• Le socialisme définitivement viré du PS.

    Depuis 1983, le parti socialiste n’est plus à gauche. Aujourd’hui il est passé officiellement et définitivement à droite avec Hollande et Valls. Manuel Valls avait proposé de changer son appellation. C’est le moment de le faire pour clarifier ce glissement vis-à-vis des militants de gauche. Le nouveau Premier ministre avait déclaré en juin 2009 au journal Sud-ouest-Dimanche : "Il faut transformer de fond en comble le fonctionnement du PS, nous dépasser, tout changer: le nom, parce que le mot socialisme est sans doute dépassé; il renvoie à des conceptions du XIX° siècle".

    La passation de Matignon s’est déroulée de façon protocolaire, c’est-à-dire faux-cul lorsqu’on apprend par la presse que Manuel Valls a revendiqué le poste de Premier ministre en menaçant de démissionner de celui de Ministre de l’Intérieur.  Ce dernier a félicité son prédécesseur pour l’œuvre accomplie en annonçant qu’il avait pour mission d’aller plus loin et plus vite. Comme Ayrault, il a sa feuille de route : la même mais sans limitation de vitesse et le plus loin qu’il regarde, c’est l’horizon des prochaines élections présidentielles.

    Manuel Valls est un ambitieux de droite qui a fait carrière au Parti socialiste. Il fait partie des socio-démocrates qui ont converti le parti socialiste au libéralisme économique jusqu’à vouloir effacer le mot « socialisme ». Le premier pas avait été franchi par François Mitterrand en 1983 sous l’influence de Fabius et Attali notamment.

    D’origine espagnole du côté de son père catalan et naturalisé français après 1981, Il a approuvé l’extradition vers l’Espagne de membres de l’ETA par le gouvernement socialiste français en 1985.

    Entré en politique comme rocardien, Manuel Valls a été le chargé en communication de Lionel Jospin lorsque ce dernier était locataire de l’Hôtel Matignon de 1997 à 2002. Apparemment, il a pris sa part dans la déroute des présidentielles de 2002.  On se souvient que Lionel Jospin avait annoncé en début de campagne que son « projet n'est pas socialiste ».

    Manuel Valls se réfère à l’anglais Blair, à l’américain Clinton et  s'inscrit dans la lignée de Pierre Mendès France, Michel Rocard et Lionel Jospin.

    Il prône la réussite individuelle : « Le nouvel espoir que doit porter la gauche, c'est celui de l'autoréalisation individuelle : permettre à chacun de devenir ce qu'il est »et « refus de l'assistanat ». Il se dit « réformiste plutôt que révolutionnaire » et veut « concilier la gauche avec la pensée libérale ».

    En 2005, pour le référendum sur la Constitution européenne, il défend le « non ». Mais peu avant le référendum interne au PS du 1er décembre 2004, où le « oui » l'emporte avec plus de 59 % des voix, il participe, « par discipline », à la campagne du PS pour le « oui ». Il vote avec d'autres élus de gauche « pour » la réforme du titre XV de la constitution permettant la ratification du Traité de Lisbonne (2007) lors du Congrès du Parlement français le 4 février 2008.

    Soutien de Ségolène Royal, il a accusé publiquement Martine Aubry de fraudes après les résultats du Congrès de Reins en 2005 et s’est déclaré contre les 35 heures en 2011. Martine Aubry a posé la question de son départ du PS. Il est resté avec l'appui de quelques élus socialistes dont Jean-Noël Guérini.

    Approché par Nicolas Sarkozy pour participer au premier gouvernement Fillon, il a refusé car sa carrière ne pouvait se faire qu’au parti socialiste surtout en ayant pour objectif de se présenter aux présidentielles de 2012 contre Sarkozy. Il reste qu’il a fait partie du casting comme Eric Besson.

    Manuel Valls a présenté un programme lors des Primaires socialistes qui est celui adopté par François Hollande. Il donnait la priorité à la baisse des déficits au-dessous de 3 % dès 2013 et à celle de la dette publique, prônant l'inscription de la règle d'or budgétaire dans la Constitution, rejetée par son parti. Il préconisait aussi la TVA sociale sur nombre de produits de consommation dits de « non première nécessité » en échange d'un allègement des cotisations sociales portant sur les salaires). A l’instar des Américains, il proposait également un « Small Business Act [1]» pour les PME.

    Il plaidait pour l'allongement de la durée de cotisations pour fixer l'âge du départ en retraite et « l'alignement des régimes spéciaux [de retraite] sur le régime général». En 2010, il s'est déclaré favorable au contrôle de la Commission européenne sur les budgets nationaux, jugeant cela « incontestablement » nécessaire.

    Avec Manuel Valls, aucun changement de cap n’est donc à espérer. Bien au contraire, la politique mise en œuvre est celle poursuivie depuis des décennies par la Droite. Cette politique va s’aggraver même si la composition du gouvernement va hypocritement être un dosage savant des différents courants de la majorité présidentielle. 

    Battone


    [1] Le Small Business Act est une loi du Congrès des États-Unis voté le 30 juillet 1953, modifiée à de nombreuses reprises, et visant à favoriser les petites et moyennes entreprises dans le tissu économique du pays.

    Entre autres dispositions, le Small Business Act réserve certains marchés publics aux PME :

    ·         Ceux situés entre 2 500 et 100 000 dollars,

    ·         Au-dessus de 100 000 dollars, quand il existe de très grandes chances qu’au moins deux PME formulent une offre intéressante,

    ·         Si seules les grandes entreprises peuvent répondre à l’appel d’offres, les PME se voient attribuer une réservation partielle du marché,

    ·         Les appels d’offres d’une valeur de plus de 500 000 dollars remportés par une grande entreprise doivent comporter « un plan de sous-traitance » montrant la part à laquelle les PME ont droit.

     

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