• Le terrorisme, l'Islam et la laïcité

    En Corse, l’incendie de ce que l’on appelle tantôt salle de prières tantôt mosquée a eu un retentissement national que n’ont pas les autres actes islamophobes  sur le Continent, comme, si un acte islamophobe était plus grave sur l’Île de beauté qu’ailleurs. Le comité contre l’islamophobie en France (CCIF) publie sur son site une carte des actes islamophobes qui montre que ce phénomène n’est pas spécifique à la Corse et que le record est détenu par la région parisienne. Il est curieux de constater que ces actes y sont moins médiatisés par une presse pourtant omniprésente dans la capitale. Les événements d'Ajaccio s'inscrivent, hélas, dans une série d'actes islamophobes dont la fréquence a augmenté depuis les attentats contre Charlie Hebdo et ceux du 13 novembre, selon les observations du CCIF. En 2015, le 23 août, un incendie d'origine criminelle ravage la mosquée d'Auch (Gers), deux jours après l'attaque menée par un Marocain au profil de militant islamiste dans un Thalys entre Bruxelles et Paris. Le 6 août, la mosquée de Mérignac (Gironde) est la cible d'un cocktail Molotov qui provoque un début d'incendie... Le 8 juin, une mosquée en construction à Carpentras (Bouches-du-Rhône) est la cible d'un tirLe 9 janvier, dans le Pas-de-Calais, deux mosquées en chantier sont visées: une croix gammée dessinée à Liévin et à Béthune à côté d’un tag "dehors les arabes"… Pourquoi ces actes n’ont-ils pas le même traitement médiatique ailleurs qu’en Corse ? L’islamophobie en Corse sert-elle aussi de prétexte à la corsophobie des journalistes et politiciens jacobins ? N’est-ce pas la manifestation d’une intention de désigner les Corses comme les champions de l’islamophobie pour minimiser les scores sur le Continent ? Chaque acte islamophobe, où qu’il soit perpétré, incite à une réflexion sur ses causes qu’il ne faudrait pas perdre de vue, en ne s’arrêtant qu’à une réprobation convenue entre gens de bonne compagnie. Les causes de la multiplication des actes islamophobes sont les attentats de Paris et de Bruxelles, instrumentalisés par l’extrême-droite. Leurs auteurs sont  « djihadistes » et poussent à s’interroger sur l’Islam en France.

    Dans l’humanité du 12 avril, rubrique « débats et découvertes », trois personnalités ont donné leurs avis sur le thème « Quelles sont les racines du terrorisme se réclamant de l’Islam ?». Un journaliste-écrivain, un imam et un philosophe s’expriment.  Trois points de vue qui se complètent pour nous donner un éclairage sur ce terrorisme religieux qui menace la Terre entière. 

     

    Les racines sont-elles sociales ?

    Arezki Metref, journaliste et écrivain algérien, voit les racines du mal dans des massacres qui, avant Paris et Bruxelles, ont eu pour scènes de crimes l’Algérie dans les années 1990 dont la société algérienne ne s’est pas encore remise Il fait allusion à la dérive du FIS, après l’assassinat d’un de ses dirigeants Abdelkader Hachami qui tenait un discours rationnel et modéré, discours radicalisé dans la formation des jeunes « fous d’Allah » qui ont basculé dans le meurtre. Cette époque fut aussi celle des « années noires du journalisme en Algérie » que décrit le journaliste-écrivain Brahim Hadj Slkimane dans un ouvrage portant ce titre (Editions du Cygne, collection recto verso). Dans le journal « L’Humanité », Son confrère Arezki Metref commence par traiter les terroristes de «mutants » qui sèment la mort et estime que la décence demeure la compassion et la solidarité envers leurs victimes. Pour lui, même la colère est salutaire. Toutefois il s’élève contre les « logorrhées »  verbales qu’elle déclenche. La peur fait causer, dit-il ironiquement. Les mêmes clichés reviennent : «  Le culte de la mort est inscrit dans leurs chromosomes ». La question est vite posée : «  Sont-ils intégrables à l’Occident, ces immigrés ? ».

