• Sarkozy, Hollande et après ?


    Sarkozy, Hollande et après ?Sarkozy avait choisi comme slogan en 2012 la France forte. Cette France forte l’avait renvoyé dans sa France fric. Il revient plus arrogant que jamais avec les yeux rivés sur les élections présidentielles de 2017. Les soupçons sur les 50 millions d’euros versés par Kadhafi avant son élection de 2007 n’intéressent que Médiapart, pendant que l’instruction judiciaire s’enlise dans les dédales des procédures. Et les autres soupçons plus anciens sur le financement de la campagne de Balladur? Nous attendons toujours les résultats d’une information judiciaire dans laquelle Sarkozy serait mis en cause pour avoir signé un accord de montages financiers. On parle aussi de lui dans d’autres affaires. On le soupçonne d’avoir favorisé le casinotier Dominique Desseigne (Casino Barrière), lorsqu’il était ministre de l’Intérieur.

    Devra-t-on renoncer à connaître la vérité judiciaire si Sarkozy est élu et récupère son immunité de Président de la République. Il vient d’obtenir l’annulation d’actes de procédure dans l’affaire des écoutes sur son téléphone enregistré sous le prête-nom de Paul Bismuth. Il a les moyens de s’offrir des recours devant les plus hautes instances judiciaires et de multiplier les procédures dilatoires pour gagner du temps et éviter un procès avant les élections de 2017. Tout laisse à penser qu’il y parviendra, lorsque l’on ajoute au travail de ses avocats la lenteur de la Justice, beaucoup plus prompte lorsqu’il s’agit de manifestants et de syndicalistes accusés de violences par la police.

    L’ancien Président est en campagne. Il doit d’abord franchir le cap des primaires de la Droite où se bousculent les prétendants. Pour gagner il occupe une place de choix, puisqu’il est le Président des Républicains. Là encore, il a utilisé le choc des mots. De Président de la république sortant, il est devenu président des Républicains à la faveur du changement d’appellation de l’UMP.

    A-t-il changé ? C’est ce qu’il a voulu laisser croire avec son livre « La France pour la vie ». Espérons que cette œuvre d’écrivain ne lui permettra pas d’entrer à l’Académie française come l’un de ses prédécesseurs, Giscard d’Estaing. Encore une institution bananière lorsque l’on regarde les privilèges de nos Immortels.  Il voudrait, en fait, qu’on le supporte à vie. On en a pris déjà pour cinq ans, cinq ans de plus seraient insupportables. D’aucuns diront qu’il est au plus bas dans les sondages. Il ne faudrait pas s’y fier. Si vous pensez que ce dernier nous a fait toucher le fond, son successeur a trouvé le moyen de creuser davantage. Le système des primaires à droite et à gauche est fait pour légitimer les candidats qui ont le pouvoir. Sarkosy l’occupe à droite et Hollande contrôle le parti socialiste. Si Hollande n’a pas tenu des promesses les plus importantes de campagne, Sarkozy continue à tenir des discours mensongers. Il s’arrange avec les chiffres et les dates pour faire oublier son bilan et l’imputer à son successeur. Il va crescendo dans l’outrance même langagière. Il y est encouragé par le succès de son nouveau modèle,  le candidat des Républicains au Etats-Unis : Donald Trump. Le Sarkozy « donaldesque » montre le plus grand mépris pour les luttes sociales et les syndicats.  Il traite les manifestants des nuits debout de « sans-cerveaux », ce qui nous renvoie aux « sans-dents » de Hollande. Son arrogance a fait des émules lorsque l’on voit les nouvelles créatures de la droite comme Bruno Le Maire, Laurent Wauquiez et Geoffroy Didier. Les anciens, comme François Fillon, Jean-François Copé et Alain Juppé, représentent la Droite libérale favorable à une large déréglementation et iraient jusqu’à supprimer le salaire minimum sans plafonner les gros salaires. Ils  sont dans l’autoritarisme étatique et la confrontation sociale. C’est cette musique que l’on entend dans leur discours commun.

    Sarkozy dit un jour qu’il défend les fonctionnaires et un autre jour les moquent avec pour objectif de casser leur statut et de diminuer drastiquement leur nombre. C’est lui qui avait diminué le budget de l’armée et le nombre des policiers, alors qu’il a entraîné la France dans l’intervention libyenne dont on mesure aujourd’hui les conséquences.  Il se dit le chantre de la laïcité contre l’Islam alors que, en d’autres temps, il mettait le curé au dessus de  l’enseignant. Souvenons nous de ses paroles : « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance." Souvenons-nous que, contrairement à ses prédécesseurs, il est allé chercher son collier de chanoine au Vatican sous les caméras.

