• La guerre des Trois de la Troïka

    troïka_merkel« Nous avons à nouveau un problème grec qui est grave, qui est très grave, mais qui n'est pas totalement dramatique », avait dit Claude Trichet ancien président de la BCE sur Europe 1, à trois semaines d'un scrutin qui inquiète les dirigeants libéraux des pays membres de l'euro et la Troïka.

    Pas totalement dramatique ? Cet homme n’a pas dû aller faire un tour en Grèce et ne doit fréquenter que le gratin libéral de la société grecque, responsable de la situation qui est « totalement dramatique » pour ceux qui la vivent. Nous n’allons pas revenir sur le fort taux de chômage, la baisse drastique du pouvoir d’achat, l’accroissement de la dette publique due à la « soit disant aide » financière apportée par les pays riches de la communauté européenne, la politique d’austérité qui a plombé la croissance… La Grèce a été paupérisée et plongée dans le marasme économique, ce qui a eu des conséquences gravissimes sur la vie quotidienne des Grecs, sur leur système de santé, sur leur nourriture, leur chauffage, leurs déplacements, sur l’émigration, sur le taux de suicides…Suite à la grave récession et la cure drastique d’austérité, des milliers de Grecs sont exclus des soins médicaux, le taux de pauvreté a atteint une augmentation record ainsi que le risque de pauvreté ou d’exclusion sociale chez les enfants de moins de 18 ans. La pauvreté infantile des moins de 18 ans est en augmentation constante depuis 2010. Des milliers d’entreprises et de commerces ont fermé.

    Plutôt que de voir l’état économique et social réel de ce pays appartenant à la communauté européenne, d’aucuns préfèrent jouer les Cassandre en stigmatisant le peuple grec. Alors que les dernières élections lui ont redonné l’espoir, le nouveau gouvernement formé par Alexis Tsipras serait monté dans un Cheval de Troie pour livrer une guerre à la communauté européenne, alors que si l’on parle de guerre économique et sociale, elle sera livrée contre le club des Trois de la Troïka : la BCE, le FMI et la commission européenne. Un cheval enfourché par Angela Merkel dans le manège européen. C’est la Troïka et ses vassaux qui ont déclenché une guerre économique et sociale qui prive les européens de la maîtrise de leur avenir commun. C’est eux qui font usage de violence économique sur les peuples et le plus atteint est le peuple grec, atteint jusque dans sa dignité.

    Ceux qui reprochent aujourd’hui aux Grecs d’être de mauvais contribuables et des profiteurs de l’aide européenne, sont ceux qui soutenaient hier un gouvernement de droite corrompu qui n’a rien fait pour taxer les riches, en premier lieu le clergé grec et les armateurs. Nous avons même lu une citation en relation avec le cheval de Troie dans l’Enéide : « Timeo Danaos et Dona Ferentes[1] ».  Le cadeau grec ! Comme s’ils avaient encore quelque chose à offrir ne serait-ce qu’un cheval de bois pour gangréner l’Europe. Nous imaginons que ceux qui reprennent de façon malveillante cette citation feraient rire le cheval de bois qui leur flanquerait  le coup de pied de l’âne. L’usage abusif de ce mythe rapporté par Virgile dans l’Enéide montre l’intention de marginaliser les Grecs comme si, avec Syriza, ils allaient investir sournoisement et attaquer de l’intérieur une communauté européenne unie et trop généreuse à leur égard.

    Une Europe généreuse ? A quoi ont servi les prêts à fort taux d’intérêt qui n’ont fait qu’alourdir la dette publique sans la moindre amélioration de la vie économique et sociale de ce pays. Bien au contraire, la situation n’a fait que se détériorer. Alors, on peut se demander à qui la faute ? Qui a payé pour que les Grecs dansent le sirtaki de l’austérité ? Quels sont ceux toujours prêts à danser ?  La corruption est celle des membres du parlement et du gouvernement de l’ancienne coalition des « voulettes » qui ont étouffé l’économie et saigner le peuple sous la houlette de la Troïka. Pendant des décennies ils ont bénéficié des largesses de nombreuses multinationales françaises, américaines, anglaises et allemandes trempant dans des scandales comme celui du contrat de sous-marins à plusieurs milliards d’euros de la firme allemande Siemens. De même, des entreprises comme Carrefour, British Petroleum, Shell, Unilever, Coca Cola, Nestlé et bien d’autres ont été impliqué dans des affaires scandaleuses parfois condamnées par la justice pour ententes illicites, pratiques illégales, positions dominantes voire même corruption. La Troïka, malgré les milliards d’euros versés, n’a pas aidé véritablement la Grèce. Pas un seul euro n’est arrivé dans la poche des Grecs. Il s’agit en réalité d’un immense marché de dupes car les euros versés sont retournés directement dans la poche des créanciers dont les banques. Rappelons que la dette publique grecque n’a fait qu’augmenter alors que les investissements ont baissé de 60% en trois ans. Il ne reste plus qu’à vendre la Grèce à la découpe.

    On ne peut pas ignorer la campagne de presse déclenchée contre Syriza, Alkexis Tsipras, le peuple grec  et le Front de gauche. Ce que l’on veut tuer, après les résultats des dernières élections législatives grecques, c’est l’espoir que suscite le nouveau programme gouvernemental porté par Alexis Tsipras, pas seulement l’espoir renaissant des Grecs mais celui des autres peuples européens. La presse de la doxa libérale se permet tous les coups bas repris par les réactionnaires de tous poils qui n’ont qu’une ligne de pensée : casser la gauche. Les Solfériniens prennent une grande part dans la propagande anti Syriza et anti Front de gauche. Ils craignent de subir le même sort que le parti socialiste grec qui n’a plus grand-chose de socialiste comme eux. Malgré cet avertissement venu du pays qui a vu naître la démocratie, Hollande et Valls foncent dans le mur pendant que quelques commentateurs affiliés expliquent qu’il n’y aura pas d’effet Syriza en France. Il faut qu’ils en aient peur pour tenter l’exorcisme politique. Quant à l’effet du 11 janvier que François Hollande essaie d’exploiter pour faire monter sa côte de popularité, il est plutôt à craindre que, à la prochaine échéance électorale, il favorise la droite et l’extrême-droite, faute de politique sociale déconnectée de l’austérité imposée par la Troïka et Angela Merkel.

    Pidone



    [1] Je crains les Grecs, même ceux apportant des cadeaux.

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