• Le prêchi prêcha de Marine Le Pen...

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    Dans son premier manifeste, Les Français d’abord, publié en 1984, Jean-Marie Le Pen était  loin d’afficher le démocratisme radical de sa fille. Il déclarait être « un démocrate de type churchillien ». La démocratie n’est pour lui qu’un pis aller, à condition de l’encadrer, puisqu’«il faut expliquer au peuple que ses envies, ses désirs ou les tentations de la facilité ne correspondent pas toujours à son intérêt ». C’est aujourd’hui le discours que tient Sarkozy avec son slogan « La France forte ». Le « National-populisme » a toujours était la marque du Front national dans l'extrême-droite lignée de son héritage pétainiste.  Sur un plan institutionnel, l’attachement, désormais  affiché par  Marine Le Pen à une approche très radicale de la démocratie, qualifiée de « principe fondamental de la République française » et de « bien sacré. » est une duperie pour faire croire que le Front national s’est rapproché de la tradition rousseauiste et jacobine des courants habituellement classés tout à la gauche de l’échiquier politique.

    Dans son discours, la démocratie directe est définie comme la forme la plus authentique de démocratie.  « L’absence de recours quasi systématique au peuple via l’organisation de référendums » est considérée comme portant « gravement atteinte à la démocratie », en ce qu’elle retire « au peuple l’idée pourtant fondamentale qu’il est maître de son destin. ». « Il est plus que temps d’écouter enfin le peuple », déclare à ce propos Marine Le Pen, car « celui qui sait le mieux ce qui est bon pour le peuple français…est précisément le peuple français ! ». Marine Le Pen récuse les représentants élus par le peuple : « Regardons ces maîtres illégitimes droit dans les yeux », déclare ainsi Marine Le Pen à la tribune du Front national. «Et rappelons leur qui est maitre chez soi en démocratie : le peuple, et personne d’autre ! »  Ce discours frontiste  refuse l’intégration européenne, les décisions des technocrates de l’UE ne pouvant être démocratiques.  Il rejette ce qu’il appelle le « pouvoir des juges » et les corps intermédiaires en s’éloignant sur ce point de la tradition maurassienne de la décentralisation.

    Marine Le Pen a-t-elle fait du Front national un parti néojacobin populiste et rousseauiste? Ce néo-jacobinisme attire bien entendu les souverainistes et n’est que le cache-sexe d’un Front national qui veut apparaître comme un parti de masse alors qu’il est toujours dans la tradition de l’extrême-droite contre-révolutionnaire. La distance parcourue entre le discours du père et celui de la fille n’est que stratégie. Marine Le Pen ne croit pas dans l’intelligence spontanée et le bon sens du peuple. Elle pense pouvoir le manipuler dans ses peurs. Elle veut l’instrumentaliser pour sa seule grande cause : le refus de l’Etranger.

    En France, « un régime autoritaire » se réclame « inévitablement (…) de la grande Révolution, paie tribut verbal à la volonté nationale, adopte un vocabulaire de gauche, fait profession de s’adresser, par-delà les partis, au peuple entier », disait Raymond Aron, philosophe de droite.

    Le Front National ambitionne-t-il d’établir un régime autoritaire ? Pour certains, la question est tranchée de façon négative. Le Front National ne serait plus un parti autoritaire. C’est pourtant par un coup de force que papa le Pen a imposé sa fille à la tête de son parti. Car il s’agit bien d’un parti appartenant à la famille Le Pen. Il suffirait de paraître et d’être l’attention d’une campagne médiatique favorable, pour être relooké fréquentable.  Méfions-nous de ce nouveau discours et de ceux qui s’en servent ! Méfions-nous de l’écho donné par les média à cette respectabilité nouvelle du Front National. Ce que décrivait Aron reste d’actualité et ce serait angélisme de croire le contraire. D’aucuns se demande même si Marine Le Pen n’est pas finalement de gauche. Que ses militants se rassurent, elle est résolument à l’extrême-droite mais son métier d’avocate lui a au moins appris à plaider et son père à prêcher. Lorsque Marine Le Pen parle du peuple, elle pense évidemment aux électeurs catholiques du Front national. Lorsqu’elle fait appel au peuple, c’est du prêchi prêcha pour susciter la haine de l’autre, l’exclusion.  Des journalistes et des politiciens ont tenté de faire croire qu’elle était l’alter égo politique  de Jean-Luc Mélenchon. Supercherie sans suite ! Si on l’écoute, on retrouve dans le discours de la candidate du Front national bien des points d’accord avec Nicolas Sarkozy et une partie de l’UMP favorable à une alliance des deux partis.

    Avec Jean-Luc Mélenchon l’opposition est frontale. Comment, sans se faire rouler dans la farine xénophobe, être convaincu que l’arrêt de l’immigration est la solution à tous les problèmes économiques et sociaux, niant ainsi tout ce que l’immigration a apporté et apporte comme richesses à la France? Comment occulter que la bonne démographie française est un atout dans l’Union européenne? Comment ne pas réaliser le rayonnement de la langue française dans les pays d’où provient l’immigration sans oublier aussi les ouvertures commerciales qui sont faites dans ces pays à l’économie française? La liste est longue des contre-vérités et des amalgames sur l’immigration. D’aucuns lui préfèrent sans doute les bienfaits de la colonisation. Il est fini le « temps béni des colonies » que claironnait avec nostalgie un chanteur de droite favorable à la peine de mort. Ce temps-là a cependant démontré que la France a besoin des autres dans le respect mutuel intra et extra muros. Et c’est à la fois le seul bienfait et la leçon  que l’on peut tirer dans cette époque barbare de notre civilisation. Nous n’avons pas de café, pas de coton, pas d’essence en France, nous avons des idées mais gardons-nous d’épouser celles xénophobes du Front national.…

    signé: Pidone

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