• Le colimaçon français du FN

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    Le Front national recèle une idéologie nationaliste qui est la résultante de l’évolution de l’extrême-droite post-impériale marquée par le nazisme, l’occupation de la France et le régime de Vichy. On pourrait appeler cela le syndrome Jacques Bainville en lui donnant le nom de ce pseudo-historien qui se réjouissait de la défaite de Vercingétorix face à César, en s’inscrivant certes dans la logique de Fustel de Coulanges. Bien avant et, après la Première Guerre mondiale, les nationalistes, puis l'Action française devaient se réclamer des écrits de cet historien. Du point de vue colonialiste, la défaite militaire des peuples colonisés signifie, comme pour la Gaule antique, qu’ils allaient accéder à la civilisation moderne par la grâce de l’action du vainqueur. Cela pourrait expliquer la collaboration. La France est passée de pays colonisateur à un pays colonisé avant de perdre ses colonies malgré la libération. L’extrême-droite a adapté son nationalisme en évacuant la dimension impériale perdue et en adoptant le Tableau de la France publié en 1833 par Michelet qui avait exprimé l’histoire de la construction nationale par un magnifique mouvement en colimaçon qui, parti de la Bretagne, s’enroulait à travers les régions de l’Ouest, du Midi, de l’Est et du Nord avant de finir par l’Île-de-France. Le Front national revient au nationalisme de l’époque de Bainville en prônant un repli identitaire du colimaçon France dans sa coquille, alors que l’histoire de la nation française s’est construite sur les relations avec le monde entier,  sur l’association de la diversité, de la fraternité et de l’égalité. 

    Comme Fusel de Coulanges, l’extrême-droite a, dans son discours, abandonné le concept de « race » pour le remplacer par celui de civilisation car l’histoire de France ne peut pas se résumer à celle de son territoire et qu’elle a toujours tenu compte du monde entier. Sinon, comment expliquer autrement la présence française sur tous les continents et l’existence de tant de Français dont les ancêtres ne sont pas nés sur le territoire métropolitain ? Le FN renonce dans son discours l’explication des institutions et des réalités sociales à fondement racial et veut laisser croire que leur évolution idéologique aboutit à l'idée d'une sorte de disparition des races par leur fusion au profit d’un mélange à la fois physique et moral : de même que les Gaulois s’étaient faits latins, les Francs peu nombreux se sont faits gallo-romains…etc. Le peuple français s’est formé par fusion et assimilation mais, pour le FN, il est temps de dire « Basta ! ». Plus de fusion! Plus d'assimilation musulmane!  Ses nouveaux propagandistes nient aujourd’hui  l'importance de l’existence des races dans l'histoire de la Gaule du fait même de leur fusion et du rôle autrement plus important selon eux du fait institutionnel qu’est la nation. On ne parle plus de race blanche ou arienne mais de civilisation européenne catholique.  

    Marine le Pen et la nouvelle garde du FN veulent entretenir les anciennes figures de l’imaginaire national, qu’il s’agisse de celle du colimaçon ou de celle (également présente chez Michelet) du "rayonnement" de la France en se référant au Gaullisme dès lors qu’il est mort et enterré par l’UMP. Qu’on ne s’y trompe pas : il s’agit de leur nationalisme de façade et derrière l’arrière boutique a le même stock d’idées racistes et xénophobes exprimées ouvertement par des groupuscules en marge du FN.

    Le Front national représente une idéologie d’un autre âge, une forme périmée et faussement recyclée sans efficacité politique, inadaptée à notre époque. Il prospère sur la crise économique, la politique d’austérité et le chômage avec la stigmatisation des boucs émissaires habituels que sont les immigrés et de leurs ennemis de toujours que sont les communistes, étant précisé que, pour le FN, toute la gauche est communiste, y compris le parti socialiste. Là encore, un petit rappel historique est nécessaire. Les Communistes se sont battus contre les Nazis alors que l’extrême-droite française collaborait.  Pour l’anecdote, un néo-nazi allemand a fait son entrée au parlement européen et, dans un entretien, il a dit son admiration pour Jean-Marie Le Pen. 

    Le Front national reste le parti de Jean-Marie Le Pen dont on connaît la filiation politique. Marine Le Pen en a hérité. La petite-fille Marion est là pour prendre la relève. L’idéologie reste la même et utilise simplement une nouvelle rhétorique plus sournoise que dans le passé. Marine Le Pen propose une Europe de colimaçons, chacun restant dans sa coquille étanche. Autant dire qu’avec une telle conception de l’Europe, la France ne peut qu’en baver.

    Fucone

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