• Les fonctionnaires bashing

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    Dans  la propagande libérale, des boucs émissaires de la Crise reviennent de façon récurrente. Au hit parade du social  bashing, les fonctionnaires arrivent en tête. Tout y passe : leur sécurité de l’emploi, leur nombre,  leur retraite…  Dès ses premiers meetings,  le Sarkozy nouveau a relancé les hostilités en s’attaquant à leur statut, dans des rassemblements d'ovidés sous hypnose devant sa tête d'enfant malade qui s'essaye à un rictus fiévreux. Il propose des  CDD de cinq ans pour les fonctionnaires : un quinquennat en quelque sorte. Pourquoi pas de l’Intérim ? Une agence nationale d’intérim gérant les postes à la semaine, voire au jour le jour ? Aujourd’hui, en Seine Saint de Denis, c’est l’agence pour l’emploi qui recrute des professeurs d’école sans aucune formation pédagogique et une anesthésiste recrutée en CDD par la maternité d’Orhez a été incarcérée à la suite du décès d’une patiente. On mesure ce que deviendra le service public soumis à la rentabilité financière. L’anesthésiste avait une alcoolémie de 2,4 gr/litre et donc était en état d’ébriété lors de l’accouchement par césarienne. Elle est décrite comme une mercenaire médicale belge qui a multiplié les CDD un peu de partout. Cette maternité est sous la menace d’une fermeture faute de moyens. Nous assistons au démantèlement progressif des services de  proximité, en même temps que celui de la fonction publique. Concernant la Belgique, il faut ouvrir une parenthèse et rappeler qu’il n’y a pas de numerus clausus dans les études médicales et cela attire des étudiants français de familles aisées. Le manque de médecins et le recours à des médecins étrangers en milieu hospitalier en France serait le résultat d’une politique de contrôle du nombre des étudiants en médecine qui passent un examen à numérus clausus en première année à l’issue duquel  le dernier reçu a 14 de moyenne, alors qu’en Belgique le porte-monnaie des parents et un petit 10 suffisent. Le recours à des médecins étrangers permet de leur verser des salaires plus bas dans le cadre de CDD.  

    Les ultralibéraux ont remis le énième couvert sur les avantages des agents de la fonction publique en toute mauvaise foi, en diffusant des mensonges par omissions et amalgames. Ces parangons de l’anti-fiscalité et de l’ultralibéralisme sont le plus souvent des cadres supérieurs, des journalistes trop bien payés, des experts autoproclamés au service de lobbies, des profiteurs qui veulent faire oublier leurs propres privilèges exorbitants à l’ensemble des salariés du secteur privé. Alors ils désignent aux petits salariés et aux chômeurs l’ennemi tout trouvé : le fonctionnaire. Ils essaient de faire oublier qu’au sein des entreprises, y compris de presse, les cadres supérieurs et leur direction ont la possibilité de partir à la retraite plus tôt que les autres par des petits arrangements avec les directions et le recours à des formations après 57 ans pour des reconversions qui leur permettront de compléter leurs retraites par une nouvelle activité, de s’enrichir davantage. En ce qui concerne les salaires, ils veulent faire oublier leurs primes, leurs treizième, quatorzième mois... leur intéressement au chiffre d’affaires. Il est évident que le fonctionnaire est un bouc émissaire facile, plus facile que les actionnaires dont les dividendes ne cessent d’augmenter.  Tous ces profiteurs ont trouvé des porte-voix au sein des élus parmi ces députés et sénateurs qui se sont octroyé des salaires, primes, autres largesses et conditions de retraites scandaleuses. Par ailleurs, est-ce qu’un journal publiera un jour les conditions de départ à la retraite des journalistes en place et autres rédacteurs en CDI, alors que de jeunes journalistes restent pigistes ou ne signent que des CDD de courtes durées, vivant comme des intermittents du spectacle? Est-ce qu’un jour, sera publiée la liste de tous ceux qui profitent de subventions et stigmatisent les dépenses liées à la fonction publique ?

