• Les rouages de la machine médiatique

    Patrick Cohen n’aime pas Jean-Luc Mélenchon. Cela transparaît par le ton qu’il prend pour poser des questions et sa moue méprisante lors des gros plans faits sur lui lorsque Mélenchon répond.

    Par la volonté de la presse libérale, Jean-Luc Mélenchon est le seul représentant visible et audible  du Front de gauche, en même temps qu’il est celui à abattre. C’est plus facile d’attaquer un homme ciblé que les mélenchon_cohen2idées qu’il porte. Il répond, ne tourne pas autour du pot comme d’autres qui se prétendent de gauche au parti socialiste. Pas de racisme chez lui, pas d’ostracisme ou de xénophobie. Cela agace. On veut le faire passer pour un sanguin et un  futur dictateur. Lorsqu’il passe à la télé, on le fait monter sur le ring audiovisuel pour le faire combattre. On lui cherche querelle alors qu’il est un passionné qui, il est vrai, peut sortir de ses gongs lorsqu’il est face à la mauvaise foi et au mensonge. Jean-Luc Mélenchon a l’énergie des Méditerranéens que nous sommes. Les pisse-froid de la presse parisienne ne lui pardonnent pas.  On a déjà constaté que Partick Cohen ne réserve pas le même traitement à tous ses invités. Il s’est même montré plutôt gentil avec Marine Le Pen qu’il s’était ingénié à rassurer et à magnifier lors d’une interview début 2013, alors que la veille il avait agressé Mélenchon dès la première question. Cet animateur réserve un traitement spécial au représentant du Front de gauche. Le récidiviste Patrick Cohen  a, une fois encore, tout fait pour le déstabiliser mais, au final, merci à France Inter de donner, grâce aux tweets, un échantillon des ragots généralement colportés sur Mélenchon et notamment sur son train de vie. Et puis, Jean-Luc Mélenchon n’a pas peur de Patrick Cohen et sait maintenant à quoi s’attendre. Il lui faut passer par là ou renoncer aux médias.

    Nous avons relevé un échange significatif du rôle de chien de garde social-libéral joué par Patrick Cohen lorsqu’il a prétendu que le CICE a bénéficié d’avantage aux petites et moyennes entreprises qu’aux grandes. Pourtant, au global on parle de 10 milliards annuels dont 60 % vont aux Entreprises de Tailles Intermédiaires (500 K€ par entreprise) et aux Grands entreprises (12 M€ par entreprise) Ca change de la présentation partiale de M. Cohen, non ? Jean-Luc Mélenchon lui a répliqué ironiquement : « C’est vous qui le dites, il faut bien que le point de vue gouvernemental soit défendu. » Pour des économistes, Hollande et le gouvernement devront renoncer bientôt au CICE.  Dans un article récent de libération, Thomas Piketty parle d’une « véritable verrue, incarnant jusqu’à la caricature l’incapacité du pouvoir en place à engager une réforme ambitieuse de notre modèle fiscal et social ». Beaucoup reconnaissent l’inefficacité de ce crédit d’impôt sur l’emploi et préconisent son retrait dès 2015, puisqu’en 2014 il est déjà dû et donc non révisable. Si le chômage augmente, les dividendes aux actionnaires aussi.

    L’animateur est resté avec plus d’insistance sur le Venezuela et la répression récente de manifestations dans ce pays. Jean-Luc Mélenchon a fini par dire qu’il n’était pas vénézuélien tellement l’insistance était visiblement accusatoire de son soutien au régime de Chavez, puis il a enchaîné sur le référendum révocatoire présent au Venezuela et qui est dans le projet d’une 6ème République. Patrick Cohen voulait faire une démonstration par un syllogisme : Chavez était un dictateur, Mélenchon a soutenu Chavez, donc Mélenchon est un dictateur. C’est simpliste, réducteur et de mauvaise foi mais l’animateur grincheux ne recule devant rien.


