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Qui veut tuer Christiane Taubira?
Qui veut tuer politiquement Christiane Taubira l'accuse de la rage! La ministre Christiane Taubira est la cible d’attaques ouvertement ou sournoisement racistes. La dernière bronca orchestrée a pris pour prétexte qu’elle n’a pas chanté la Marseillaise lors d’une cérémonie officielle consacrée à l’esclavage. Elle a dû se défendre de toute arrière-pensée anti-française qui lui a été implicitement attribuée. L’hymne national est un chant révolutionnaire contre l’esclavage. Il ne faudrait pas en faire l’hymne de l’ultranationalisme exacerbé, voire identitaire. On ne peut exiger que toutes et tous les élus s’enroulent dans le drapeau tricolore comme dans une carapace et entonnent « La Marseillaise » rendue obligatoire comme ce fut le cas pour l’hymne nazi qui était même le chant d'ouverture obligatoire de tous les concerts de musique classique.
Si on respecte la France et la république, il faut d’abord respecter la nationalité française, toutes celles et tous ceux qui la portent. Il ne suffit pas de chanter la Marseillaise sans la comprendre vraiment pour s’autoproclamer patriotes, comme le fait le Front national qui est en train de créer un réseau social à l’enseigne « Patriotes ». Par ailleurs ceux qui dénoncent dans le refrain la phrase « Qu’un sang impur abreuve nos sillons », devraient en lire les sept couplets car le septième est rarement chanté (Il n’a pas été écrit par Rouget de l’Isle).
Enfants, que l'Honneur, la PatrieFassent l'objet de tous nos vœux !Ayons toujours l'âme nourrieDes feux qu'ils inspirent tous deux. (Bis)Soyons unis ! Tout est possible ;Nos vils ennemis tomberont,Alors les Français cesserontDe chanter ce refrain terribleDes politiciens de droite et des journalistes ont donc découvert que Christiane Taubira n’avait pas chanté la Marseillaise lorsque, selon eux, elle le devait. Cela aurait pu être reproché à d’autres avant elle et même à Nicolas Sarkozy ! C’est à la seule Christiane Taubira que l’on fait un procès d’intention. Elle a eu le malheur de dire qu’elle préférait écouter une diva chanter notre hymne et se recueillir plutôt que de participer à un karaoké. Et voilà Bernard Debré qui trouve l’occasion de dénoncer le propos plutôt que le silence partagé avec Sarkozy. Il est pourtant vrai que, souvent, de fausses voix massacrent l’hymne national et que certains font semblant d’en connaître le texte tout en se faisant l’écho de ceux qui le connaissent, ce qui fait un léger brouhaha dans un moment qui doit être celui du recueillement. Peu importe les raisons de Christiane Taubira, elle a prononcé le mot « karaoké », pour Bernard Debré, il s’agit d’une insulte suprême.
Que peut-on entendre derrière cette bronca ? Sans doute les voix de ceux qui pratiquent le négationnisme lorsqu’il est question de colonialisme et d’esclavage. Ils vont rejoindre les propos nauséabonds des racistes et des xénophobes qui n’ont pas raté l’occasion de se faire entendre aussi.
Nos propos ne sont pas partisans et nous n’avons pas d’affinités avec les partis qui forment la majorité présidentielle. Nous n’avons pas d’indulgence avec le parti de Mme Christian Taubira, un parti libéral qui se situe à gauche par opportunisme. Toutefois, nous nous élèverons toujours contre le racisme affiché ou rampant. Nous nous indignerons encore plus aujourd’hui alors que ce racisme fait recette. Des humoristes et des journalistes en ont fait leurs fonds de commerce. Des Internautes déversent sur le Net de fausses informations et distillent la peur par courriel ou sur les forums.
Pour autant, nous ne crachons pas sur l’hymne national de la France et, pour que chacun le lise à tête reposée plutôt que de le chanter à tue-tête, y compris dans les stades de foot, nous le reproduisons ici… Il y est question de tyrannie et d’esclavage. C’était lors de la révolution de 1789 menacée par la Réaction et des armées étrangères qui voulaient restaurer la royauté… Ce chant a été adopté par la France comme hymne national : une première fois par la Convention pendant neuf ans du 14 juillet 1795 jusqu'à l'Empire en 1804, puis définitivement en 1879 sous la Troisième République et les suivantes.
