• Le bal des histrions

    Le bal des histrionsL’élection de Donald Trump a agi comme un révélateur chez certains candidats à l’élection présidentielle française. Marine Le Pen se considère comme la Trumpette gauloise et y voit les prémices de son entrée au Palis de l’Elysée. Nicolas Sarkozy qui avait pourtant opté pour Hillary Clinton, y voit l’approbation de sa propre personnalité et de sa campagne agressive. On s’est aperçu que Donald était une véritable girouette tournant au gré du vent populiste, tout comme Sarkozy. A la Primaire de la Droite, il y a les trumpistes et les anti-trumpistes. Il faut tout de même rappeler que le premier à féliciter Trump a été un certain David Duke, ancien grand sorcier du Ku Klux Klan. On se demande qui féliciterait Marine Le Pen en cas de victoire. Sans doute le vieux Jean-Marie et les nazillons d’une galaxie d’extrême-droite si proche du FN. Après l’élection de Trump, la presse annonce que les actes racistes se sont multipliés. Cette élection donne des ailes à Marine Le Pen, lit-on en France, mais, ajoutons le, aussi aux racistes et aux xénophobes de tous poils.

    La France a même son comité pro-Trump à la tête duquel s’est placé un certain Vivien Hoch qui veut « trumpiser le débat politique en France ». Il s’agit d’un jeune blanc-bec,  professionnel de l’intégrisme chrétien puisque, à travers différents organismes, il semble en vivre. Pour lui, en France, il n’y a aucun candidat qui arrive à la cheville de Trump, même pas Marine Le Pen.

    Le bal des histrionsEt à gauche ? François Hollande, pour faire un bon mot, avait dit, avant les résultats, qu’il féliciterait « la » présidente. Il aurait même rédigé, à l’avance, un courrier de félicitations dont il a dû changer le destinataire. Il est maintenant empêtré dans l’attitude qui consiste à faire « contre mauvaise fortune bon cœur » pour tenter de ne pas aggraver davantage des relations diplomatiques qui s’annonçaient déjà compliquées sans sa bavure pré-électorale. En ce qui concerne le PS, Cambadélis a joué la récupération de cette élection qui laisserait entrevoir un risque accru de succès du Front national et la stigmatisation des candidats qui, en se présentant, divise « sa » gauche.

    Dans le journal Marianne, le journaliste Joseph Macé-Scaron a publié aujourd’hui un article intitulé « Ce Mélenchon qu’ils n’ont pas vu venir ». Est-ce de sa part une mise en garde contre un Mélenchon comparé à Trump ? Est-ce une constatation du peu de crédibilité des sondages et des pronostics des commentateurs ? En lisant cet article on peut y trouver une constatation juste : «  Autrefois, pour être de «gauche», ou du moins être considéré comme tel par les tribus germanopratines, il était de bon ton à chaque intervention, à chaque prise de parole publique, même si celle-ci portait sur la traite des pucerons avec moufles dans le Haut-Karabagh, de faire une digression frémissante pour mettre en garde contre l'extrémisme de droite. Il y avait là urgence. En bref, pour avoir sa chaise armoriée dans la cathédrale de la bien-pensance, il suffisait de dénoncer le Front national. Cela était pratique, cela tenait lieu de programme. Or, maintenant que ce dernier a fini par atteindre un niveau électoral inégalé, au point que sa candidate paraît assurée de figurer au second tour de l'élection présidentielle, l'urgence devient moins... urgente, figurez-vous. En revanche, il est devenu absolument nécessaire - que dis-je, vital - d'attaquer jour et nuit sans moment de relâche Jean-Luc Mélenchon qui menace pourtant moins les idées républicaines que les privilèges de tous ces trotte-menu de la social-démocratie, je veux parler de nos chers éditorialistes… »

    Jean-Luc Mélenchon serait donc davantage craint que Marine Le Pen. Pourquoi ? Sans doute parce qu’on lui reproche abusivement de tomber dans le populisme et qu’il apporte des idées sociales, alors que les autres ne sont que des histrions. Sans doute parce qu’il ne tombe pas dans les deux péchés mortels en politique, définis par Max Weber au début du 20ème siècle. Relisons un extrait de son ouvrage « Le savant et la politique »…