    "On ne peut pas vivre heureux durablement avec... par franceinter

    Jean-Luc Mélenchon a dû expliquer sa comparaison entre l’affaire Kerviel et l’affaire Dreyfus. Il l’a faite pour insister sur l’innocence de l'ex-trader à laquelle il croit. Il l’a faite en référence à la défense des droits de l’Homme. Il est revenu sur l’affaire Kerviel et sur le comportement de l’Etat qui a renfloué la banque sans démontrer la malversation attribuée à Kerviel seul. Patrick Cohen a occulté le rôle de la banque pour critiquer le soutien de Mélenchon au trader et alimenter la désapprobation de ceux qui ont vu dans la comparaison avec Dreyfus, une injure à la mémoire du soldat juif. Comme si l’affaire Kerviel devenait une affaire politique Mélenchon, alors qu’elle est une affaire bancaire devenue une affaire d’Etat. Peut-être que Mélenchon en a trop fait ? Toutefois, étant convaincu de l’innocence de Jérôme Kerviel, on ne pourra pas lui reprocher de ne pas en avoir fait assez. Les épisodes judiciaires et politiques de cette affaire politico-financière permettent de s’interroger sur la culpabilité réelle de l’ex-trader, d’abord condamné à rembourser près de 5 milliards d’euros, préjudice de la banque dans des opérations spéculatives à hauts risques qu’il aurait menées au nez et à la barbe de son employeur. Jean-Luc Mélenchon s’est interrogé…  Les pertes reprochées à Jérôme Kerviel existent-elles vraiment ? Pourquoi le juge a-t-il refusé systématiquement toute expertise indépendante de ces pertes ? Pourquoi a–t-il choisi de croire sur parole la banque ? Pourquoi la ministre Christine Lagarde a-t-elle fait verser à la banque un milliard 700 millions de dédommagement, alors que la condamnation de Jérôme Kerviel, qui était la condition de ce versement, n’était pas définitive ? Pourquoi ce dédommagement a–t-il été versé alors que le défaut de surveillance de la banque sur son employé est attestée par l’organisme professionnel bancaire qui en est chargé, ce qui interdisait tout dédommagement de la part de l’Etat ?... Et ces questions en amènent une autre : la condamnation de Jérôme Kerviel n’a-t-elle servie qu’à innocenter la banque ? Qui ne se l’est pas posée ? Aujourd’hui Jérôme Kerviel ne remboursera pas les 5 milliards mais il a été condamné à 3 ans fermes de prison. Jean-Luc Mélenchon s’est expliqué longuement sur son soutien ICI.

    Quittons France Inter et passons sur la chaîne FR2…

    attali_zemmour

    Hier l’émission « Ce soir ou jamais » avait pour thème « Augmentation des inégalités ? Crise des solidarités ? Fin du modèle social français ? »  Les questions méritaient d’être posées mais un invité a dévoyé l’émission : Eric Zemmour.  Il est omniprésent sur toutes les chaînes qui font la promotion gratuite de son opus qui veut réhabiliter le régime de Vichy et la France de l’occupation. Ce polémiste d’extrême-droite apporte de l’eau sale au moulin de groupes fascisants comme celui qui est allé récemment profaner à Marseille la statue de Missak Manouchian en déversant un flot de contre-vérités révisionnistes faisant de la milice des héros et du groupe de l'affiche rouge des terroristes. Zemmour veut intellectualiser et historiciser les thèmes primaires de l’extrême-droite. 

    On connaît l’émission de Frédéric Taddei, une émission pleine de pièges. Hier le piège se nommait Zemmour à qui l’on a taillé une émission sur mesure. Ce n’étaient plus les thèmes qui était au centre des débats mais Eric Zemmour qui, comme à son habitude, tentait de s’accaparer le micro, usant de la même technique qui est de d’amadouer d’abord chaque interlocuteur en disant les accords qu’il partage avec chacun avant de les provoquer et de faire passer son discours nauséabond. La provocation d’extrême-droite est son fonds de commerce et ça marche, puisque son livre se vend bien avec l’aide de tous ses confrères de l’audiovisuel. On utilise Zemmour comme on utilisait Tapie : pour l’audimat. Peu importe les thèmes abordés, il fait le spectacle, car c’est cela qu’on attend de lui et c’est pour cela qu’il est omniprésent sur les chaînes de télévision. Pauvre presse audiovisuelle !

    Frédéric Taddei a soigneusement choisi les interlocuteurs d’Eric Zemmour, qui était excité comme une puce. Il avait de quoi donner quelques démangeaisons aux autres invités. D’abord à Jacques Attali, l'archétype du socialisme énarchique et pédant qui oscille entre économie et philosophie, dans de doctes démonstrations qui entrent par une oreille et ressortent par l’autre pour se diluer dans les nimbes de sa pensée consensuelle. Il se parle à lui-même sans s’entendre. Il prêche pour l’individualisme et chacun ne doit compter que sur lui-même.

    Qui sont les autres ? François Dubet,  sociologue qui plaide pour une école renouant avec l’Égalité réelle. Il est l'un des premiers intellectuels de gauche du "social-libéralisme".  Cynthia Fleury, philosophe permanente de l’émission si peu en rapport avec les causes qu’elle défend et qui sont à l’opposé des provocations de Zemmour.  Elle est restée dans son rôle de philosophe en ramenant le débat à des concepts. Philippe Nemo  l'invité masqué comme on les aime à "CSOJ" qui fait écho à Zemmour sur bien des points, ayant notamment théorisé autour de la Révolution française, génitrice de la gauche "1793", elle-même responsable de bien des maux, entre autres la religion de gauche, le laïcisme, et le vote des pleins pouvoirs à Pétain, en 1940. Il a commis un ouvrage intitulé « La France aveuglée par le socialisme » : tout un programme ! Il suggère une « Union occidentale » qui regrouperait l’Europe occidentale, le Canada et les États-Unis, au nom de la « civilisation occidentale » qu’il s’invente. A côté de Nemo, Zemmour apparaît comme modéré. Sa présence est une manœuvre de plus pour « respectabiliser » le polémiste placé au centre de l’émission. Le dédiabolisation de l’extrême-droite suit son cours médiatique.