    Après l’attentat du 26 août 1992 à l’aéroport d’Alger, Arezki Mertref déplore que personne n’ait lancé « Je suis Alger ». Il revient sur le thème soulevé en s’interrogeant : « Comment le salafisme, après s’être fait les dents sur des pays comme l’Algérie, a-t-il pu s’ancrer en Europe  (la réponse est dans sa question lorsqu’il la développe en ajoutant…), se greffer sur la ligne de fracture sociale, et convertir instantanément en adorateurs de la mort, puis en bombes humaines, des jeunes désertés par l’espérance, laissés sur le bas côté du banquet de la mondialisation ? Banquet ? Pas pour tout le monde. »

    Nous l’avons compris, Areski Metref s’insurge contre les experts médiatisés qui ne voient rien de social dans le phénomène djihadiste et font peser le soupçon sur tous les arabes, suspects d’être musulmans donc potentiellement djihadistes. Il évoque ceux qui ne croient pas à une assimilation possible. Pour lui, en France comme en Algérie,  la réponse est la ghettoïsation, le chômage, la pauvreté et le désespoir social. Ensuite ces jeunes tombent entre les mains de prédicateurs salafistes qui profitent de l’homologation d’associations religieuses et du vote communautaire recherché par les politiciens. Sur le plan international, il stigmatise ce qu’il appelle le « wahhabisme matriciel », généreux en pétrodollars. C’est aussi avec l’Arabie Saoudite et le Qatar que les pays occidentaux font des affaires. Il revient sur la légion d’honneur remise à un dignitaire saoudien par François Hollande. On ne peut pas décorer celui qui fournit l’argent et la légitimité au terrorisme islamiste.

    Pour ce journaliste algérien, nier les racines sociales du basculement, c’est s’aligner sur le mal originel, celui que le musulman porte en lui. Il considère que l’objectif des Djihadistes est de creuser le fossé entre musulmans et non-musulmans, fossé pré-creusé par le racisme et la xénophobie. Vont-ils y parvenir ?

     

    Quelle est la vraie lecture du Coran ?

    Tareq Oubrou, Imam de Bordeaux, s’attache à des explications et démonstrations théologiques. Pour lui, dans la tradition théologico-politique sunnite et chiite, la violence des djihadistes de Daech n’est pas autorisée, même en cas de revendication légitime, parce qu’elle conduit à la guerre civile. Pour lui tuer des civils est une lâcheté et seul l’Etat peut user d’une violence légitime (en se référant au concept de Max Weber). Heureusement qu’il cite le sociologue Max Weber, ce qui enlève toute ambiguïté à sa phrase, lorsque l’on passe à des Etats islamistes comme l’Arabie Saoudite et le Qatar pour n’en citer que deux.  Max Weber (1864-1920) considère que la "violence légitime" est la condition nécessaire, si ce n'est suffisant, pour qu'une institution puisse être appelée "Etat". Pour lui, l'Etat est une "entreprise politique à caractère institutionnel lorsque et tant que sa direction administrative revendique avec succès, dans l'application des règlements, le monopole de la contrainte physique légitime" (Max Weber, "Le Savant et le politique", 1919). Le monopole résulterait de ce que les sujets de l'Etat consentent, par tradition ou par un désir d'égalité, à ce que celui-ci soit le seul à pouvoir exercer une violence sur son territoire, de façon légitime, en s'appuyant sur les forces policières, militaires ou juridiques. Dans une démocratie, la "légitimité" de cette violence est basée sur la conformité au droit et à l'équité, elle-même définie par la raison, le bon sens, la justesse et la mesure. La violence légitime ne peut s’affranchir des droits de l’homme ! Il faut le préciser pour se rassurer !

     

    Cet Imam nous explique aussi que le martyr n’est pas le kamikaze et que la califat est une notion théologico-politique désuète pour finir par dire que la méthode de Daech est laïque et s’appelle l’administration de la sauvagerie. Voilà Daech sécularisé ! Daech n’aurait rien à voir avec la religion.  Le problème avec les explications théologiques est que chacun a les siennes. Qui sont les imposteurs ? Entre Wahhabisme, salafisme, islamisme et soufisme mais aussi entre sunnites, chiites et autres communautés musulmanes, on s’y perd. Nous ne demandons qu’à croire Monsieur Tareq Oubrou lorsqu’il parle d’un Islam de paix, inspiré par le recherche de la sagesse. Nous vous proposons l’une de ses interventions d’autant plus intéressante qu’elle s’adresse à ses fidèles. Il aborde la signification du « El Djihad ». Si les premiers mots d’accueil sont en arabe, tout le reste est en français…

     

    Il est vrai que, si l’on regarde les exécutants des attentats, ils apparaissent le plus souvent comme des délinquants déculturés, manipulés par des fanatiques. Toutefois, il ne s’agit que des exécutants. Si l’on regarde le wahhabisme sunnite décrié par le journaliste Arezki Metref ou, du côté chiite, l’Iran devenu fréquentable pour des raisons de stratégie géopolitique mais encore, en Turquie, le projet de constitution religieuse de l’islamo-conservateur sunnite Erdogan aux portes de l’Union Européenne, s’agit-il d’un islamisme conforme à la religion de paix qui nous est décrite ou bien de dictatures qui administrent la sauvagerie ? En passant de la dictature laïque à une forme plus liberticide mais religieuse, Erdogan a-t-il mal lu le coran ou bien s’en sert-il pour asseoir sa dictature? En jouant le double jeu avec Daech, Erdogan est-il manipulé par des fanatiques ou les manipule-t-il ? A y réfléchir, le problème n’est pas aussi simple que de séparer le vrai Islam pacifique du salafisme et autres dérives sectaires.

     

    Une critique publique et intransigeante des dogmes

    La troisième personnalité est Yvon Quiniou, philosophe. Il se sent obliger de dire, en préliminaire, qu’il ne veut pas stigmatiser les musulmans dans la pratique quotidienne de leur culte et qu’il n’a pas oublié les violences perpétrées par le christianisme dans le passé. Il ne veut pas occulter les causes sociopolitiques de ce que nous vivons aujourd’hui. Il s’agit de ce dont a parlé Arezki Metref en y ajoutant le colonialisme (et le néo-colonialisme). Il ne veut toutefois pas verser dans la démission de certains intellectuels de gauche face à l’Islam et à son texte fondateur, le Coran. Pour lui les idées religieuses ne sont pas qu’un simple reflet de toutes ces causes historiques et sociales. Les terroristes ne sont pas tous des victimes irresponsables. Il ne s’agirait pas de les dissocier des croyances qui les animent et justifient leur barbarie. Leur violence peut trouver sa source dans le Coran, justement selon l’explication théologique qui en est donnée. On y trouve la haine des infidèles et même des « incrédules » et le fameux « Djihad » qui est peut-être un appel à un effort religieux sur soi mais aussi une incitation à faire la guerre jusqu’à la mort.  Ceux qui se lanceraient alors dans une guerre sainte sont des martyrs assurés de leur salut au paradis. Ensuite l’amour ne concerne que l’ummat, la communauté musulmane. Nous passerons sur toutes les prescriptions qui peuvent être soumises à la critique objective. Selon Yvon Quiniou, justement l’Islam est une religion peu enclin à la critique et qui exige la soumission absolue à la parole divine. Le croyant n’a pas le droit de penser librement. Il cite Abdelwahab Meddeb, spécialiste du soufisme et favorable à un Islam libéral, qu’il invite à lire : « l’islamisme est une maladie de l’Islam, mais les germes sont dans le texte ». 

    Il faudrait questionner les musulmans et les pousser dans leur retranchement en faisant appel à leur intelligence et à la morale (au sens philosophique du terme) pour qu’il prenne conscience du potentiel totalitaire que comportent leurs croyances.

    Cet effort de questionnement me fait penser à une anecdote racontée par Florian Zeller dans son livre « La fascination du pire » sur Tariq Ramadan, intellectuel petit-fils du fondateur des Frères musulmans.  Dans une émission ce dernier a tenté d’expliquer le port du voile en parlant de cette fameuse « pudeur ». Un philosophe, qui n’est pas cité, lui aurait demandé ironiquement : Dans ce cas pourquoi les hommes ne portent-ils pas le voile ? Le visage de la femme est-il plus impudique que celui de l’homme.  Tariq Ramadan n’est pas le « délinquant déculturé manipulé » que décrit l’imam Tareq Oubrou.  Il s’agit d’un prédicateur musulman, théologien et islamologue suisse, d'origine égyptienne. Son frère, Hani Ramadan, réside à Genève où il dirige le Centre islamique de Genève. Il s'est fait remarquer après avoir publié un article sur la Charia dans Le Monde, dans lequel il dit de la lapidation qu' elle constitue une punition, mais aussi une forme de purification. Ne nous a-t-on pas informés de l’utilisation des fratries dans le terrorisme islamiste ? Est-ce vrai chez des intellectuels comme chez des petits délinquants ?

     

    Quoi penser des trois analyses ?

    Il y a une part de vérité dans chacun des points de vue commentés mais ceux du journaliste et du philosophe me semblent complémentaires et plus objectifs que le cours théologique d’un imam, serait-il pacifiste et humaniste convaincu.

    Tout en respectant la foi des croyants, dans son livre Critique de la religion, Yvon Quiniou s’attaque aux structures religieuses, dans l’esprit de la philosophie des Lumières et de grands penseurs du XIXe siècle. Pour lui, les hommes doivent inventer les règles d’une vie collective apaisée à partir de leur raison commune. Cela rejoint le « concept de violence légitime » évoqué par l’Imam qui fait référence à Max Weber, dans la mesure où ce concept place l’humain d’abord et dans sa diversité, là où cette violence ne sert pas à soumettre des peuples.

    Le terrorisme et ses causes sociales ne doivent pas occulter le problème posé par les religions en ce qui concerne le vivre ensemble. L’acceptation d’une laïcité détournée de son sens originel conduit à l’intrusion du religieux dans la vie sociale et dans le politique. La religion est une affaire personnelle entre l’homme et la mort, entre le croyant et son dieu. La religion est d’abord une idéologie de la mort mais il s’agit de notre propre mort et de celles de nos proches. Elle est aussi une négation de la mort en donnant l’espérance d’un vie éternelle. Elle est dans le périmètre de notre liberté de penser, de croire ou de ne pas croire. Comme toute autre liberté, la liberté de culte s’arrête où commence la liberté des autres,  croyants, agnostiques ou athées. Croire ne doit pas empêcher les autres de penser librement, de parler librement, de vivre librement.  Les intégrismes religieux n’acceptent pas les infidèles, ceux qui n’ont pas la même foi qu’eux car leur foi est un don de Dieu qui ne se refuse pas. Ils veulent soumettre les autres à leurs lois divines. Ce sont alors des imposteurs qui font des procès en sorcellerie. Leur propagande s’apparente à l’argumentation des escrocs qui choisissent leur public et leurs cibles. Ils vont jusqu’à administrer la sauvagerie pour prendre le pouvoir. Ils conduisent les peuples à des guerres civiles et à des génocides. Ils sont les ennemis des démocraties puisqu’ils remettent en cause, sans raison commune, la cohésion sociale en forçant au communautarisme religieux. Leur pratique de la religion, pour reprendre une formule de Victor Hugo, « n’est pas autre chose que l’ombre portée de l’univers sur l’intelligence humaine ». Quelles que soient les causes des dérives djihadistes et sans les sous-estimer, le « nazisme religieux » est inacceptable et tous ceux qui le favorisent devraient être combattus, à commencer par les ennemis de la laïcité. L’abdication, le silence  et l’indifférence sont propices aux crimes contre l’humanité.

    Il ne s’agit plus de faire preuve d’angélisme envers les revendications religieuses, car le vivre ensemble est fait de règles rationnelles acceptées par tous. La laïcité en est une, alors que les religions sont causes de fractures sociales. Si la laïcité ne remet pas en cause la liberté de culte, elle ne devrait souffrir d’aucune faiblesse dans les écoles et les administrations. Par ailleurs, l’Islam n’ayant pas de clergé bien identifié, il serait opportun d’inviter les Français musulmans pratiquants à clarifier  leur religion comme l’a fait l’Imam Tareq Oubrou dans les pages du journal L’Humanité et dans la vidéo ci-dessus. La création d’un clergé orthodoxe permettrait à l’Islam de sortir de ses contradictions et de rejeter les imams autoproclamés qui manipulent les esprits faibles en les attirants dans le salafisme avant d’en faire des criminels djihadistes. Les Musulmans devraient faire de la tolérance religieuse un pilier de l’Islam. La pratique de l’Islam n’est pas simple en France tant que des salles de prières s’ouvriront de façon anarchique pour des prêches salafistes. Par ailleurs, on ne peut laisser des Etats religieux financer des lieux de culte en France pour y faire du prosélytisme intégriste et fabriquer des asociaux dangereux.

     

    La laïcité comme règle réaffirmée

    Il est important, à nos yeux, de souligner que l’Etat doit être laïc et le rester radicalement, sans faiblesse. La neutralité de l'État à l'égard des confessions religieuses ne consiste pas à favoriser le prosélytisme des uns ou des autres. Cela implique de veiller à la stricte séparation entre le politique et le religieux. Par ailleurs, l’Etat laïc doit contrôler le financement et la théologie  dans tous les lieux de culte afin de protéger les citoyens des organisations sectaires et de ne pas cautionner les Etats religieux qui ne respectent pas les droits de l’homme. Le journaliste algérien Arezki Metref a raison, on ne peut pas combattre efficacement le djihadisme et Daech, en assumant des relations stratégiques (selon les termes de Manuel Valls) avec le Wahhalabisme et le salafisme. On ne peut pas décorer de la légion d’honneur un dignitaire saoudien et condamner les égorgeurs de Daech. L'accommodement (voire l’hypocrisie ou la complicité) envers la barbarie intégriste ne doit pas avoir pour curseur les pétrodollars et les ventes d’armes.  