    « Il n’existe (…) que deux sortes de péchés mortels en politique : ne défendre aucune cause et n’avoir pas le sentiment de sa responsabilité – deux choses qui sont souvent, quoique pas toujours, identiques. La vanité ou, en d’autres termes, le besoin de se mettre personnellement, de la façon la plus apparente possible, au premier plan, induit le plus fréquemment l’homme politique en tentation de commettre l’un ou l’autre de ces péchés ou même les deux à la fois. D’autant plus que le démagogue est obligé de compter avec « l’effet qu’il fait » - c’est pourquoi il court toujours le danger de jouer le rôle d’un histrion ou encore de prendre trop à la légère la responsabilité des conséquences de ses actes, tout occupé qu’il est par l’impression qu’il peut faire sur les autres. D’un côté le refus de se mettre au service d’une cause le conduit à rechercher l’apparence et l’éclat du pouvoir au lieu du pouvoir réel ; de l’autre côté, l’absence du sens de la responsabilité le conduit à ne jouir que du pouvoir lui-même, sans aucun but positif. En effet bien que, ou plutôt parce que la puissance est le moyen inévitable de la politique et qu’en conséquence le désir du pouvoir est une de ses forces motrices, il ne peut y avoir de caricature plus ruineuse de la politique que celle du matamore qui joue avec le pouvoir à la manière d’un parvenu, ou encore Narcisse vaniteux de son pouvoir, bref tout adorateur du pouvoir comme tel. (…) Une pareille politique n’est jamais que le produit d’un esprit blasé, souverainement superficiel et médiocre, fermé à toute signification de l’activité humaine ; rien n’est d’ailleurs plus éloigné de la conscience du tragique qu’on trouve dans toute action et tout particulièrement dans l’action politique, que cette mentalité. » Max Weber, « Le politique comme métier et vocation », 1919, in Le savant et le politique.

    Toutes celles et ceux qui s’offusquent de l’élection de Donald Trump, comment peuvent-ils envisager celle de Marine Le Pen ou de Nicolas Sarkozy ? La presse a expliqué que Donald Trump a été élu par les « petits blancs prolétaires et xénophobes ». Comment peut-on penser que Donald Trump, milliardaire de père en fils, allait défendre les intérêts des ouvriers ? Trouverait-on crédible qu’un ouvrier se présente à l’élection présidentielle en disant qu’il va défendre les intérêts des milliardaires qui l’exploitent. Quel milliardaire le croirait ?

    Les campagnes électorales sont orchestrées avec des partitions définies par une presse assise dans la cathédrale de la bien-pensance. Les thèmes sont imposés : l’identité et la sécurité. Cela permet de mettre au dernier plan les problèmes sociaux, tout en promettant sine die le plein emploi… grâce à l’abandon des acquis sociaux et à la précarité.

    Aux USA, la messe est toujours dite avec la même bible depuis des lustres. Donald Trump a fait croire qu’il est un candidat antisystème alors qu’il fait partie de l’establishment. Comme ses prédécesseurs, il est au service des lobbies financiers et du « made in USA ». Il est aussi le représentant d’une extrême-droitisation du pouvoir américain sans doute voulue par des lobbies. Son programme d’actions est apparu incohérent et parfois dangereux, voire suicidaire de l’économie américaine. Ce n’est donc pas sur l’ensemble de son programme qu’il a été élu mais contre Hillary Clinton et Barak Obama. C’est sur son racisme décomplexé qu’il s’est attiré le soutien du Ku Klux Klan et du « prolo blanc xénophobe », qui sera le premier déçu de cette nouvelle présidence. La presse dit qu’il s’est adressé à la majorité silencieuse (comme le fait Marine Le Pen en France). Il s’agit là d’une foule fantomatique car la vraie majorité silencieuse se trouve dans l’abstention et les non-inscrits. Il faut relever que le taux d’abstention a été de 46% lors de cette élection américaine sur l’ensemble des Etats Unis, Clinton a obtenu 25,6% et Trump 25,5%. Dans le système électoral américain, les électeurs élisent des grands électeurs dans chaque état et un président est élu lorsqu’il remporte le plus de grands électeurs dans les différents états qui sont plus ou moins peuplés. Donc il n’y a pas de suffrage universel comme en France et Hillary Clinton ( comme d’autres avant elle) peuvent perdre des élections tout en rassemblant plus de voix que son adversaire.

