• Le mauvais élève de la République Française...

    jules_ferry

     

    Nous nous y attendions et, à Montpellier, nous avons entendu le pire du sarkozysme.  Hier, Sarkozy y a fait un long discours ponctué de formules à l’emporte pièce, de lieux communs, de poncifs, de fausses bonnes intentions… un discours populiste dans le sensle plus  péjoratif du terme. L’école est l’affaire de tous, clame-t-il. Il veut une école de l’excellence dans une république du mérite. Et pour cela il accouche de deux propositions perverses, sans aucune distinction entre les différents niveaux de l’enseignement, les différents établissements scolaires,des études proposées, des différents statuts des enseignants…. Son seul objectif est de casser, d’opposer les syndicats, les enseignants et les parents d’élèves pour démanteler l’éducation nationale.

    Aux enseignants, il veut imposer de travailler plus pour gagner plus dans un marché de dupe…

    "Comment faire quand il n'y a pas d'argent pour embaucher? Comment faire quand, pour réduire nos déficits, il faut diminuer les effectifs en continuant d'appliquer la règle du 1 sur 2 aux collèges et aux lycées ? Il n'y a qu'une seule solution, faire travailler les enseignants plus longtemps en les payant davantage", a affirmé M. Sarkozy et il ajoute : "Je propose que désormais tout enseignant qui voudra travailler davantage puisse le faire avec 26 h de présence dans l'établissement au lieu de 18h de cours, avec en contrepartie une augmentation de son traitement de 25%, soit près de 500 euros net par mois", a-t-il affirmé. Selon lui, seront ainsi "résolus deux problèmes: celui de l'augmentation de la présence des adultes" dans les établissements scolaires, et "celui de l'amélioration du statut des enseignants".

    Améliorer le statut des enseignants ? Il le dit après avoir fustiger leur corporatisme et leur statut comme autant de freins à ses réformes…

    Que dis-je réforme ! Voilà qu’il nous parle de révolution dans l’éducation nationale. Réforme ? On sait ce que cela signifie pour lui : revenir sur tous les acquis sociaux. Alors révolution, on pouvait s’attendre au pire et là, il fait sa deuxième proposition : l’autonomie des établissements scolaires…

    Il affirme vouloir donner "à chaque établissement la possibilité de constituer de véritables équipes pédagogiques en lui donnant la liberté de recruter directement les professeurs avec une plus grande souplesse dans les régimes indemnitaires pour rendre plus attractifs les établissements confrontés à des difficultés plus importantes".

    Faire fonctionner les établissements publics comme des établissements privés avec des petits chefs administratifs, seuls maîtres à bord en matière de recrutement et d’utilisation des budgets.

    Il annonce la constitution de « véritables équipes pédagogiques » comme si cela n’existait pas déjà. Quel mépris pour le travail de ces équipes pédagogiques qui, depuis des années, œuvrent dans chaque établissement et doit faire preuve de beaucoup de dévouement pour mener à terme des projets pédagogiques toujours soumis à des restrictions budgétaires. Un bon nombre de ces enseignants obtiennent des participations gratuites d’intervenants extérieurs.

    Quelle méconnaissance du travail des enseignants et de ce que représente une heure de cours en préparation et corrections. Les enseignants font 18 heures de cours, annonce Sarkozy. Faux ! La plupart font déjà des heures supplémentaires avec une moyenne de 20 Heures par semaine, sans compter les conseils de classe, les contacts avec les parents et les tâches administratives. Comment peut-on parler de qualité de l’enseignement en surchargeant les classes et en demandant 26 heures de cours… sauf que Sarkozy ne parle pas de 8 heures de cours supplémentaires mais de 8 heures de présence supplémentaires. Toujours la même technique du glissement des mots pour entretenir le flou. De la présence pour quoi faire ?  Des cours, de la garderie ou peut-être le nettoyage des classes qui souvent est bâclé faute de budget ?

    De quelle revalorisation salariale s’agit-il ? Sarkozy propose de payer 44% d’augmentation horaire par une augmentation de 25% du salaire de base d’un débutant. Et oui, huit heures de plus représentent une augmentation horaire de 44%. Ensuite les enseignants ne perçoivent pas tous le même salaire, selon leur ancienneté et leur qualification. Donc il s’agit de travailler plus tout en coûtant moins cher. Il s’agit d’une dévalorisation du travail des enseignants. Si les heures supplémentaires restent défiscalisées, on peut même assimiler cela à du travail au « black » en remplacement des emplois supprimés.  

    Quel mépris aussi pour le niveau de notre enseignement reconnu dans le monde entier lorsqu’il affirme que si l’enseignement était une question de quantité, nous aurions le meilleur enseignement du monde et cela se saurait.

    Le comble est lorsque Sarkozy met en cause le collège unique comme la cause des inégalités en se faisant le défenseur des élèves d’origine modeste, tout en relevant un abaissement du niveau du baccalauréat qu’il souhaite plus sélectif. A côte de cela, il se réjouit des suppressions d’allocations familiales pour absentéisme scolaire et semble ignorer que la majorité des jeunes des ghettos urbains ne fréquentent pas les lycées huppés, antichambres des prépas. Il semble aussi ne pas savoir que leurs difficultés scolaires sont le plus souvent dues aux difficultés financières et familiales de leurs parents.  

    Décidément, l’éducation nationale n’est pas le point fort de cette France forte que proclame le candidat de l’UMP. La France forte, c’est le passage en force d’un politique de régression sociale et culturelle. Les enseignants le savent bien et  les rodomontades du mauvais élève Sarkozy sont des injures à leur intelligence.

    Comme Sarkozy se fait aussi le chantre de la notation scolaire et du redoublement, nous lui attribuerons un zéro pointé. Il ne devrait pas avoir convaincu un seul enseignant de voter pour lui. Selon un récent sondage de l’Ifop publié dans Le Monde, il plafonnerait à 12, 5% d’intention chez les enseignants au premier tour et seulement 21% au second tour contre 79% si Hollande est présent. Par ailleurs, nous ne lui accordons pas le redoublement mais prononçons son exclusion de l’Education nationale avant qu’il en fasse un champ de ruines.

    Signé: Pidone

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