• La guerre n'est jamais la solution, elle est le problème

    Syrie

    Le point de vue de l'écrivain égyptien paru dans l'Humanté du 3 septembre 2013.

    "Pour des raisons que je ne comprends pas, les États-Unis répètent toujours les mêmes «fautes». Si l’on peut employer ce terme s’agissant, par exemple, du million de personnes tuées en Irak à partir d’une propagande ridicule. L’Irak est déchiré. Je suis totalement opposé à la dictature de Bachar Al Assad, mais je pense qu’une intervention militaire ne peut que compliquer davantage encore une situation qui l’est déjà. On peut, par ce type d’action, commettre un crime plus grave que celui que l’on prétend punir. C’est au peuple syrien de se débarrasser de la dictature. Les propos américains relèvent, à mon sens, de l’hypocrisie. En Égypte, ils ont soutenu Moubarak pendant trente ans. Ils ont soutenu Morsi durant toute une année de meurtres, des milliers de gens ont été emprisonnés et torturés durant cette période. Je ne pense pas que les États-Unis soient motivés par les grandes valeurs humaines. Ils ont fait basculer le régime de Salvador Allende, au Chili, en 1973, alors qu’il s’agissait d’un président élu. Je continue d’employer le terme d’impérialisme pour définir leur politique étrangère. Les voilà saisis d’immenses sentiments pour la Syrie quand ils ferment les yeux sur toutes sortes de massacres dans le monde, notamment en Afrique, dès lors qu’il n’y a pas de pétrole à contrôler, d’armes à vendre, de marchés à ouvrir. Pour ce qui est d’«appliquer la démocratie», il me semble que l’on peut imaginer des moyens plus efficaces que l’extermination de millions d’êtres humains. À un strict niveau pragmatique, nul ne peut entamer une offensive militaire sans réfléchir aux conséquences. Bachar Al Assad est un dictateur épouvantable, capable de tuer des milliers de personnes pour se maintenir au pouvoir. Il a le soutien de la Chine, de la Russie, de l’Iran. Il peut décider de répliquer par les armes, se lancer dans un «combat contre l’Amérique» auquel beaucoup ne pourraient que souscrire. Ici même, en Égypte, j’entends des gens, des intellectuels, opposés à Bachar Al Assad, affirmer qu’aussi épouvantable soit sa dictature, ils ne sauraient soutenir les Américains. Je m’interroge sur la précipitation avec laquelle une intervention militaire est annoncée, sans enquête et hors du cadre des institutions internationales. Que l’opposition au régime syrien soit également composée de terroristes islamistes rend plus complexes encore les possibilités d’une aide extérieure, mais l’offensive militaire serait une agression contre les valeurs de l’humanité, une atteinte criminelle aux droits des peuples à disposer d’eux-mêmes. La guerre n’est jamais la solution, elle est toujours le problème."

    Propos recueillis par Dominique Wideman

     
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