    Sarkozy aime parler de sécurité et instrumentalise les fait divers. Est-il le grand protecteur des policiers ? Dans la police, il a installé durablement un malaise en mettant la pression sur les chefs de service tout en diminuant les effectifs et les moyens. Il l’a politisée avec la création d’un syndicat par des policiers sarkozistes.  Sans aucun doute, il préfère laisser la sécurité à des sociétés privées comme il voudrait laisser la sécurité sociale aux compagnies d’assurances qui sont les institutionnels (les Zinzins) des bourses et donc de la spéculation.

    Sarkozy est-il humaniste? Il fait des envolées lyriques avec la sincérité du démagogue dont les actes ne sont jamais inspirés par un quelconque brin d’humanisme. Il se dit le protecteur contre les peurs qu’il entretient. Il s’attaque aux plus démunis, à ceux qui n’ont pas un vrai travail. Pour lui, la solidarité, c’est de l’assistanat. L’argent reste sa valeur phare. Il avait créé le bouclier fiscal. Il promet la suppression de l’ISF. Voilà où se situent ses préoccupations politiques et celles de ses ami(e)s.

    Il ne serait plus le président bling-bling d’une droite décomplexée. Il fait dans le populisme pour aller chercher les électeurs de l’Extrême-droite, tout en faisant croire qu’il pratique l’ouverture qui est une forme du « ni droite ni gauche » tout en s’affirmant de droite. Qui va-t-il débauché ? Emmanuel Macron ? Quelques pseudo-Verts dans le genre de Jean-Vincent Placé ? Il a déjà trouvé son futur Premier ministre en la personne de Baroin, l’homme qui navigue diplomatiquement entre les différents clans de l’ex-UMP.  

    Sarkozy, Hollande et après ?François Hollande porte une lourde responsabilité dans la montée de l’arrogance de la Droite. Il leur a préparé le terrain en trahissant la gauche. Il a justifié leur politique libérale avec l’aide active de Manuel Valls et d’Emmanuel Macron. Il s’est comporté comme le ver dans la pomme de la gauche. Pour prendre une autre métaphore, il a fait entrer les loups libéraux dans la bergerie de la Gauche. On peut aussi faire appel à la mythologie et dire que le parti socialiste lui a servi de Cheval de Troie. Il n’a fait que poursuivre le même jeu politique de la droite qui consiste à se poser en meilleur gestionnaire que son adversaire politique et à chercher des bouc-émissaires de la crise financière et économique.

    Sarkozy, Hollande et après ?De tous les présidents de la république, Nicolas Sarkozy et François Hollande auront été les plus nuisibles pour la France. Ils sont, par contre, une source de moquerie pour les imitateurs et les humoristes. Le Système risque de placer les électeurs devant l’un d’eux pour un deuxième tour des élections, face à Marine Le Pen. Pas de quoi, générer un espoir d’amélioration des mœurs politiques et de la vie sociale. Les abstentions et les votes blancs vont battre des records, car une grande partie de l’électorat de gauche en a marre de voter contre et d’élire un Président par défaut, en constatant ensuite qu’il ne manque pas de défauts.

    Pourquoi ne pas choisir une autre voie pour échapper au tripartisme imposé par la doxa libérale avec ses relais politiques et médiatiques ? Pourquoi ne pas essayer la Gauche, celle qui ne se renie pas, celle de la rupture avec les politiques antisociales menées depuis plusieurs quinquennats et dont on voit l’aggravation constante ? Pourquoi ne pas voter pour celui qui mettra fin à cette république monarchique et bananière, au lieu de s’asseoir confortablement à l’Elysée ? On nous explique qu’il n’y a plus de lutte des classes, que l’avenir politique est le nini, ni droite ni gauche pour tenter de tuer tout débat démocratique. Le but est bien d'installer la pensée unique. La réalité est que la classe dominante impose la régression sociale et s’enrichit toujours davantage. Elle a fait main basse sur tous les pouvoirs et voudraient aussi contrôler nos cerveaux, tout en stigmatisant celles et ceux qui débattent d’une autre façon que dans l'entre-soi. Les « sans cerveaux » des Nuit debout ! Cette insulte vient d’un Nicolas Sarkozy dont l’inculture et la cupidité sont notoires.  Ce sont paradoxalement des « sans-cerveaux » que veulent gouverner Sarkozy et toutes ces stars de la politique. Manuel Valls dégaine l’article 49.3 (C’est fait pour la loi El Khomri aujourd’hui) et Jean-François Copé promet de gouverner par ordonnances. Si l’on n’y prend pas garde, la lutte contre le terrorisme va installer, de façon durable, le flicage de toute une population et une néo-dictature néolibérale est en train de se mettre en place.

     

     Jean Frade

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  • Commentaires

    1
    Mardi 10 Mai 2016 à 19:29

    https://blogs.mediapart.fr/yves-faucoup/blog/090516/neoliberalisme-contre-democratie

     

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