• Le virage dangereux à droite !

    Le virage dangereux à droite ! L’accusation de « populisme » associée à « extrémisme » ne sert qu’à diaboliser toutes celles et ceux qui appellent à plus de justice sociale, au moment où la droite et l’extrême-droite occupent l’espace politique déserté par cinq années de pouvoir dit « social-libéral » ou « social-démocrate ».

    Selon Erwan Sommerer et son ouvrage « l’épochè populiste », le populisme est la rencontre avec une entité fictive héritée de la philosophie politique. C'est un dialogue imaginaire instauré avec un interlocuteur collectif – le peuple – disposant d'un accès privilégié à la connaissance du réel et du vrai. L'essence même de la démarche populiste est cette tentative d'instaurer une relation, d'organiser une rencontre avec une chimère conceptuelle dont on attend la révélation du sens de l'histoire et de la communauté : il faut aller au peuple pour entendre enfin sa parole à l'écart de toute médiation. Chercher le peuple – ce qu’ont fait à leur manière les narodniki russes, les nationalistes argentins des années 30 et les maoïstes français –, c'est alors prendre le risque de ne jamais le trouver et de rendre interminable cette étrange épochè, cette suspension du jugement par laquelle la découverte de la vérité, et donc du meilleur régime, sont différés dans l’attente de la parole du peuple. Ainsi, le populiste prend trop au sérieux la philosophie politique ; il s'invente un peuple et part à sa recherche pour finalement ne tomber que sur lui-même au fond d'une impasse sceptique.

    Le Front populaire a-t-il été l’impasse sceptique d’un populisme de gauche ou bien a-t-il apporté des avancées sociales comme les congés payés ? Le virage dangereux à droite ! Le Conseil de la résistance était-il un foyer de populistes avec l’impasse sceptique de la Sécurité sociale par exemple ? Toutes les avancées sociales sont-elle « ce que les corrompus d’aujourd’hui appellent  nos rêves» ? (Une phrase de Gracchus Babeuf détournée de son contexte et inscrite dans son testament politique le 14 juillet 1796, onze mois avant sa condamnation à mort par le Directoire). Sauf à croire que l’idée d’Egalité peut sans dommage se limiter à n’être qu’un mot d’une devise nationale vide de sens, l’appel à une république sociale est-il une manœuvre démagogique et populiste ?

    Qui  sont les démagogues manipulant les peurs, cherchant la découverte du meilleur régime libéral pour les plus riches et rendant interminable l'épochè, cette suspension du jugement et de la découverte de la vérité économique et sociale, différée de décennie en décennie ? Qui sont les profiteurs de la lutte des classes ? Ils l’entretiennent et l’attisent par l’aggravation des inégalités et l’ultranationalisme. Pensent-ils gagner contre la majorité du peuple plongée dans la précarité et la pauvreté ? Pensent-ils instrumentaliser encore longtemps le chômage et la xénophobie qu’il génère ? Le populisme, ce n’est pas que s’inventer un peuple mais c'est tromper et diviser le peuple pour le soumettre. 

    Le virage dangereux à droite ! Loin de l’analyse philosophique de « L’épochè populiste » qui leur passe au dessus de la tête et contrairement à la réalité des discours et des idéologies, les médiocres chiens de garde de la doxa libérale font ainsi l’amalgame populiste entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, entre les soutiens de ce dernier, démocrates altruistes, et les électeurs du FN, fascistes xénophobes. Quel rapport peut-il y avoir entre, d’un côté, un Mélenchon qui parle de justice sociale, d’égalité, de démocratie et, de l’autre, une Le Pen qui exploite les peurs en attisant les haines ? Qui s’invente un peuple de France comme un parc humain à protéger ? Qui s’invente un peuple de France xénophobe et raciste ? Comment des politiciens et des commentateurs peuvent-ils vouloir tromper les électeurs à ce point ? Lorsque nous demandons « comment ? », il faudrait ajouter « Pourquoi ? » Et la réponse est que cette mauvaise foi, ce cynisme, ce mensonge, cette désinformation font partie de la propagande et du formatage des esprits. Les affinités avec le FN se trouvent ailleurs… Elles sont évidentes, mais il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Il y a aussi ceux qui regardent le doigt lorsqu’on leur montre la lune. Cela ne nous empêchera pas d’appuyer le doigt où ça fait mal. Ils étaient tous à la manif pour tous contre la loi Taubira...

