• Résistons à tous les ennemis de la liberté !

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    L’union républicaine a été celle des citoyens en France. En ce qui concerne les politiques nous avons assisté hier à quelques manœuvres de communication dont certaines sont apparues affligeantes comme celle de Nicolas Sarkozy se glissant au premier rang des chefs d’états et de leurs représentants. Cela a été révélé par Paris Match. On réalise que son seul souci aura été d’être sur la photo. Il n’avait qu’un seul slogan « Je suis Sarkozy ». Il a réussi à déclencher une polémique entre journalistes. Les Inrocks ont révélé à leur tour que Paris Match aurait modifié son premier article pour expliquer que Nicolas Sarkozy ne s’est pas glissé mais a été propulsé par la foule… au point de passer le deuxième rang des gardes du corps pour passer du troisième au premier. On se souvient que Sarko avait fait virer un journaliste de Paris Match au début de son quinquennat. Celui qui a passé le premier article le ridiculisant doit s’être fait souffler dans les bronches. Nous sommes loin de l’esprit « Charlie » qui aurait dû présider la manif d’hier.

    Un pigeon est venu dire à sa façon « Je suis Charlie » en lâchant une fiente irrespectueuse sur François Hollande en représentation. Ce fût le plus bel hommage aux créateurs de Charly Hebdo qui n’ont cessé de mettre leur plume à tous les cultes, y compris celui de la personnalité.  Bien sûr, chacun y est allé de sa petite phrase mais ce sera aux survivants de Charlie d’avoir le dernier mot ( ou dessin) mercredi prochain pour la parution du nouveau numéro de l’hebdomadaire. Quel courage !

    Aujourd’hui, les vannes politiques se son ouvertes sans retenue. La Droite pseudo-républicaine prévient qu’il faudrait renoncer à des libertés pour lutter contre le terrorisme. Des anciens ministres de l’Intérieur, comme Claude Guéant, viennent donner leurs remèdes de cheval pour tuer la maladie et le malade. Pour défendre la liberté, une seule solution : sa mort lente ! Nous avons dénoncé la récupération de l’émotion. Elle va se déployer maintenant. L’extrême-droite n’a pas tardé à lancer des messages appelant discrètement par des emails à la guerre civile en chantant une Marseillaise détournée de sa signification historique.

    L’émotion légitime va maintenant être instrumentalisée dans un esprit guerrier et liberticide. Les libertés sont des entraves au fanatisme, certes. Elles gênent aussi l’exploitation capitaliste du Monde. Terroristes et capitalistes se rejoignent sur un point : asseoir un nouvel ordre mondial dont ils seraient les tenants. Les uns veulent établir un ordre religieux (du moins en apparence) et les autres un ordre économique à leurs seuls profits.

    Nos politicards, cumulards de mandats et de retraites, portent une part de responsabilité dans la montée des intolérances et des intégrismes en France. L’intégrisme religieux  est une réalité que connaissent les enseignants.

    La laïcité est constamment menacée jusque dans nos établissements scolaires et cette menace ne doit pas atteindre les libertés fondamentales. La laïcité est une des garanties de la liberté de pensée et de la liberté d’expression. L’intégrisme religieux  colonise les consciences dès l’enfance et a déjà fabriqué des générations intolérantes.  Des jeunes enfants ont dit à des enseignants que les dessinateurs de Charlie Hebdo n’avaient pas le « droit » de caricaturer le prophète et qu’ils en avaient été avertis. Les victimes de l’obscurantisme seraient donc responsables de leurs propres morts comme un élève puni pour ne pas avoir obéi au règlement intérieur d’un établissement scolaire. Quel échec pédagogique ! Quelle constatation de l’endoctrinement familial dont ils font l’objet ! Va-t-on, pour autant, les traîner devant la justice pour apologie du terrorisme ? N’y a-t-il pas un travail pédagogique à faire avec l’aide des Imams respectueux des libertés républicaines et de la laïcité ? Des responsables religieux ont eu des discours exemplaires ces derniers jours. N’y a-t-il pas aussi un gros effort solidaire à faire dans nos cités dites « difficiles », abandonnées  à leur sort ? N’y a-t-il pas un travail à faire sur les causes de l’immigration, sur la gestion humanitaire des millions de désespérés livrés à des filières mafieuses ? Comment contenir le jihadisme international sans l’arrêt des guerres au Moyen-Orient, en Afrique et sans donner au conflit israélo-palestinien une fin équitable pour sortir un peuple du parc humain où ils sont maintenus enfermés?