    Salariés du Privé et du public, ne se trompons pas de cible et de combat. La remise en cause du statut des fonctionnaires est le corollaire de la remise en cause du CDI et des 35 heures dans le secteur privé. Tout est fait pour plonger tous les salariés dans la précarité. C’est le but d’ une manipulation de la droite ultralibérale qui veut faire payer au peuple la crise et l’enrichissement des plus riches. Diviser pour régner ! On connaît la devise. Et par ailleurs l’union des Ultralibéraux  du capitalisme, de la presse et de la politique fait leur force avec la complicité active de certaines officines d’étude et de réflexion (comme l’Ifrap, prétendu Think tank de la société civile) qui ne sont que des émanations des lobbies financiers   

    Le plus cynique et le plus intolérable, c’est que des politiques veulent se servir du chômage et de la crise pour brader des domaines de la fonction publique aux investisseurs. C’est le cas notamment pour les transports, la santé… Seuls le maintien de l’ordre, la justice et l’éducation nationale seraient préservées. Toutefois, il s’agit là encore d’un mensonge pour ne pas affoler le quidam et se préserver des partisans parmi les policiers et les enseignants. La diminution du nombre des fonctionnaires et des moyens ouvriront des perspectives aux agences privées de sécurité et au établissement scolaires privés. Par ailleurs, il se pourrait aussi que, selon le modèle américain, les prisons passent dans le secteur privé. Les  appétits des compagnies d’assurance privées mettent en péril notre système de sécurité sociale et de caisses de retraite. C’est valable pour tout ce qui touche à la santé.

    La défense du service public est essentielle pour préserver le modèle social français. Pour défendre le service public, il faut défendre le statut des fonctionnaires. Le combat est le même pour la grande majorité des salariés qu’ils soient dans le secteur privé ou dans le secteur public. Ils ne doivent pas se laisser diviser mais plutôt œuvrer pour que les avantages des uns profitent aux autres, plutôt que se laisser engloutir dans une spirale ultralibérale antisociale d’une propagande qui défend les intérêts des plus riches. Il faut lutter contre tous les projets qui installent la précarité des salariés. Les propagandistes de l’ultralibéralisme ne parlent jamais de l’humain, sauf pour monter les uns contre les autres. Cela devrait tous nous interpeler.

     Fucone

    Pour ceux qui parlent des fonctionnaires sans les connaître ou attaquent délibérément leur statut pour servir la propagande ultralibérale, nous proposons la lecture d’un livre qui tente de répondre à toutes les questions : En finir avec les idées fausses sur les fonctionnaires et la fonction publique, écrit par Bernadette Groison.

    Présentation du livre :

    "Plus la crise économique et sociale se prolonge, plus les discours divisant les citoyens se multiplient. Alors que la croissance est en panne, que l'on parle beaucoup du déficit public, on entend dire que ce serait « la faute des fonctionnaires ». Les agents de la fonction publique de l'État (et particulièrement les enseignants et les personnels de l'éducation), ceux des collectivités territoriales et des hôpitaux, qui représentent au total plus de 5 millions de personnes en France, seraient « trop nombreux », « pas assez efficaces ». Ils seraient « mieux payés que les salariés du privé », « préservés de la précarité » et « privilégiés grâce la garantie de l'emploi » dont ils bénéficient. L'État et les collectivités qui les emploient seraient un « millefeuille indigeste responsable du gaspillage des deniers publics ».

    Comment stopper la propagation de ces poncifs aussi inexacts que nocifs ? Qui sait ce qu’est un fonctionnaire ? Que sait-on des agents précaires ? Comment et combien sont-ils payés ? Où travaillent-ils ? Comment sont-ils recrutés ? Services publics, fonction publique, n’est-ce pas un peu la même chose ? Qui sait qu’un fonctionnaire sur cinq n’a pas la sécurité de l’emploi, que l’on peut travailler dans la fonction publique et vivre en-dessous du seuil de pauvreté, qu’au même niveau d’études, un professeur gagne 30 % de salaires en moins qu’un ingénieur dans le privé… et que la société a besoin de l’investissement public pour préparer un avenir du bien vivre pour tous…" 

    Bernadette Groison a écrit ce livre pour répondre à 83 questions de ce type, "fournir une réponse argumentée aux campagnes de dénigrement des fonctionnaires, au « fonctionnaire bashing » et pour rétablir des vérités - sans complaisance et sans masquer les réalités, en s'appuyant sur des sources précises et fiables. Car si l’on tient à la fonction publique, il faut savoir l’expliquer telle qu’elle est, parler des fonctionnaires tels qu’ils sont."

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