    Enfin, Clémentine Autain, co-directrice de la revue Regards et membre du Front de gauche au sein d’ENSEMBLE/FASE,  a rejoint le groupe en cours d’émission. C’est l'adversaire de gauche idéale pour Zemmour, après son tour de chauffe. Elle incarne l'archétype de la féministe de gauche que Zemmour dénonce dans son livre. Elle est passée par le parti communiste.  Il a, dans son sac à malices, une série d’arguments éculés pour l’agresser. Il a déjà démontré dans le passé tout le mal qu’il pense de ce qu’elle représente. On sait qu’il n’est pas, à contrario, apprécié par Clémentine Autain en tant que femme de gauche et féministe. On la comprend.

    On se souvient que Frédéric Taddei (champion de la liberté d’expression) avait invité l’infréquentable  Dieudonné qui n’avait pas besoin de publicité, tout comme Eric Zemmour. Cet animateur cherche à faire de l’audience et ses émissions apparaissent minutieusement préparées, c’est-à-dire orientées. Le prétexte de la liberté d’expression est bien utile. Il est possible de faire un décryptage des émissions politiques avant de les voir et, avec quelques clés, on est rarement contredit sur ce décryptage. C’était encore le cas hier soir : Eric Zemmour a eu la tribune qu’il pouvait espérer pour représenter ce que le journal « Libération » appelle la France rance dans sa Une du 11/10/2014.. L’article est en ligne ICI ( abonnement payant)

    Nous n’avons pas suivi l’émission jusqu’à son terme, tant elle s’est avérée ennuyeuse grâce à Jacques Attali et polluée par Eric Zemmour et Phlippe Nemo. On peut parler de machination médiatique et il n’en est ressorti rien de positif dans un débat de mots qui, si l’on en croit le slogan du sponsor gérant d’épargne, devait nous faire prendre de la hauteur, sans doute pour nous mettre la tête dans les nuages. 

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    Toutefois vers la 48ème minute, Clémentine Autain a réagi à des propos ahurissants tenus par l’ineffable Némo, qui n’a rien à voir avec le capitaine de Jules Vernes. Elle a défendu sa propre analyse sur les questions posées, en portant les idées qu’elle partage avec les militants du Front de gauche. Le lien de l’émission est ICI.

    Dans le mot machination,  il y a machine. Patrick Cohen et Eric Zemmour sont les rouages de cette machine médiatique au service de l’UMPS et du Front national. Des rouages grincheux mais bien huilés. Leur mission est d’exclure du jeu politique toutes les mouvements créés en dehors de l’UMP, du PS et du Front National. La démocratie reposait sur plusieurs pouvoirs dont le pouvoir médiatique en tant qu’anti-pouvoir.  Il ne l’est plus car il fonctionne comme une machine de propagande politique qui dépend non pas d’un lectorat mais de subventions, de capitaux et du commerce publicitaire. Dans le service public, ce sont les relations politiques des uns et des autres qui influencent les lignes éditoriales. Les intervenants viennent en grande majorité de la presse libérale. Des économistes patentés apportent la pensée unique du libre échange et du marché libéral de l’offre. Heureusement l’Internet a ouvert des tribunes à toutes et à tous, mais cela ne concurrence pas le paysage audiovisuel français immuable et qui dispose d’une fenêtre facile d’accès dans chaque foyer. La multiplication des chaînes n’a malheureusement fait que multiplier  une information formatée. Les grandes radios ne sont que des succursales de ces chaînes et on y entend le plus souvent les mêmes animateurs ou leurs clones.   

    Pour faire écho au livre présenté par François Dubet « La préférence pour l’inégalité », aujourd’hui, une question nous taraude: les français, dans leur immense majorité, veulent-ils un système équitable qui leur fasse du bien ? Jean-Luc Mélenchon est favorable au vote obligatoire et, à notre sens, cela permettrait de répondre à cette question. On se souvient que,  à l'après-guerre, la sécurité sociale a été établie pour tous (hormis certaines exceptions comme les paysans qui n'en n'ont pas voulu...), le Conseil National de la Résistance étant passé par là. Peu de temps après, le peuple français votait à droite. Après 68, idem. Le français de base dans la panade, préfère-t-il que tout le monde soit à son niveau plutôt que l'inverse ? C’est pourtant cela que la propagande libérale veut leur faire entrer dans la tête, en diabolisant la gauche canal historique, celle du Front populaire et du Conseil national de la résistance, celle des ses leaders disparus comme Léon Blum ou  Jean  Jaurès. Le premier avait été agressé sauvagement et le deuxième assassiné en leur temps, à la suite de lynchages médiatiques organisés par la presse de droite et d’extrême-droite qui déversait une idéologie xénophobe et ultranationaliste qu’Eric Zemmour et d’autres veulent réactualiser dans un contexte social et politique qui semble leur être favorable,  la presse audiovisuelle les y aidant.

    U Barbutu

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