La MarseillaisePremier coupletAllons enfants de la Patrie,Le jour de gloire est arrivé !Contre nous de la tyrannie,L'étendard sanglant est levé, (bis)Entendez-vous dans les campagnesMugir ces féroces soldats ?Ils viennent jusque dans vos brasÉgorger vos fils, vos compagnes !Refrain :Aux armes, citoyens,Formez vos bataillons,Marchons, marchons !Qu'un sang impurAbreuve nos sillons !Couplet 2Que veut cette horde d'esclaves,De traîtres, de rois conjurés ?Pour qui ces ignobles entraves,Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)Français, pour nous, ah ! Quel outrage !Quels transports il doit exciter !C'est nous qu'on ose méditerDe rendre à l'antique esclavage !RefrainCouplet 3Quoi ! Des cohortes étrangèresFeraient la loi dans nos foyers !Quoi ! Ces phalanges mercenairesTerrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)Grand Dieu ! Par des mains enchaînéesNos fronts sous le joug se ploieraientDe vils despotes deviendraientLes maîtres de nos destinées !RefrainCouplet 4Tremblez, tyrans et vous perfidesL'opprobre de tous les partis,Tremblez ! Vos projets parricidesVont enfin recevoir leurs prix ! (bis)Tout est soldat pour vous combattre,S'ils tombent, nos jeunes héros,La terre en produit de nouveaux,Contre vous tous prêts à se battre !RefrainCouplet 5Français, en guerriers magnanimes,Portez ou retenez vos coups !Épargnez ces tristes victimes,À regret s'armant contre nous. (Bis)Mais ces despotes sanguinaires,Mais ces complices de Bouillé,Tous ces tigres qui, sans pitié,Déchirent le sein de leur mère !RefrainCouplet 6Amour sacré de la Patrie,Conduis, soutiens nos bras vengeursLiberté, Liberté chérie,Combats avec tes défenseurs ! (bis)Sous nos drapeaux que la victoireAccoure à tes mâles accents,Que tes ennemis expirantsVoient ton triomphe et notre gloire !RefrainCouplet 7(Dit « couplet des enfants »)Nous entrerons dans la carrièreQuand nos aînés n'y seront plus,Nous y trouverons leur poussièreEt la trace de leurs vertus (bis)Bien moins jaloux de leur survivreQue de partager leur cercueil,Nous aurons le sublime orgueilDe les venger ou de les suivre(Couplet pour les enfants 2e)Enfants, que l'Honneur, la PatrieFassent l'objet de tous nos vœux !Ayons toujours l'âme nourrieDes feux qu'ils inspirent tous deux. (Bis)Soyons unis ! Tout est possible ;Nos vils ennemis tomberont,Alors les Français cesserontDe chanter ce refrain terrible"Je suis extrêmement énervé que personne ne dise qu'il est temps de changer les paroles de La Marseillaise qui sont d'un autre temps. Quand j'entends « Qu'un sang impur abreuve nos sillons", je suis sidéré qu'on continue à chanter ça", a affirmé récemment l'acteur Lambert Wilson au micro de RTL, en écho à d'autres bien-pensants. Le fait est que les adversaires de « La Marseillaise » ne retiennent que cela, sans égard pour ce qu'elle réprésente et sans connaître le sens de ce refrain. "Qu'un sang impur" ne fait pas référence à l'étranger mais au seul peuple, celui qui va sauver la jeune nation française, par opposition au "sang pur", puisque c'est ainsi qu'on appelait les nobles (qui, à l'époque, avaient fui). Il s'agit donc de sacrifice patriotique et non pas du sang de l'ennemi.
Cet hymne est venu de Marseille. C’est l’hymne national. Il existe d’autres hymnes en France à commencer par la « Coupo santo » des Provençaux. On peut citer ici aussi l’hymne corse « Diu vi salvi Regina ». Au-delà de toutes les frontières, « L’Internationale » est aussi chant révolutionnaire dont les paroles furent écrites en 1871 par Eugène Pottier et la musique composée par Pierre Degeyter en 1881. Traduite dans de très nombreuses langues, L'Internationale est le chant symbole des luttes sociales à travers le monde. La version russe d'Arkady Yakovlevich Kots a servi d'hymne national de l'URSS jusqu'en 1944. Tous les hymnes sont respectables dans la mesure où ils unissent les hommes contre la tyrannie, lorsqu'ils parlent de liberté, d’égalité et de fraternité. Tout dépend ensuite des idéologies qu’ils véhiculent : L’hymne nazi est de triste mémoire et on ne pourrait pas demander à des descendants de déportés et de résistants de le chanter si l’Allemagne l’avait conservé.
Rouget de l’Isle a écrit « La Marseillaise » pour l'Armée du Rhin à Strasbourg, à la suite de la déclaration de guerre de la France à l'Autriche. Dans ce contexte originel, La Marseillaise est un chant de guerre révolutionnaire mais aussi un hymne à la liberté, un appel patriotique à la mobilisation générale et une exhortation au combat contre la tyrannie et l'invasion étrangère. Lorsque l’on évoque l’invasion étrangère, il ne s’agissait donc pas de l’immigration mais de l'invasion guerrière de l'Autriche alliée de la Réaction. Si l’hymne de la France est un chant guerrier, il n’est pas un chant raciste. La Marseillaise n’est plus accompagnée par l’hymne pétainiste « Maréchal, nous voilà ! » comme c’était le cas pendant la période de la Collaboration. En zone occupée, le commandement militaire allemand avait même interdit de la jouer et de la chanter à partir du 17 juillet 1941.
De 1789 à nos jours, « La Marseillaise » est un hymne chargé d’Histoire de France. Il n’est pas responsable du pire fait sous le drapeau tricolore mais témoigne du meilleur: la Révolution française de 1789 et la Libération de 1945. Il n’appartient pas à ceux "racistes et xénophobes" qui veulent en faire le critère du « bon Français » et ne mérite pas les critiques de ceux qui s’arrêtent à une phrase sortie de son contexte pour en faire un chant raciste.
Fucone
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