ne se produit. Nous devons donc regarder en face la réalité de cette présidentielle qui s’annonce. Peut-être aurions-nous pu faire émerger une autre candidature de rassemblement mais nous ne l’avons pas fait. Il nous faut maintenant éviter une situation d’éclatement : Mélenchon, fort aujourd’hui de plus de 10% des intentions de vote, ne se retirera pas et il serait catastrophique que notre espace politique, celui du Front de Gauche, compte plusieurs candidats – nous avons vu le résultat calamiteux en 2007 de ce type d’atomisation.
    A l’oral ou par des contributions, j’entends défendue ici et là l’idée selon laquelle nous aurions le temps, que nous finirons bien par soutenir Mélenchon mais qu’il ne sert à rien de nous presser. Cette hypothèse pose au moins deux graves problèmes. En attendant, nous défendons une ligne politique qui n’a aucune réalité pratique. Défendre une orientation qui est dans les faits inapplicables conduit à la langue de bois. Cela nous fragilise, nous délégitime tant nous apparaissons hors sol. Je partage l’idée qu’il faut continuer à défendre notre propre ligne. Mais soutenir Jean-Luc Mélenchon pour 2017 n’empêche en rien de continuer à dire notre horizon et à défendre nos partis pris en termes de méthodes et de contenus. Par ailleurs, face à nos adversaires de droite et au regard du brouillage infernal des lignes de fractures politiques à gauche, nous devons répondre présent vis-à-vis du grand nombre. La candidature de Jean-Luc Mélenchon a des inconvénients politiques mais un atout majeur : il trace le sillon d’une gauche en rupture avec trente ans de politiques néolibérales et productivistes. Pour ma part, je veux clairement m’arrimer à ce fil politique. Il n’est pas question de tripatouiller des alliances de courte vue pour en revenir aux promesses de François Hollande ou à la gauche plurielle mais de rester fidèle au projet de construction d’une alternative ancrée dans la gauche critique, porteuse d’une nouvelle espérance sociale et écologiste.
    Ne pas choisir aujourd’hui, c’est prendre le risque de la confusion et de l’inutilité. C’est aussi laisser Jean-Luc Mélenchon tracer sa route sur les seules intuitions et convictions de sa mouvance politique. Nous devons faire irruption, sur nos propres bases politiques, en bataillant pour la construction d’un cadre commun de campagne. L’appel « front commun » montre que nous ne serions pas les seuls à viser cette démarche. Notre tache est dans le même temps de préparer sérieusement les élections législatives, décisives pour affronter la séquence qui s’ouvrira après les échéances électorales de 2017. Si nous voulons peser sur la recomposition politique, nous devons être dans la vie politique. C’est pourquoi nous ne devons pas attendre Godot mais prendre parti et agir, au service d’une gauche franche.
    Clémentine Autain

     

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