    Le virage dangereux à droite ! "Nous sommes pour la baisse du coût du travail et la renégociation par branches des 35h", a déclaré Marion Maréchal-Le Pen, sur BFM-TV dimanche soir. Elle est pour la suppression de certains postes de fonctionnaires et, en particulier, de fonctionnaires territoriaux. Toutefois il paraîtrait que cela n’a rien à voir avec  le programme de Fillon. La presse aura du mal à faire croire que c'est prévu dans le programme de Mélenchon, par exemple. Qui pourra encore croire qu'il n'y a aucun lien entre le programme de Fillon et le Front national ? Aucun lien entre Fillon, Valls et Macron ?

    Le virage dangereux à droite ! Non seulement Fillon est un réactionnaire qui a défilé aux côtés de Marion Le Pen Maréchal à la Manifestation pour tous mais leur participation leur a donné l’occasion de recueillir le soutien d’une vieille France intégriste catholique. Il n'y a pas que sa position sur la loi Taubira (Mariage pour tous) qui explique le ralliement d'une partie des catholiques derrière la bannière Fillon. Au-delà des questions de filiation, le député de Paris a su se positionner sur tous les thèmes chers aux catholiques : durcissement des sanctions contre la GPA, rétablissement de l’universalité des allocations familiales, engagement constant en faveur des Chrétiens d'Orient, défense de la liberté religieuse (tout en étant contre le burkini) mais aussi promesse d'un plan de lutte contre la pauvreté… Ses prises de position « cathos-compatibles » et « FN-compatibles » sont nombreuses.    Fillon veut la baisse du coût du travail et la suppression des 35 heures, comme l’a exprimé Marion Maréchal-Le Pen. François Fillon a le même discours que le Front national sur l’immigration et l’Islam. La seule différence avec Marine Le Pen est qu’il n’a pas eu besoin d’une campagne de dédiabolisation et a pu passer un pacte avec le diable pour se retrouver seul candidat de la Droite et du centre. C’est bien une diablerie électorale qui se prépare car il s’agit de laisser,  aux électeurs du second tour des Présidentielles, le seul choix du l’ultralibéralisme, de la casse sociale, de la xénophobie, du puritanisme et de l’autoritarisme.

    Le virage dangereux à droite ! La doxa libérale veut imposer ses jeunes vieux ( Macron et Valls) et ses vieux réactionnaires de la Droite extrême comme Fillon, proche de l’idéologie portée par Jean-Marie Le Pen qui, faute d’héritier mâle, a confié la maison FN à sa fille Marine tout en nous jouant la comédie des Anciens et des modernes dans laquelle il incarnerait le canal historique. En 2012, la république des énarques a succédé à la celle des avocats d’affaires. Les deux font bon ménage.  Le FN a embauché un énarque pour sa campagne de dédiabolisation : Florian Philippot. Le « Système » est défendu par ces énarques, les avocats d’affaires et les professionnels de la politique. La presse en assure la propagande car elle est, en grande partie, entre les mains de grands patrons. La politique se fait à la Corbeille avec le monde de la Finance et c’est le Médef qui dicte ses mesures antisociales aux politiciens de la doxa libérale. Ce n’est pas être populiste et extrémiste que de le dire. Par contre les populistes et extrémistes font partie de ce « système » et entretiennent les peurs pour imposer leur autorité sur le peuple avec son consentement. Pour Fillon, le système c’est vous, c’est nous, gens de gauche, assurés sociaux, syndicalistes, intellectuels, chômeurs… etc. Nous serions les ennemis intérieurs d’une France aux racines chrétiennes. Nous serions parmi celles et ceux qui dénigrent le roman social de la France écrit, depuis 2000 ans, à la gloire de la Nation française… et sans doute avec son apogée au 19ème siècle dans la période de la restauration et de la Monarchie de Juillet.

