• La TTF, quésaco?

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    Le chef de l’Etat français et la chancelière allemande avaient affirmé qu’ils voulaient un accord sur la taxe sur les transactions financières avant les élections européennes. Cette taxe devait permettre d'abord de mettre à contribution des acteurs financiers qui ont bénéficié de la déréglementation financière dans l'espace européen. Elle introduira, nous disait-on, un « grain de sable » dans les transactions les moins utiles à l'économie réelle. Elle devait bénéficier à des projets solidaires. Son produit devait contribuer à financer des investissements publics créateurs d'emploi, mais aussi à tenir les engagements français et européens concernant la lutte mondiale contre la pauvreté et le réchauffement climatique.

    La Commission européenne a proposé d'instituer sa conception de la taxe sur les transactions financières dans le but d’en harmoniser les éléments essentiels  et minimiser ainsi les risques de provoquer une fragmentation du marché intérieur des services financiers ainsi que des phénomènes de double imposition ou de double non-imposition.

    En osmose avec les banques, Hollande, Jean-Marc Ayrault et Pierre Moscovici  ont déjà torpillé la réforme bancaire qui aurait du séparer les activités de spéculation et les activités de crédit. C'est ensuite la taxe européenne sur les transactions financières (TTF) que Pierre Moscovici et Bercy étaient en train de saboter avant le remaniement ministériel.

    Cette taxe, quèsaco ? Relancée en janvier, promise en février, évoquée en avril… Véritable serpent de mer des relations européennes, la taxe sur les transactions financières (TTF)  ne sera qu’une taxe Tobin européenne réduite à minima. Le ministre des finances, Michel Sapin a assuré assurant : « Le serpent est en train de sortir de la mer. » Il n’a pas précisé qu’il s’agit d’une couleuvre de plus à avaler.

    L’industrie financière dépense plus de 120 millions d’euros par an dans ses activités de lobbying à Bruxelles. Elle emploie 1 700 lobbyistes, soit quatre fois plus que les fonctionnaires européens travaillant sur les questions financières. En tout, 700 entreprises et associations travaillent ensemble pour mener à bien ce lobbying. C’est sept fois plus que toutes les ONG et syndicats présents à Bruxelles

    Les banques françaises – leaders sur le marché européen des dérivés –, le Medef, mais aussi leurs homologues allemands et jusqu'aux représentants des banques centrales, multiplient les pressions. Ils brandissent un tarissement du financement de l'économie, la baisse de la liquidité sur les marchés et les risques de délocalisation des activités financières vers des cieux plus cléments.

    Les discussions bruxelloises ont porté uniquement sur les actions. Les dérivés (produits les plus spéculatifs) ont été laissé de côté. « C'est une première étape », indique-t-on au cabinet de M. Sapin. Désormais, les produits dérivés sont évoqués comme une deuxième étape à explorer « d'ici la fin de l'année », a indiqué M. Sapin lui-même. Traduisez : après les élections européennes, contrairement à la promesse faite d’instituer cette taxe avant le 25 mai. Déjà, après avoir jugé publiquement « excessif »  le projet de taxation de tous les produits dérivés, Pierre Moscovici avait œuvré pour convaincre l'Allemagne de ne taxer que les produits dérivés « les plus spéculatifs ».

    Le risque est grand que la taxe soit vidée de son contenu voire abandonnée. Cette taxe devait  réduire le volume de la spéculation financière. Les spéculateurs peuvent être rassurés : ils ont encore de beaux jours devant eux.

    La taxe sur les transactions financières est encore une promesse du discours de campagne présidentiel fait au Bourget. C’est donc typique du double discours de Hollande en campagne et à l’Elysée. Il fait croire qu’il a su affronter la commission et faire évoluer son projet sur cette taxe et dans un sens favorable. Mais, favorable à qui? A la Finance ! Et oui, protection de nos deux fleurons financiers que sont la BNP et la Société Générale ! Du coup, ce sont les placements des particuliers qui seront davantage dans le collimateur.

    De son côté, Pascal Canfin, l'ancien ministre délégué au développement, a déclaré dans le Journal du dimanche du 4 mai craindre un « enterrement de première classe» de la taxe si le projet reste cantonné aux actions. Mi-février, Pierre Moscovici, alors ministre de l'économie, avait prôné « une taxe dont le rendement soit réel et l'assiette, large ». Ainsi, une taxe portant sur les seules actions rapporterait annuellement 4,6 milliards d'euros, sur les 34 milliards espérés par la Commission européenne là où d’autres parlaient de 57 milliards.

    Pendant qu’on nous amuse avec la taxe sur les transactions financière en nous faisant passer des vessies fiscales pour des lanternes budgétaires,  le grand marché transatlantique se profile à l’horizon. Il sera  à la démocratie ce que McDonald est à la gastronomie.

    Le 26 janvier dernier, invité à l’émission « C.Politique, Jean-Claude Mailly a bien analysé le comportement de François Hollande  en disant du Président : "Je crois que cela s'appelle le syndrome de Stockholm, d'une certaine manière. Vous savez, quand vous êtes soumis à ceux qui ont une emprise sur vous … Il était l'ennemi de la finance. Il est devenu président des entreprises." On l’a vu avec le pacte de responsabilité qui présage ce qui nous attend avec la poursuite de la construction libérale de l’Union européenne ouverte au grand marché transatlantique.

    La proximité des élections européennes est une période dans laquelle les annonces sont faites pour le meilleur effet. Se montrer « méchant » avec les banques c’est toujours populaire ! Il y a un petit jeu de mise sous pression des banques afin que ces dernières continuent de jouer le jeu d’un système bancaire fait pour les enrichir tout en finançant les Etats. La taxe sur les transactions financières devait  donc les inciter aussi au financent de l’économie. Il n’en sera rien et la croissance se fait toujours attendre alors que l’austérité est là. Nos banques ne craignent pas grand-chose, elles sont bien trop grosses pour faire faillite et tiennent fermement les rênes des différents pouvoirs. Un millier de milliards d’euros, c’est l’argent donné aux banquiers pour relancer l’économie. Il faudrait être naïf pour penser que c’est l’objectif des banques. Lorsqu’elles empruntent à la BCE à 1%, elles prêtent à des taux de 3 à 6% aux Etats, ce qui a pour effet de gonfler les dettes dans de véritables tonneaux des danaïdes remplis par les contribuables européens que nous sommes. Le système bancaire enrichit les banques et rééquilibre leurs comptes après des déboires dus à la spéculation sur les fameux « produits dérivés ». Si la taxe sur les transactions financières est une couleuvre de mer, le système bancaire est un serpent qui se mord la queue. Les libéraux ne veulent pas supprimer la toxicité.

    Le quatrième jour, Dieu créa l’oiseau et Satan créa le serpent. Cette Europe austéritaire et financière, d’aucuns utilisent leurs pouvoirs pour réchauffer le serpent. Cette Europe-là est comme le visage d'une belle femme avec des pieds et une queue de serpent. La commission européenne actuelle est comme un sac dans lequel il y a plus de serpents que d’anguilles. Les élections arrivent. Il ne s’agit pas de détruire l’Europe au lance-flamme FN mais de la refonder sur des bases sociales.

    Le 25 mai prochain, il est temps d’augmenter le nombre d’oiseaux serpentaires dans les instances européennes à commencer par l’Assemblée européenne et la présidence de la commission européenne.

    Pour une autre Europe, celle des peuples et non plus de la Finance, il existe une alternative : Le Front de gauche en France et la possibilité d’élire AlexisTsipras ; chef de file de la gauche européenne à la présidence de la commission européenne.

    U incantatore di serpi

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