    Lorsqu’un problème est complexe et prend de l’ampleur, la réponse la plus simple est souvent la plus dangereuse. L’émotion multiplie la peur. Malgré la tragédie récente et certains commentaires extrémistes, nous restons persuadés que l’intégrisme est largement minoritaire chez les Français musulmans.

    Que faire alors ? Tout dépendra de la capacité qu’auront les autorités à trouver de vraies solutions dans le cadre de la république et de la démocratie, non pas dans l’instauration d’un régime policier et judiciaire qui battrait en brèches nos libertés. Cela voudrait dire que les barbares ont gagné. Cela voudrait dire que l’extrême-droite a déjà gagné et que l’amalgame entre barbares et musulmans est partagé par l’Etat. Cela servirait d’abord  le capitalisme mondial qui nous conduit à l’affrontement, aux guerres sous la bannière de la paix et de l’humanisme.  Refusons toute atteinte à nos libertés fondamentales pour que, si un despote entre un jour à l’Elysée, il ne dispose pas des armes législatives pour asseoir durablement la dictature.

    La solution ne viendra pas des idéologies religieuses ou économico-politiques mais de notre capacité de résistance aux ennemis des libertés individuelles, quels qu’ils soient. La défense des libertés demande du courage et n’est pas une preuve de faiblesse. La tolérance n’est pas la vertu du faible, comme cela est écrit par le Marquis de Sade dans « Justine », alors que son athéisme et ses écrits érotiques l’ont voué à l’anathème des intolérants.  Au sens moral, la tolérance est la vertu qui porte à respecter ce que l'on n'accepterait pas spontanément, par exemple lorsque cela va à l'encontre de ses propres convictions. C'est aussi la vertu qui porte à se montrer vigilant tant envers l'intolérance qu'envers l'intolérable. Toute liberté ou tout droit implique nécessairement, pour s'exercer complètement, un devoir de tolérance. La tolérance n’est pas une résignation à accepter la barbarie. Si la liberté des cultes a besoin de tolérance, elle ne peut s’exercer que dans un état laïc qui respecte aussi la liberté de ne pas croire et la liberté d’expression. Il n’y a pas de tolérance dans les sociétés sans laïcité.  

    La défense des acquis sociaux demande aussi du courage. Il n’est donc pas étonnant que ceux qui défendent les libertés et la laïcité, défendent aussi les acquis sociaux contre une autre violence, la violence économique qui veut les asservir à la croissance, à la compétitivité, aux seuls profits de quelques uns.

    Sur la page Facebook de « Manca alternativa », un commentaire reprend une citation de Karl Marx : « La tradition de toutes les générations mortes pèse d'un poids très lourd sur le cerveau des vivants. »  L’alternance politique dans laquelle vivent les nouvelles générations illustre ce qu’a écrit Marx. Elle illustre aussi le slogan trompeur du candidat Hollande « Le changement, c’est maintenant » pour, après son élection, poursuivre la même politique que ses prédécesseurs vivants ou morts.

    Pour l’avenir, nous sommes au vingt-et-une siècle, les générations vivantes doivent faire face à un autre monde que celui des siècles précédents. Elles auront besoin de valeurs communes et de solidarité.

    Que restera-t-il des grandes manifs autour de la liberté d’expression? Celle d’hier sera peut-être un repère affectif. Elle aura été une journée de tolérance lorsque les gens sont allés les uns vers les autres. Il y avait trop de participants à Paris et la plupart sont restés immobiles place de la République. Ils ont pu converser. Demain d’autres commenteront encore. Est-ce cela fera bouger les choses ?

    Pour changer les choses, il faudra du temps et c’est à l’Internaute qui a cité Karl Marx que nous donnerons le dernier mot par une autre de ses citations, celle-ci de Jean Jaurès dans son célèbre « Discours à la jeunesse » : « L'histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l'invincible espoir ».

    Fucone

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