• On tracte sur la Place Foch

    Ajaccio.

    Samedi 3 mars. Le matin.

    Le soleil répandait une douce chaleur sur la place Foch. « C’est pas malheureux », dit un passant. En effet on sortait d’un hiver rude, avec beaucoup de neige, surtout en montagne. Il fallait remonter à février 1952 pour trouver une situation comparable. Le soleil contribuait également à réchauffer les esprits et les humeurs. Cela se voyait à l’attitude des nombreuses personnes qui se promenaient sur la place Foch, depuis peu transformée en marché. On y venait pour faire ses courses ou rencontrer des amis et papoter. C’est dans ce cadre que Manca alternativa avait décidé de distribuer deux tracts. Un sur « Ne pas subir leur dette ! ». Un autre : « Pourquoi nous voterons et appelons à voter Jean-Luc Mélenchon ». L’accueil réservé était courtois. Nulle trace de rejet, à une exception près. On prenait les tracts souvent avec le sourire. Soit, on les lisait sur place, soit on les pliait soigneusement pour une lecture, au calme, à la maison. Mais jamais on ne se risquait à les jeter sur le sol. Un bon réflexe au-delà de l’appréciation qu’on pouvait avoir sur la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Certains passants ne répugnaient pas à engager la discussion, à poser des questions et même à dire leurs désaccords.

    Nous livrons ici quelques extraits de ces discussions.

    Plusieurs personnes disaient clairement leur intention de voter Mélenchon, sans problème, ni état d’âme. D’autres approuvaient la candidature, mais en émettent quelques bémols : « J’ai écouté et vu Mélenchon l’autre soir sur Via Stella. Pour l’essentiel, je suis d’accord avec lui, notamment sur l’analyse de la crise et les propositions pour sortir de cette crise. Mais sur les problèmes de la Corse cela me chagrine, en particulier sur l’utilisation des langues régionales. Mélenchon est un peu trop jacobin à mon goût ». « Pour nous aussi, ça nous pose problème », rétorqua un membre de Manca alternativa. « Cela dit, nous retenons tout ce qui peut nous réunir et les points sont nombreux. C’est l’essentiel. On aura le temps par la suite de surmonter nos divergences ». Une dame âgée montra haut et fort son désaccord avec la position du Front de gauche sur les immigrés. « La Corse aux Corses », s’écria-t-elle. « Il faut qu’ils partent ». Argument archi connu, essentiellement viscéral, probablement influencé par les discours haineux et raciste du Front national. On lui fit remarquer  que  les troupes marocaines avaient joué un rôle important dans la libération de la Corse. La vieille dame préféra partir tout en maugréant. D’autres passants montraient leur hostilité au candidat du Front de gauche, mais jamais avec animosité. D’autres encore préféraient passer leur chemin en haussant les épaules, comme pour signifier : « Moi, je m’en fous, j’irai à la pêche, le jour des élections ».

    Il y avait aussi des partisans de François Hollande. Tout en reconnaissant les qualités de Jean-Luc Mélenchon et de son programme ils évoquaient le vote utile. « Il ne faut pas reproduire un nouveau 22 avril 2002 ». On leur fit remarquer que le parti socialiste n’avait jamais fait une analyse sérieuse de la défaite de Lionel Jospin qui à la veille du premier tour s’était risqué à déclarer fort imprudemment que son programme n’était pas socialiste. En outre, que le vote utile à n’importe quel prix et sans garantie n’était pas la meilleure des solutions, d’autant plus que les déclarations de François Hollande au Guardian, à Londres ne sont pas de nature à rassurer l’électorat de gauche.

    Pour les membres de Manca alternativa la matinée de ce samedi se révélait positive. D’autres actions de ce type seront développées pendant toute la campagne électorale pour la présidentielle et les législatives.

    Affaire à suivre.

     

     

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