    Enfin, il est urgent de prendre conscience que les mesures contre le prosélytisme religieux sont urgentes et doivent stopper la radicalisation islamiste pour éviter de creuser davantage le fossé entre les musulmans et l’Occident. En France, lutter contre les signes ostentatoires et le prosélytisme,  c’est lutter contre le racisme et la xénophobie qui sont le fonds de commerce de l’extrême-droite. Seule la laïcité bien comprise permettra que la situation n’empire pas. La laïcité n’est pas la permission donnée à une religion d’envahir l’espace public.  Cet envahissement est déjà dénoncé et amplifié par l’extrême-droite à des fins électorales. Le favoriser serait une erreur grave de conséquences. Chaque religion devrait accepter, sans revendication cultuel,  la laïcité dans l’espace public et s’y conformer sans le recours à des condamnations. La loi a d’abord un but préventif et ne la voir que sous son angle répressif ne résout rien.

    La basilique de Montmartre a été souillée par des inscriptions : « A BAS TOUTE AUTORITE», «FEU AUX CHAPELLES», «NI DIEU NI MAITRE NI ETAT» «A BAS DIEU» «1871 VIVE LA COMMUNE». Il ne s’agit pas d’un acte antichrétien venant de croyants d’une autre religion mais de slogans anarchistes visant une basilique, construite pour «laver Paris de l'affront de la Commune» et de ses 30.000 morts. Le symbole  politique était visé, non pas les fidèles de ce lieu. Même s’il est condamnable, cette dégradation d’un lieu de culte est ni raciste ni xénophobe. Il n’est pas question de l’accepter mais de faire la part des choses.

    A Ajaccio, une salle de prières a été incendiée. Ce n’est pas le symbole qui est visé mais les Musulmans qui fréquentent ce lieu pour les en priver. Ce n’est  justifiable et tolérable pas plus qu’ailleurs. A rebours, ce n’est condamnable pas plus qu’ailleurs. Nos propos ne remettent pas en cause la liberté des cultes et ne justifient aucune violence xénophobe ou raciste. Incendier une salle de prière, c’est se comporter comme les djihadistes vis-à-vis des autres religions. Ces incendiaires ne valent pas mieux que les djihadistes. Cependant, si l’Etat doit protéger les lieux de culte, il doit aussi veiller à ce que ces lieux ne soient pas des implantations sauvages qui perturbent la vie des gens dans tout un quartier. La première des libertés que l’Etat doit protéger, c’est celle du citoyen athée, agnostique ou croyant mais quelle que soit sa religion. C’est par une réglementation plus stricte et mieux respectée des implantations cultuelles que l’on évitera des actes criminels.

    Aussi, comme le fait remarquer le journaliste Arezki Metref, on ne va pas continuer à confier des jeunes à des prédicateurs salafistes et homologuer les associations religieuses comme interlocuteurs des politiques en tant que représentantes de l’immigration. Si les politiciens se servent du vote communautaire, ils le font parfois au détriment de la laïcité et donc de l’intérêt général. Ils sont alors responsables des dérives intégristes comme c’est le cas à Molenbeek en Belgique. On peut, aujourd’hui, en mesurer les conséquences tragiques. Le clientélisme religieux est responsable de la montée de l’islamophobie qui profite à l’extrême-droite et à la droite. La peur du djihadisme fait progresser la xénophobie et le racisme, en peuplant  une  clientèle électorale que l’extrême-droite et la droite se disputent.  

    Nous sommes persuadé qu’à la trilogie républicaine « Liberté, égalité, fraternité », il faudrait ajouter « Laïcité ». Ce siècle ne doit pas être religieux et s’il a besoin de spiritualité, nous conclurons sur les mots de Stéphane Hessel : « Nous avons besoin d'un leadership démocratique dans le monde entier, en accord avec cet exercice laïc de l'esprit, en faveur de la non-violence, de la compassion. Démocratie laïque, oui, ce qui n'exclut pas un plan plus élevé, la spiritualité de la tolérance ».

    U Barbutu  

    Google Bookmarks

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :