• Le capitalisme de Sarkozy

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    Il revient, sans être vraiment parti. Il a fait du fric et aspire à reprendre le pouvoir. Alors que nous ne sortons pas d’une crise qui a produit ses premiers effets sous sa présidence, souvenons-nous du discours de Sarkozy à Toulon le 25 septembre 2008… discours qui a suivi son intervention du 23 septembre à l’assemblée générale de l’ONU où il a appelé à un capitalisme « régulier et régulé ». Après la faillite de la banque Lehman Brothers qui a été le premier acte de la crise financière, on a pu entendre les « plus jamais cela ! » et les appels à une réglementation des banques et des marchés financiers. La chute de Lehman Brothers  a entraîné avec elle la bourse américaine, puis quelques semaines plus tard toutes les bourses mondiales. Pour pallier la crise, certains États ont nationalisé les pertes engendrées par les banques en difficultés et garanti les épargnes, allant même jusqu’à racheter les actifs toxiques. C’est le contribuable qui a payé.

    Le 25 septembre 2008, Sarkozy a fait son show en répétant ce qu’il avait déjà dit deux jours plus tôt à l’ONU :« Une certaine idée de la mondialisation s'achève avec la fin d'un capitalisme financier qui avait imposé sa logique à toute l'économie et avait contribué à la pervertir. L'idée de la toute puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, était une idée folle. L'idée que les marchés ont toujours raison était une idée folle. Pendant plusieurs décennies on a créé les conditions dans lesquelles l'industrie se trouvait soumise à la logique de la rentabilité financière à court terme. On a caché les risques toujours plus grands qu'on était obligé de prendre pour obtenir des rendements de plus en plus exorbitants. On a mis en place des systèmes de rémunération qui poussaient les opérateurs à prendre de plus en plus de risques inconsidérés. On a fait semblant de croire qu'en mutualisant les risques on les faisait disparaître. On a laissé les banques spéculer sur les marchés au lieu de faire leur métier qui est de mobiliser l'épargne au profit du développement économique et d'analyser le risque du crédit. On a financé le spéculateur plutôt que l'entrepreneur. On a laissé sans aucun contrôle les agences de notation et les fonds spéculatifs. On a obligé les entreprises, les banques, les compagnies d'assurance à inscrire leurs actifs dans leurs comptes aux prix du marché qui montent et qui descendent au gré de la spéculation. On a soumis les banques à des règles comptables qui ne fournissent aucune garantie sur la bonne gestion des risques mais qui, en cas de crise, contribuent à aggraver la situation au lieu d'amortir le choc… C'était une folie dont le prix se paie aujourd'hui !... »

    Bien sûr Sarkozy a dit cela afin de prêcher ensuite pour un capitalisme « moral », lui qui pèsent des soupçons dans plusieurs affaires financières. Allons un peu plus loin dans son discours…

    «  … Ce système où celui qui est responsable d'un désastre peut partir avec un parachute doré, où un trader peut faire perdre cinq milliards d'Euro à sa banque sans que personne s'en aperçoive, où l'on exige des entreprises des rendements trois ou quatre fois plus élevés que la croissance de l'économie réelle, ce système a creusé les inégalités, il a démoralisé les classes moyennes et alimenté la spéculation sur les marchés de l'immobilier, des matières premières et des produits agricoles. Mais ce système, il faut le dire parce que c'est la vérité, ce n'est pas l'économie de marché, ce n'est pas le capitalisme. L'économie de marché c'est le marché régulé, le marché mis au service du développement, au service de la société, au service de tous. Ce n'est pas la loi de la jungle, ce n'est pas des profits exorbitants pour quelques-uns et des sacrifices pour tous les autres. L'économie de marché c'est la concurrence qui réduit les prix, qui élimine les rentes et qui profite à tous les consommateurs. Le capitalisme ce n'est pas le court terme, c'est la longue durée, l'accumulation du capital, la croissance à long terme. Le capitalisme ce n'est pas la primauté donnée au spéculateur. C'est la primauté donnée à l'entrepreneur, la récompense du travail, de l'effort, de l'initiative. »

    Comme dit la chanson : « paroles, paroles, paroles… », car c’est le même Sarkozy qui, après sa défaite, a projeté de créer un fonds de placement avec le concours financier des Qatariotes et qui a donné des conférences à huis clos largement rémunérées et organisées par des groupements de banquiers et de financiers. C’est le même Sarkozy qui, le lendemain de son élection en 2007, a fait procéder à des remboursements d’impôts aux plus riches comme Mme Liliane Bettancourt. Sa présidence s’est soldée par 500 milliards de déficits et ce ne sont ni les pauvres ni la classe moyenne qui ont profité de ce déficit. Par contre ce sont ces derniers qui en subissent les conséquences sociales. C’est le même Sarkozy qui, en 2006 peu de temps avant la crise, ventait les mérites des surprimes, ces prêts hypothécaires à risques qui sont à l’origine de la crises financière de 2007 à 2011.

    Les paroles sur un capitalisme de production et non pas de spéculation pourraient tout aussi bien être redites, mot pour mot,  par Valls ou Hollande dont l’ennemi fut le monde la finance le temps d’une élection présidentielle. La question qui se pose aujourd’hui est : La régulation du capitalisme est-elle possible ? Peut-on parler de réglementation lorsque la mondialisation induit la déréglementation ?

     Sur la radio France-culture, le 11 septembre 2014,  une émission "Planète terre" (Sylvain Kahn) a posé la question : la finance globale est-elle sous contrôle ? Ce qui entraîne à s’interroger encore : Quels sont les mécanismes de la finance mondiale ? Peut-on la réguler ? Deux intervenants ont amené leurs réponses :

    • Thierry Philipponnat, membre du Collège de l'Autorité des marchés financiers (AMF), ancien Secrétaire général de l'ONG "Finance Watch", et auteur d’un livre « La capture ou commentles intérêts financiers ont pris le pas sur l’intérêt général ».

    • Agnès Benassy-Quéré, présidente déléguée du CAE, professeur à l'Université Paris I, et à la Paris school of economics.

    Si des déclarations ont été faites lors des G20, si quelques textes ont été pondus sur la règlementation des banques et des marchés financiers, leurs applications ne sont pas encore effectives et le « plus jamais çà » de la faillite de la banque Lehman Brothers est déjà oublié. La fièvre de la crise est retombée et les discours prêchent maintenant de ne pas trop réglementer pour ne pas nuire à l’économie…

    Nous vous proposons d’écouter les intervenants de France-culture qui font un état des lieux :

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