• La part d'ombre de Cahuzac...

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    Pour sa première intervention audiovisuelle depuis ses aveux devant les juges, Jérôme Cahuzac a accordé une interview diffusée ce mardi à 18h sur BFMTV et RMC. Anciens de l'équipe DSK, Anne Hommel et Stéphane Fouks sont les deux "spin doctors" qui ont conseillé l'ex-ministre délégué au Budget sur son plan média. On nous a rejoué le même scénario que la confession de DSK. Du cousu de fil blanc sans aucune sincérité qui ne cherche pas le pardon mais essaie de minimiser la délinquance des actes en mettant les projecteurs sur le « mensonge »  comme péché véniel. Il n’y a aucune repentance mais simplement la rage de ne pouvoir revenir en arrière pour effacer les traces et suivre un autre chemin.

    Si nous avions l’impression de tirer sur une ambulance, nous ne commenterions pas la confession scénarisée de Jérôme Cahuzac. Toutefois cette nouvelle tartufferie est insupportable. "J'ai commis une folle bêtise, une folle erreur il y a près de vingt ans", admet l'ancien ministre délégué au Budget pour plaider l’erreur de jeunesse comme si c’était un adolescent qui avait ouvert un compte en Suisse. Il y a vingt ans, Cahuzac n’avait plus vingt ans.  "J'avais une part d'ombre, cette part d'ombre est en pleine lumière" ajoute-t-il.

    La part d’ombre ! Il utilise le titre d’un ouvrage d’Edwy Plenel consacré à Mitterrand et cela en dit long sur la mégalo du repenti. Cahuzac fait sans doute allusion à la « part d’ombre », telle que la définit le célèbre médecin psychiatre suisse Carl Gustav Jung : « L’ombre est quelque chose d’intérieur, de primitif, d’inadapté, de malencontreux, mais non d’absolument mauvais.». « Il n’y a pas de lumière sans ombre et pas de totalité psychique sans imperfection. La vie nécessite pour son épanouissement non pas de la perfection mais de la plénitude. Sans imperfection, il n’y a ni progression, ni ascension ». Par cette référence à un docteur suisse, il justifie donc son mensonge sur son compte en Suisse. Il faut oser le faire.  

    Même si l’ancien ministre du budget reconnaît ce qu’il appelle une « faute morale » et regrette la « folle bêtise » d’avoir utilisé un compte en Suisse, nous n’avons décelé chez cet homme aucun remords.  Il s’en veut de ne pas avoir refusé le poste de ministre qu’il paye très cher aujourd’hui, dit-il. Lorsque l’on met bout à bout les termes qu’il emploie, on ne décèle pas le moindre signe de rédemption, c’est-à-dire de prise de conscience de la gravité de ses actes. On sent bien que chaque mot a été pesé. Avec le regard fixe qu’on lui connaît, Jérôme Cahuzac s’est adressé à tous ceux qui ont une part d’ombre. On trouve chez lui la frustration de  celui qui s’est fait coincer et des phrases chargées de menaces dont nous verrons si elles ont une suite ou pas. Sa confession apparaît comme une stratégie de l’aveu qui, bien sûr, a été suivie des déclarations soulagées des ténors du PS. Jérôme Cahuzac démissionne de son mandat de député, ça évitera de le chasser de l’hémicycle, ce qui était possible mais apparemment pas envisagé. Sa mise en examen et sa fausse déclaration de patrimoine pouvaient y suffire.

    Jérôme Cahuzac, interrogé sur les soupçons qui pèsent maintenant sur Hollande, Ayrault et Moscovici, a confirmé qu’il ne leur avait pas dit la vérité mais ajoutait avec un brin de perfidie qu'il ignore lui-même le degré de connaissance par François Hollande de sa situation… 

    Jérôme Cahuzac a donné sa représentation telle que ses amis socialistes l’attendaient mais aussi telle que ses conseils l’ont scénarisée. Il a donc joué le jeu politique. Un double jeu et la duplicité d’un « je ». Cet ex-ministre, ex-député, ex-chirurgien capillaire… est un opportuniste égocentrique.  Le PS et l’UMP ont encore du travail pour se débarrasser de tous les  tristes individus dans son genre.

    Le délinquant (la fraude fiscale est un délit) ne parle que de faute morale et se pose en victime, lorsqu’il dit : « Je crois qu'il y a un acharnement dont je doute qu'il y ait eu précédent aussi intense dans notre histoire politique contemporaine ». Pourtant l’acharnement premier est celui qu’il a mis à mentir et c’est lui qui l’entretient avec cette interview hypocrite. Une tartufferie de plus.  Les seuls points positifs sont  qu’il a promis d’abandonner la politique et que son avenir immédiat est judiciaire. Qu’il oublie la presse et la politique, nous l’oublierons à notre tour rapidement.

    Pidone

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