    En France, pour ne pas tomber dans l’extrême et assurer non pas la reconduction de la social-démocratie hollandiste mais plutôt l’avènement d’une vraie gauche sociale, solidaire et humaniste, un seul candidat a émergé à ce jour : Jean-Luc Mélenchon. Il a un programme. Son discours à du fond. Il relève le niveau à chacun de ses débats. Il a promis le passage à une sixième république plus démocratique pour mettre fin à notre démocratie monarchique. Certes, il est un tribun mais pas un de ces histrions qui se bousculent aux portes du pouvoir. Son talent d’orateur, il le met au service des idées et des hommes. Aux primaires de la Droite et de la Gauche, c’est le bal des histrions. Le PS voudrait, après Hollande, nous faire valser. Depuis 2012, Valls et Hollande nous ont suffisamment fait tourner en bourrique. Nous ne sommes pas les ânes de 2012 que Hollande a eus avec des mots. Inutile de nous siffler, Monsieur Cambadélis !  Nous ne vous entendons plus !

    Sous la politique néolibérale de dérégulation, de privatisation, d’austérité et avec le business des grandes entreprises, le niveau de vie de beaucoup de gens a baissé en un temps record.

    Dans un article de « Solidaires », Naomie Klein dit : « … Ils ont perdu leur emploi. Ils ont perdu leur pension. Ils ont perdu une partie importante du filet social qui rendait cette perte moins effrayante. Ils voient pour leurs enfants un avenir qui s'annonce encore plus grave que leur existence présente déjà passablement précaire. En même temps, ils ont vu la montée de la « classe Davos », un réseau hyper-connecté de milliardaires, de dirigeants élus qui se sentent horriblement à leur aise vis-à-vis de leurs intérêts, et de stars d’Hollywood qui confèrent à l’ensemble un glamour insoutenable. Mais ils n'ont pas été invité à la fête du succès et, dans leur cœur, ils savent que cette richesse et ce pouvoir croissants est d'une façon ou d'une autre lié à leurs dettes et impuissance croissantes... »

    Après la crise, après la Grèce, après le Brexit, après Trump, et après quoi encore...? Ils sont 138 économistes français de sensibilités diverses et appellent l'Europe à sortir au plus vite de "l'impasse néolibérale" pour rompre avec une politique économique qui "fait le terreau de l'extrême droite", dans un livre qui paraît au lendemain de la victoire de Donald Trump. Les 138 économistes, qui avaient lancé un appel en février après "le précédent traumatisme des régionales", marquées par une forte hausse du Front national, reviennent à la charge avec le livre "Sortir de l'impasse" (Editions Les Liens qui Libèrent) pour "éviter la catastrophe", a expliqué à l'AFP Christophe Ramaux, professeur à la Sorbonne et signataire de l'appel, aux côtés d'autres économistes comme Michel Aglietta, Xavier Timbeau ou Mathieu Plane.

    N’est-ce pas ce que nous réclamons face à l’autisme de Hollande et Valls ? N’est-ce pas le « crédo » de Jean-Luc Mélenchon et de l’opposition de gauche ? Les peuples n'en peuvent plus du néolibéralisme et des inégalités.

    Sur le plan international, le seul problème n'est pas seulement l'élection de Trump mais les problèmes se sont multipliés en France comme ailleurs...

    Le bal des histrions

    Pidone

     

     

    Google Bookmarks

  • Commentaires

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :