• Quel pourrait être le plan de François Hollande?

    Que peut-il se cacher derrière le couac entre Arnaud Montebourg et Laurent Fabius pour l’attribution du portefeuille du commerce extérieur ? Pour quelle raison, Fabius a-t-il vu ce portefeuille entrer dans le champ de ses attributions ? Auparavant l'entourage d'Arnaud Montebourg avait assuré que ce domaine relèverait du portefeuille du nouveau ministre de l'Economie car  le commerce extérieur était habituellement de la compétence de Bercy et ce rattachement au Quai d'Orsay est une première sous la Ve République. "Les décrets d'attribution des compétences des ministres sont en cours de rédaction et c'est très délicat car des pans de Bercy vont passer sous le contrôle du Quai d'Orsay", a précisé un autre responsable du ministère.

    On peut penser que François Hollande n’a pas voulu confier la ratification du projet de grand marché transatlantique à Arnaud Montebourg car il s’est engagé avec Barak Obama à ce que les choses aillent vite. Ce n’est donc pas l’homme à la marinière qui a défendu la production française et même agité la nationalisation dans l’affaire Mittal le mieux placé.

    Un remaniement d'accord, mais pour quoi faire ? Invité mercredi de l'émission « Questions d'info », sur LCP, en partenariat avec Le Monde, FranceInfo et l'AFP, Pascal Lamy n'y va pas par quatre chemins. Il plaide pour l'audace, la transgression. « Je sais que je ne suis pas en harmonie avec une bonne partie de mes camarades socialistes, mais je pense qu'à ce niveau de chômage il faut aller vers davantage de flexibilité, et vers des boulots qui ne sont pas forcément payés au smic », a-t-il lancé. C’est un nouveau bouchon d’essai pour que l’idée fasse son chemin. Le dumping social a ses propagandistes chez les socio-démocrates. L'ancien directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), est un proche de Jacques Delors. Auteur de Quand la France s'éveillera (Odile Jacob) il presse François Hollande, qu'il connaît bien, d'engager sans tarder une pédagogie de la mondialisation. « Les Français ont besoin d'un récit de la France dans le monde » a-t-il ajouté. Encore un technocrate qui dit savoir ce dont ont besoin les Français. Ils auraient besoin qu’on leur raconte la mondialisation comme un comte de fées. Cela s’appelle du storytelling chez les américanophiles et de la propagande en politique, pour prendre un mot français plus familier.

    Nous ne doutons pas que François Hollande se soit livré à des calculs stratégiques pour instrumentaliser une défaite électorale et arriver à ses fins. On peut même se demander si ce nouveau gouvernement n’a pas déjà sa mort programmée avec, au bout, une dissolution de l’assemblée nationale et  la formation d’un autre gouvernement éventuellement de cohabitation qui poursuivra la même politique libérale. L’impopularité de cette politique et les affaires politico-financières pourraient assurer à Hollande une réélection, après qu’il se soit débarrassé par la même occasion de son concurrent Manuel Valls… A moins que ce dernier se montre plus coriace qu’il ne l’est déjà ? Ainsi le président de la république dans sa tour d’ivoire n’assumerait pas les mesures antisociales futures (bien qu’il les approuve), tout en ayant préparé le terrain au libéralisme par la signature d’un accord entre l’Union européenne et les Etats-Unis sur la mise en place du grand marché transatlantique.

    François Hollande aime le machiavélisme, l’art d'apprendre à se maintenir au pouvoir dans une situation ouverte à tous les retournements. Il a brouillé les marqueurs de la vie politique. Il est l’artisan de l’affaiblissement des forces de gauche pour asseoir une bipolarisation et une alternance des libéraux au pouvoir. Son nouveau gouvernement n’est sans doute qu’une étape car, nul ne doute, qu’il a déjà le regard tourné vers 2017. En Allemagne, on assiste déjà à une cohabitation entre la droite et les socio-démocrates. On ne peut pas parler de forces de gauche avec les Travaillistes en Grande-Bretagne et les démocrates aux Etats-Unis. On ne peut plus en parler avec François Hollande et les Solfériniens. Voilà le modèle de bipolarisation envisagé et qui dispose de relais au sein de la presse écrite et audiovisuelle, les mêmes que ceux de la droite.  

    Si François Hollande a lu tout ce qu’a écrit Machiavel, il doit savoir qu’il a écrit : « Je pense qu’il faut être prince pour bien connaître la nature et le caractère du peuple, et être du peuple pour bien connaître les princes. » Le peuple a eu le temps d’apprendre à le connaître. Ses calculs politiciens ne changeront pas sa petite histoire personnelle car il n’a pris aucune décision susceptible de le faire entrer dans l’Histoire de France. Jean Jaurès, Maurice Thorez, Léon Blum et d’autres grands hommes de gauche ont dû se retourner dans leurs tombes au lendemain des Présidentielles de 2012.

    U barbutu

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