• Le pacte de responsabilité: pire qu'un échec?

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    2015 arrive avec un pacte de responsabilité qui met de plus en plus en lumière l’irresponsabilité du patronat et l’échec de François Hollande qui a fait de ce pacte la clé de la croissance et du recul du chômage. Cette responsabilité devait se mesurer par branches d’activités industrielles et commerciales mais l’absence d’accords sur l’emploi inquiète le frais moulu ministre de l’économie Emmanuel Macron.  Les contreparties devaient être « claires, précises, mesurables et identifiables », selon François hollande. C’est un échec ! Pire !  Emmanuel Macron  constate que Pierre Gattaz réclame toujours plus sans rien vouloir lâcher. Le patronat descend même dans la rue pour réclamer l’accélération des mesures de simplification annoncées, la dérégulation et la diminution des charges patronales. Bien sûr, Pierre Gattaz et le patronat assurent vouloir défendre l’emploi mais c’est à un chantage au chômage qu’ils se livrent pour toujours plus de dérégulation. C’est ce que les patrons réclamaient déjà en 1980. Ils demandent des aides de l’Etat lorsque la crise arrive comme en 2008 et reprennent leurs revendications réactionnaires dès qu’ils obtiennent cette aide. Aujourd’hui, ils ont élu à la présidence du Medef, le fils Gattaz dans la lignée des patrons les plus réactionnaires de l’ancien CNPF. Il réclame en plus la suppression de l’ISF alors qu’il prône l’austérité pour les salariés. 

    Pierre Gattaz, c’est un peu Bernard Blier dans le rôle de M Dessertine, patron d’une boucherie industrielle  dans l’extrait du film « Un idiot à Paris » (Serge Korber) ci-dessous :

    Des dialogues de Michel Audiart sont restés d’actualité. Il y a les tirades de Jean Gabin, dans le film « Le Président » d’Henri verneuil qui a adapté un roman de Georges Simenon. Nous pensons notamment à cette vindicte : « Je vous reproche simplement de vous être fait élire sur une liste de gauche et de ne soutenir à l'assemblée que des projets d'inspirations patronales».   Le film date des années 1960 et cinquante ans plus tard, nous en sommes encore là.

    Emmanuel Macron demande aux patrons de faire en sorte que les quelque 41 milliards de réductions de charges et de fiscalité des entreprises trouvent leur contrepartie. "Je n'ai pas à qualifier l'attitude de Pierre Gattaz. J'ai simplement à dire que dans pacte de responsabilité, il y a le mot responsabilité", a dit Emmanuel Macron sur Radio Classique. "Aujourd'hui, il y a très peu d'accords de branche qui sont signés. Aujourd'hui, c'est un échec et c'est aussi le sien", a-t-il ajouté. "Je crois qu'aujourd'hui l'urgence pour le patronat, ce n'est pas de réclamer plus, c'est de prendre sa part de responsabilité avec un dialogue social efficace parce que (...) le dialogue social quand il est bien mené (...) est un facteur de compétitivité."

    Une quinzaine des branches professionnelles, seulement, ont entamé des concertations sur les cinquante principales. Manuel Valls s’en est déjà publiquement inquiété. Pourtant le passé démontre que le patronat n’a jamais concédé des contreparties d’emplois dans des accords. Alain Juppé s’en était offusqué à l’époque où il était premier ministre de Jacques Chirac. Premier ministre, il avait lui-même procédé en 1993 à des allègements fiscaux qui s’étaient avérés stériles en matière d’emploi. Aucune contrepartie d’emploi n’avait été promise par le patronat et ils n’avaient pas eu besoin de tenir une promesse non faite. Des millions de francs de cadeaux, sans contrôle, ni donnant, donnant, en terme d'emplois. Seule exigence pour les entreprises qui demanderaient à bénéficier des zones franches: un processus de restructuration. Comprendre: plan de licenciement. C'est ce que le premier ministre Juppé appelait «une impulsion économique». Aujourd’hui, les patrons ne veulent encore rien promettre, par contre les plans de licenciements se sont multipliés. Pierre Gattaz a même réclamé des licenciements sans justification dans les mesures de dérèglementation qu’il souhaite. Le CICE et le pacte de responsabilité ne lui suffisent pas.  

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    Alors, on se pose la question : les gouvernements libéraux sont-ils naïfs face au patronat ? Ou bien nous jouent-ils la comédie ?  Le pacte de responsabilité est une fois encore la politique du ventre mou et le patronat s’y enfonce. Ce sera une victoire pour les patrons et un échec de plus pour François Hollande, mais aussi un échec pour l’emploi et le pouvoir d’achat des Français.

    Alors que tout est fait pour diaboliser les syndicats de salariés (et en premier lieu la CGT) et pour les diviser, c’est le syndicalisme patronal qui tient le haut du pavé qu’ils viennent de battre avec des cadenas comme symbole de leur demande de dérégulation. Il est grand temps que les salariés prennent en masse conscience que le syndicalisme est leur seul rempart contre la compétitivité des salaires qui sont devenus les seuls variables du patronat pour augmenter leurs profits et ceux des actionnaires. De quoi nous parle-t-on lorsque que l’on cite le « choc de compétitivité » ? Du coût du travail. De quoi nous parle-t-on lorsque l’on réclame des investissements ? De la fiscalité. C’est bien le dumping social et le dumping fiscal qui ont été organisés, comme l’on organise en catimini et à huis clos le traité transatlantique TAFTA qui parachèvera l’œuvre ultralibérale d’une union européenne construite par des technocrates et des lobbies financiers.

    Le pacte de responsabilité est mort né. Il ne se traduira dans les faits que par des crédits d’impôts et quelques reculs sociaux de plus comme le travail du dimanche et de nuit. Les 35 heures vont devenir l’exception tout en restant la règle. Le CDI est déjà un contrat peu proposé en période de chômage puisque 80% des contrats signés sont des CDD. François Hollande a continué à enfoncer le clou et son successeur n’aura plus qu’à donner quelques coups supplémentaires de marteau libéral, si les salariés ne se réveillent pas de la torpeur dans laquelle on les a installés. Alors que les patrons sont organisés en syndicats influents, la presse ne cesse de jeter le discrédit sur les syndicats de salariés et les grèves. Lors des manifestations, on ne demande plus aux policiers de savoir compter sauf lorsque c’est la France réactionnaire qui descend dans la rue. La seule réponse à tout cela, c’est de redonner aux grandes centrales syndicales combattives un grand nombre de militants.  C’est aussi de créer une grande force de gauche proposant une véritable alternative politique pour sortir de l’ornière libérale dans laquelle ils veulent enterrer tous les acquis sociaux.

    Puisque l’on nous parle de responsabilités, que chacun prenne les siennes. Il ne s’agit pas seulement de s’indigner mais surtout d’agir, alors que l’on veut faire de la France un pays à l’anglo-saxonne d’où les idéaux de gauche sont bannis. Ainsi l’on fait croire au Français que la seule alternative est l’ultranationalisme du FN.  Dans les calculs politiciens, l’électorat de gauche ne constituerait qu’un apport au « votre républicain » garant de l’alternance libérale du pouvoir. Sarkozy est de retour car il pense tirer encore profit de cette stratégie tout en récupérant des électeurs du FN et en profitant de l’impopularité de François Hollande. Pierre Gattaz veut la suppression de l’ISF, Sarkozy la promet s’il est réélu.  

    Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé, François Hollande ou Manuel Valls, Marine Le Pen ou Marine Le Pen. Voilà les candidats putatifs aux élections présidentielles de 2017. Nous ne sommes pas dans le débat d’idées mais dans la bagarre des egos à travers une presse vouée au libéralisme, mêlant politique et pipolisation.

     Pidone

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