    Fillon regrette que la France n’ait pas subi de révolution thatchérienne. Qui douterait encore que Fillon rime avec Macron. Le journal « Regards » a pris ce dernier en flagrant délit d’apologie du thatchérisme. L’ex-ministre de l’Économie est intervenu dans une émission de la BBC consacrée à la France. Entre trois éloges des "réformes" et deux aphorismes édifiants, il a confié ses regrets que notre pays n’ait pas pris le train des années Thatcher. Hors de France, comme l’a fait Fillon, il n’a pas pris beaucoup de précautions pour exprimer son admiration envers les politiques menées dans les années 80 par le gouvernement de Mme feue Thatcher : « Quand on compare [la France] avec le Royaume-Uni dans les années 80, la grande différence est que nous n’avons pas assuré [les réformes] à l’époque. Les Français se rendent compte que les autres ont décidé de changer et que nous sommes les seuls à ne pas réformer notre propre système. » C’est dit. Peu importent la brutalité avec laquelle la dame de fer a appliqué sa politique, les ravages sociaux qu’elle a provoqués et ses conséquences politiques.

    Ne suspendez pas votre jugement ? N’attendez rien de bon de la part des Le Pen, Fillon, valls, Macron et Cie ! Le premier tour des Présidentielles sera de la plus haute importante car c’est au premier tour que tout va se jouer. Si Fillon et Le Pen sont seuls au second tour, il ne restera plus qu’à aller à la pêche car, il faut en convenir, Fillon est passé du côté de la force obscure de la droite, celle qui rejoint l’idéologie du FN. Fillon et Le Pen, c’est la casse sociale au bout, c’est une atmosphère de guerre civile, c’est l’état d’urgence sans fin et le recul de la démocratie. Il ne faut pas se tromper de peurs. Le plus grand danger, c’est Fillon et/ou Le Pen. Ce serait un danger accepté dans les urnes. Un danger consenti contre lequel il faudra pourtant lutter sans armes, contrairement aux autres dangers comme la radicalisation islamiste par exemple.

    Il faudra refuser le virage à droite imposé par la doxa libérale qui pousse la France dans l’impasse du libéralisme économique et de l’extrême-droite. Il ne faut pas croire à un nouveau discours du Bourget fait à Evry par un Manuel Valls en campagne pour les Présidentielles. L’ancien « M. 5 % » de la primaire de 2011, qui a théorisé les « deux gauches irréconciliables », joue désormais le grand rassembleur. Valls et Macron mènent le même combat notamment contre le code du travail. Ils sont idéologiquement de droite. Avec Hollande, ils sont coresponsables de la politique menée depuis 2012 et de l’éclatement de la Gauche.

    La Droite sociale n’existe pas. De décomplexée, elle est devenue maintenant arrogante. Pour sortir de l’impasse qui nous mène à un duel Fillon/Le Pen, le seul candidat sincère et éligible à Gauche est Jean-Luc Mélenchon. Tous les autres ont accompagné ou subi passivement la politique menée par Hollande et Valls. Sarkozy et Hollande sont déjà dans les poubelles de l’histoire de la Cinquième république. Pour leur succéder, leurs premiers ministres veulent devenir califes à la place des califes déchus, tout en ayant participé à leurs chutes. Leurs candidatures sont l’aboutissement des hautes ambitions de deux professionnels médiocres de la politique. Ils s’inscrivent dans une même lignée, celle d’un ordre républicain et du libéralisme économique. Ils n’assument pas leurs bilans désastreux. Ils se disent ni responsables ni coupables. Ils ont planté des couteaux dans le dos de ceux qui les ont nommés et aspirent à une victoire à la Brutus pour continuer la casse sociale d’une politique austéritaire et autoritaire.

    Battone

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